(Investir au Cameroun) - Les populations du Nkam, Sanaga maritime, Yingui, Ngambé… avaient jusqu’à fin mars pour porter à l’attention des autorités des éventuelles oppositions et réclamation relatives au projet de classement dans le domaine privé de l’État de 150 000 hectares (ha) dans la forêt intacte d’Ebo, qui s'étend sur plus de 1400 km2 dans les régions du Littoral et du Centre du Cameroun.
Le projet à terme, indique le ministère de la Faune et la Forêt (Minfof), est de transformer la zone ciblée en une forêt de production. Les 150 000 ha seront scindés en deux concessions forestières classées. Elles seront voisines de la plantation d’huile de palme de l’agro-industriel Greenfil Palm Plantation Ltd qui, avec de l’assistance technique française et malaisienne, a défriché plus de 1700 ha depuis de 2017.
Seulement, le projet gouvernemental rencontre déjà des oppositions. Début avril, l’ONG Greenpeace Afrique, spécialisée dans la défense de la cause environnementale, a initié une pétition contre le projet. Elle dit se joindre à l’appel lancé par des populations de la région du Littoral « pour l’annulation immédiate des plans du gouvernement visant à transformer une zone de près de 150 000 hectares de forêt intacte désignée pour un parc national en deux concessions forestières ». Greenpeace indique que plus de 40 communautés sont riveraines de la forêt d’Ebo et en dépendent pour la nourriture, les médicaments et les activités culturelles.
« Ebo est une zone de forte concentration de biodiversité, qui abrite une population de chimpanzés qui cassent des noix, ainsi que certaines des populations les plus importantes de chimpanzés Nigéria-Cameroun, des éléphants de forêt, des perroquets gris et d’autres espèces inscrites sur la liste rouge de l’UICN en danger et en voie d’extinction, et 12 essences d’arbres inconnues à la science. Cette forêt contient environ 35 millions de tonnes de carbone », défend l’ONG.
Le Minfof rétorque que des dispositions particulières seront prises dans la protection des sites particuliers reconnus comme habitats de la faune sauvage lors de l’élaboration du plan d’aménagement de cette unité forestière d’aménagement. Ceci conformément à la législation camerounaise qui rend exécutoires les directives d’inventaire d’aménagement et prêt-investissement intégrant les spécificités de la biodiversité pour les forêts de production du domaine forestier permanent du Cameroun.
Sylvain Andzongo