(Investir au Cameroun) - Les membres du Conseil national des importateurs, transitaires et exportateurs du Tchad (Conite) sont en colère. Dans une lettre adressée le 23 décembre 2020 au président de l’Union nationale des transporteurs routiers du Tchad, avec ampliation à son homologue camerounais, ces derniers dénoncent la hausse des tarifs du transport sur le corridor Douala-Ndjamena, qui permet d’approvisionner la capitale tchadienne, à partir du port de Douala, situé dans la capitale économique du Cameroun.
En effet, apprend-on, au cours d’une rencontre des transporteurs centrafricains, tchadiens et camerounais, tenue le 18 novembre 2020 à Douala, les participants ont décidé de revaloriser les tarifs du transport des marchandises sur le corridor Douala-Ndjamena.
Ce tarif est ainsi passé de 2,2 millions de FCFA à 3,3 millions de FCFA par camion, ce qui correspond à une hausse de 1,1 million de FCFA, soit 50% en valeur relative. « Cette décision est, à notre avis, un sabotage du commerce inter-étatique », tranche Ali Abdallah Youssouf, « le président de la commission du Conite » et signataire de la lettre sus-mentionnée.
« L’on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi une augmentation du prix du transport par véhicule ne peut concerner que les axes Douala-Ndjamena et Ngaoundéré-Ndjamena, alors que l’axe Douala-Kousseri reste inchangé. N’y a-t-il pas du deux poids deux mesures ? », s’interroge Ali Abdallah Youssouf.
Coronavirus
Pour rappel, la hausse des prix dénoncée par les opérateurs économiques tchadiens était prévue depuis janvier 2020. En effet, fin 2019, le Syndicat national des transporteurs routiers du Cameroun (SNTRC) envisageait déjà une hausse des tarifs sur les corridors Douala-Ndjamena et Douala-Bangui, dès le 1er janvier 2020. Le SNTRC justifiait alors cette décision par le fait que depuis 2005, les prix des marchandises transportées ont augmenté alors que les transporteurs, eux, n’ont pas réajusté les tarifs de leurs prestations.
À en croire les prévisions initiales des transporteurs camerounais, sur le corridor Douala-Bangui, le coût du transport devait passer de 2,2 millions de FCFA à 3,5 millions de FCFA ; et de 2,4 à 4 millions de FCFA sur le corridor Douala-Ndjamena. À l’observation, la proportion de l’augmentation annoncée fin 2019 a été finalement revue à la baisse.
Au demeurant, la hausse des tarifs du transport des marchandises sur le corridor Douala-Ndjamena, survenue en novembre 2020, est un coup dur pour les importateurs et exportateurs tchadiens, qui se relèvent à peine des ravages de la pandémie du coronavirus. À titre d’exemple, selon la douane camerounaise, les flux commerciaux sur les corridors Douala-Ndjamena et Douala-Bangui ont chuté de 80% au cours du mois de mars 2020 (par rapport à la même période en 2019), à cause des mesures prises dès ce mois-là par les autorités publiques pour endiguer la pandémie.
Du fait de la fermeture des frontières depuis plus de neuf mois, d’une part, et de l’insécurité qui a refait surface (en RCA notamment), d’autre part, le trafic sur ces mêmes corridors au cours de l’année 2020 n’a indubitablement pas atteint les 340 milliards de FCFA de marchandises tchadiennes et 55 milliards de FCFA de marchandises centrafricaines transitant chaque année par le Cameroun.
Brice R. Mbodiam
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