(Investir au Cameroun) - Dans une note publiée le 6 juillet dernier, l’agence américaine de notation Moody’s indique que le Cameroun est un pays dont les profils de crédit sont les plus sensibles au changement climatique. « La forte exposition du Cameroun aux risques environnementaux se reflète dans son score de profil d'émetteur. Le Cameroun est considérablement exposé aux risques environnementaux, les régions côtières du pays étant confrontées aux risques de mortalité liés aux inondations les plus élevés au monde en raison de l'élévation constante du niveau de la mer », indique l’agence.
« De plus, les températures très élevées et en hausse constituent une menace pour la santé publique ainsi que pour les cultures agricoles et l'élevage, qui emploient plus de 60 % de la population du pays. Cela signifie que la gravité et la fréquence des événements météorologiques extrêmes peuvent influencer de manière significative les indicateurs de crédit clés du Cameroun, tels que la volatilité de la croissance du PIB, les revenus des ménages et les recettes d'exportation agricole. C'est pourquoi Moody's a identifié le Cameroun comme l'un des pays dont les profils de crédit sont les plus sensibles aux changements climatiques », explique Moody’s.
Néanmoins, précise l’agence, en dehors des changements climatiques qui peuvent influencer les opérations du pays sur le marché international, l'exposition au risque social se reflète dans son score de profil d'émetteur. Elle relève à ce niveau que les risques sociaux informent le profil de crédit du Cameroun à travers les troubles persistants dans les régions anglophones du pays et la présence d'autres ingrédients clés des troubles sociaux tels que les faibles niveaux de richesse, les disparités de revenus… Pour cet ensemble de raisons, Moody’s maintient la note du Cameroun à « B2 » (très spéculative) avec une perspective négative, sur les emprunts de long terme de l’État du Cameroun en devises étrangères.
Pourtant, le gouvernement du Cameroun a annoncé le 30 juin dernier la réussite de l’opération de refinancement de son eurobond de 450 milliards de FCFA qui avait été émis en fin 2015 et dont le remboursement du montant principal devait débuter en 2023 pour s’étaler jusqu’en 2025. Pour une nouvelle maturité de 11 ans, le Cameroun a obtenu un taux d’intérêt de 5,95% et un taux de rachat de 80%. L’opération qui s’est exécutée en euros a été sursouscrite 3,2 fois. En effet, les carnets d’ordres ont atteint 1481,15 milliards de FCFA, alors que le pays ne recherchait que 450 milliards de FCFA. Pour sa première sortie sur le marché international des emprunts sur titre, le pays avait obtenu une maturité de 10 ans pour un taux d’intérêt de 9,5%, qui était redescendue à 8,8% après le swap de la devise en euros.
Sylvain Andzongo