(Investir au Cameroun) - Selon le rapport sur les comptes nationaux que vient de publier l’Institut national de la statistique (INS), le taux de croissance de la consommation finale du Cameroun est ressorti à 1,8% au 4e trimestre 2022 pour une contribution de 1,6 point à la croissance du PIB (+3,9%) sur la même période. Elle est donc en recul par rapport au 3,6% enregistré au troisième trimestre et au 5% du 2e trimestre. « Cette contreperformance est étroitement liée à la hausse continue des prix à la consommation dont l’évolution au quatrième trimestre 2022 est de 7,7% et de 6,2% sur toute l’année 2022 », justifie le statisticien public du pays.
Cette baisse de régime sur la consommation finale a été entretenue par les privés (dont les ménages). Avec l’affaiblissement de leur pouvoir d’achat, cette catégorie d’agents économiques a réduit sa demande sur plusieurs catégories de produits notamment les boissons, les produits chimiques, les produits de l’industrie du textile, les services immobiliers, les meubles… Le niveau de consommation finale du privé n’a progressé que de 1% sur les 3 derniers mois de 2022, après 3,1% le trimestre précédent.
Par contre le secteur public a drivé la consommation finale vers le haut, selon l’INS, avec une croissance de 6,9% contre 6,8% le trimestre précédent. Ce qui signifie que malgré la conjoncture difficile, l’État et ses démembrements ont légèrement accentué leur demande en biens et services. « La consommation finale a été soutenue par une forte demande des biens de l’industrie des travaux de grains, combinée à celle des services des télécommunications et des services de l’administration publique », affirme l’INS.
Le ralentissement général du niveau de consommation finale doit également être perçu comme une conséquence de la politique monétaire restrictive menée par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). En effet, depuis décembre 2021, cette institution d’émission monétaire augmente de manière discontinue ses taux directeurs. Le taux d’intérêt des appels d’offres (Tiao) et le taux de la facilité de prêt marginal (TFPM) sont ainsi passés respectivement de 3,25 à 5% et 5 à 6,75%. L’objectif économique (en théorie) est de réduire la quantité de monnaie en circulation et ainsi baisser la demande, ce qui entraînera une baisse du niveau des prix.
Cédrick Jiongo