(Investir au Cameroun) - Le 12 mai 2020, le ministre de l’Industrie, Gabriel Dodo Ndocké, et la Société camerounaise d’industrialisation et d’exploitation du bois (Scieb), ont signé un Mémorandum d’entente (MoU) en vue de la mise en place d’une technopole forêt-bois à Edéa, dans la région du Littoral du pays. Le site devant abriter ce projet en préparation depuis 12 ans est celui de l’ancienne Cellucam (Cellulose du Cameroun), société d’État tombée en faillite en 1982.
Selon le MoU signé entre les deux parties, la Scieb ambitionne d’investir la bagatelle de 80 milliards de FCFA dans ce projet, en trois phases. Dans le détail, entre 2020 et 2027, le nouvel investisseur entend installer sur le site de la défunte Cellucam un complexe industriel de production et de transformation du bois, des structures de recherche et d’accompagnement des PME de la filière forêt-bois, une unité de production de la biomasse à partir des déchets issus de la transformation du bois, puis une usine de production de la pâte à papier.
À en croire le ministre de l’Industrie, la technopole d’Edéa permettra de créer 2000 emplois directs et 6000 emplois indirects. De ce point de vue, le projet porté par la Scieb est plus important que celui d’Edéatech, une joint-venture entre l’Etat du Cameroun (35%) et la société italienne Comifin (65%), qui pilotait ce projet depuis 2008.
En effet, à sa création en 2008, Edéatech a reçu du gouvernement camerounais le mandat pour la réhabilitation de 36 hectares de terres et des équipements appartenant à l’ex-Cellucam (production de la pâte à papier), en vue d’y installer une technopole. Celle-ci devait regrouper des PME de production de la biomasse, de traitement des eaux, de transformation du bois, de maintenance automobile et de location des engins, ainsi qu’un centre de formation aux métiers du bois.
Le site de la Cellucam est-il maudit ?
Mais, en dépit du transfert effectif du site de l’ex-Cellucam à Edéatech, en mars 2010, cet investissement estimé à 3,5 milliards de FCFA, avec un millier d’emplois à la clé, n’avait pas encore pris corps jusqu’en 2014. À l’origine de ce blocage prolongé, souffle une source autorisée, des mésententes entre les parties camerounaise et italienne, mais surtout le non-respect du cahier de charges par la société Edéatech.
Aussi, le gouvernement camerounais sera-t-il obligé d’instruire « la dissolution » et « la liquidation à l’amiable » de cette entreprise. Cette décision sera officiellement prononcée le 29 août 2014 par le Commissaire aux comptes d’Edéatech, Benoît Atangana Onana.
À s’y méprendre, ces péripéties autour du projet de mise en place d’une technopole à Edéa rappellent la création de la Cellucam, considérée comme l’exemple type « d’éléphant blanc » au Cameroun. En effet, cette entreprise publique, dans laquelle furent investis 120 milliards de FCFA à partir de 1976, n’avait pratiquement rien produit jusqu’en 1982, alors qu’elle était entrée en activité depuis 1980.
À l’origine de cette mésaventure, des accidents industriels en série, fruits d’un montage technique approximatif du projet, avaient fini par révéler les experts. Aussi, la Cellucam tombera-t-elle en faillite 2 ans seulement après le lancement de ses activités, alors qu’elle employait 2000 personnes.
Brice R. Mbodiam
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