(Investir au Cameroun) - Au cours de l’année budgétaire 2019, les investissements consentis par les 44 entreprises publiques recensées au Cameroun ont culminé à seulement 130 milliards de FCFA, selon un document officiel annexé à la loi de Finances 2021 de l’État du Cameroun. Le même document révèle qu’en glissement annuel, ces investissements sont en baisse de 67,4%, en comparaison avec les 400 milliards de FCFA investis par ces mêmes sociétés d’État au cours de l’année 2018.
« Il convient de relever que cette baisse est due à la chute des investissements dans le secteur secondaire, et principalement dans le sous-secteur eau et énergie, où ils sont passés de 240 milliards de FCFA à 50 milliards de FCFA » entre 2018 et 2019, souligne le document susmentionné.
Paradoxe
Pourtant, paradoxalement, révèle le même document, le secteur secondaire, et principalement les sous-secteurs industrie, eau et énergie, sont ceux qui nécessitent le plus d’investissements, en raison du niveau de vétusté élevé de leur appareil productif, dont le taux est de 61,3%, contre seulement 26,5% dans le secteur primaire et 43,8% dans le tertiaire. En clair, en 2019, les entreprises publiques camerounaises ont choisi de réduire les investissements dans les sous-secteurs qui en ont le plus besoin.
Cependant, ce paradoxe est adressé dans la circulaire du président de la République relative à la préparation du budget de l’État pour l’année 2022, dans laquelle le chef de l’État prescrit une échelle de priorité dans la réhabilitation des entreprises publiques. « La priorité devra être accordée à celles dont l’amélioration de l’outil de production permettra de rétablir l’équilibre financier, et donc les activités concourent à la mise en œuvre de la SND 30 (stratégie de développement du pays sur la décennie 2020-2030, NDLR) », indique Paul Biya.
Pour rappel, la Stratégie nationale de développement du pays sur la décennie 2020-2030 a retenu l’énergie ; les services financiers ; l’agro-industrie ; le numérique ; les filières forêt-bois, textile-confection-cuir, mines-métallurgie-sidérurgie, hydrocarbures-pétrochimie-raffinage, chimie-pharmacie ; constructions et services, comme secteurs prioritaires pour l’atteinte des objectifs de développement visés par le gouvernement, sur la période 2020-2030.
Problème structurel
Au demeurant, en dépit des prescriptions du chef de l’État sus-mentionnées, la question de l’investissement des sociétés d’État est un problème structurel. En effet, dans son rapport 2019 sur les entreprises publiques, la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) indique que les états financiers des sociétés d’État au Cameroun révèlent généralement des charges de fonctionnement trop lourdes.
Selon la même source, les seules charges des personnels dans 90% des entreprises publiques sont supérieures à 30% de leur chiffre d’affaires annuel. Dans certains cas, poursuit la CTR, ces charges sont « au-dessus de 70% » du chiffre d’affaires, toute chose qui « ne laisse pas de marge de manœuvre pour un fonctionnement optimal », en vue du financement des investissements et le remboursement des dettes, dont l’enveloppe était officiellement estimée à 922 milliards de FCFA à fin 2020.
Brice R. Mbodiam
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