(Investir au Cameroun) - D’après le sondage We Are Tech Africa, c’est d’abord dans l’administration (60%) que les répondants attendent des innovations pour faciliter leur vie quotidienne et améliorer la gouvernance de leur pays. Leur seconde préoccupation réside dans l’éducation (47%). Puis dans l’agriculture (32%). Les autres secteurs restent assez loin derrière.
Le sondage a été réalisé via Internet entre le 4 et le 7 septembre 2023 sur la base de 205 réponses. Il apporte des indications sur la manière dont la digitalisation africaine est perçue et utilisée au quotidien. En ce qui concerne les usages numériques, les réseaux sociaux sont les plus utilisés (144%), suivis des médias en ligne (104%) et des services financiers (mobile money et fintech) estimés à 99%. Selon les répondants, les principaux obstacles que rencontre la digitalisation africaine sont les coûts trop élevés, la faiblesse de la connectivité et le déficit de promotion des nouveaux services.
S’agissant de la digitalisation de l’administration publique, l’étude de base sur la numérisation des services publics dans les pays africains, dont le rapport final a été publié en 2022, révèle qu’aucune donnée sur la numérisation n’était disponible au Cameroun. La possibilité de prise en charge, poursuit le rapport, est faible. Pourtant, le Cameroun dispose d’un projet de digitalisation des administrations publiques depuis 2019.
Mais les administrations publiques ne sont pas encore sorties de l’ornière avec des lenteurs et l’abondance des paperasses, même si une infime partie (administrations des finances) essaie de se tirer d’affaire en dématérialisant les procédures. Pour inverser la tendance, un accord de financement a été signé le 10 juillet 2023 à Yaoundé entre Joseph LE, ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), et l’Agence coréenne de coopération internationale (Koica) en attendant la signature prochaine du ministre de l’Économie.
Il s’agit d’un financement d’environ 4 milliards de FCFA dont les 15% seront mobilisés par l’État du Cameroun et 85% pour le partenaire financier coréen. Ces ressources vont permettre d’ériger les bâtiments, les équiper avec du matériel technologique de pointe. Le projet porte sur une durée de 5 ans dès sa mise en place et sera ensuite cédé au Cameroun. Il vise à « intégrer dans nos mentalités, dans notre façon de faire, la culture de la modernisation, de technologies de l’information et de la Communication et même de former le personnel à l’utilisation de l’outil informatique », fait savoir Joseph Lé.
À en croire ce dernier, l’absence de la digitalisation dans les administrations publiques freine le traitement de nombreux dossiers et ouvre la porte aux actes de corruption. Le projet annoncé devrait permettre de « gagner en temps, mais aussi, faire des économies importantes dans notre façon de faire », se projette le Minfopra.
Frédéric Nonos