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Yaoundé - 20 avril 2024 -
Gestion publique

Après la suspension du cabinet Atou, le Cameroun confie la gestion des actifs de trois ex-sociétés d’État à la SRC

Après la suspension du cabinet Atou, le Cameroun confie la gestion des actifs de trois ex-sociétés d’État à la SRC

(Investir au Cameroun) - Le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motazé, vient de signer une décision donnant mandat à la Société de recouvrement des créances (SRC) « pour assurer la continuité des opérations de gestion et de sauvegarde » des actifs résiduels des ex-Office national de commercialisation des produits de base (ONCPB), Office national des ports du Cameroun (ONPC) et Régie nationale des chemins de fers du Cameroun (Regifercam). L’information est contenue dans une lettre du Minfi adressée le 12 novembre 2021 à la directrice générale de cette entreprise publique, Marie-Rose Messi. 

Cette décision du ministre Motazé survient une semaine après la suspension, le 5 novembre 2021, du cabinet Atou, chargée depuis 2006 de la gestion de ce patrimoine d’une valeur de plus d’une centaine de milliards de FCFA. La suspension a été prononcée par la ministre déléguée à la présidence de la République chargée du Contrôle supérieur de l’État, Mbah Acha Rose Fomundam, dont les équipes de contrôle missionnées pour auditer la gestion des actifs des trois ex-sociétés d’État sus-mentionnées, « ont constaté les faits potentiellement constitutifs d’irrégularités de nature à porter un préjudice grave et irréversible à la puissance publique ».

La décision prise par la ministre Mbah Acha Rose Fomundam, qui a été aussitôt attaquée devant le tribunal administratif par Lazare Atou (requêtes déposées le 8 novembre2021), administrateur général du cabinet éponyme, confirme les soupçons de gabegie qui entourent la gestion des actifs des ex-ONCPB, ONPC et Régifercam. Pour rappel, cet huissier de justice en attente de charge, dont la gestion des actifs résiduels des trois sociétés d’État susmentionnées semble être l’unique activité depuis plus d’une quinzaine d’années, n’est pas à sa première bravade face à l’État, qui lui a pourtant confié le mandat qui vient d’être suspendu.

En effet, en juillet 2019, Lazare Atou s’était déjà opposé à une mission du Contrôle supérieur de l’État, arguant qu’une autre mission de cette institution avait déjà séjourné dans son cabinet pendant six ans (2012-2017), en vue de la vérification de la gestion de l’ensemble de ce patrimoine public. Le rapport de ladite mission, qui avait d’ailleurs été adressé au Tribunal criminel spécial (TCS), soutient M. Atou, est « truffé d’accusations mensongères de malversations » dirigées contre son cabinet.

À la vérité, en dépit des accusations de gabegie portées contre lui, ainsi que des tentatives infructueuses de certains ministres des Finances de lui retirer le mandat de la gestion des actifs concernés, M. Atou, à qui l’opinion attribue des soutiens hauts placés au sommet de l’État, a toujours clamé son innocence. Généralement de manière arrogante, comme peuvent en témoigner plusieurs correspondances adressées aussi bien à des membres du gouvernement qu’à de proches collaborateurs du chef de l’État. Pourtant, ces derniers, soutiennent-ils, désirent simplement, « sur très hautes instructions du président de la République », faire appliquer à la lettre le décret présidentiel du 24 janvier 2019 portant réorganisant du Port autonome de Douala (PAD), qui a succédé à l’Ex-ONPC.

Ce texte présidentiel stipule notamment que « l’État transfère au Port autonome de Douala en propriété et en jouissance, selon le statut juridique de ces biens, les actifs ainsi que le patrimoine de l’ex-Office national des ports du Cameroun localisés dans la circonscription portuaire de Douala-Bonabéri ».  Par ailleurs, le décret précise que ce patrimoine est constitué des « dépendances et les biens du domaine public portuaire, ainsi que les biens du domaine privé de l’État affectés au PAD, les biens du domaine privé de l’État attribués en propriété au PAD au titre de l’apport de l’État à la formation du capital de la société, le patrimoine de l’ex-ONPC situé à l’intérieur de la circonscription de compétence du PAD, les infrastructures et immeubles relevant du domaine public portuaire de Douala-Bonabéri, etc. ». Ce riche patrimoine, géré jusqu’ici par le cabinet Atou et que le PAD entend effectivement intégrer dans son portefeuille d’actifs, nourrit bien d’appétits.

Brice R. Mbodiam

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