(Investir au Cameroun) - Pour faire face aux conséquences socio-économiques de la pandémie de Covid-19, le président de la République appelle son gouvernement à « se montrer ingénieux et inventif ». Contrairement à son habitude, Paul Biya s’est adressé à la Nation ce 19 mai, veille de la 48e Fête nationale du Cameroun dont les festivités ont été annulées en raison de cette crise sanitaire.
Le chef de l’État estime que ces qualités sont « en particulier » nécessaires pour maintenir les « équilibres financiers, contenir le taux d’inflation, assurer la continuité du service public, notamment dans le secteur éducatif, et réguler l’activité économique de manière à sauvegarder la stabilité et la paix sociales ».
Mais Paul Biya fait cependant une description très sommaire des conséquences économiques de cette pandémie. « Nous nous trouvons aujourd’hui en face de nouveaux défis liés à la forte baisse des places boursières, à la chute des cours des matières premières et à un fort ralentissement imprévu de nos échanges commerciaux. La pandémie du coronavirus a donc un impact négatif sur l’économie mondiale ainsi que sur la nôtre ».
« Il nous faudra, bien sûr, retrouver plus tard le chemin de la croissance tout en veillant à ce que, pendant cette période d’incertitude et de difficulté, les emplois soient préservés dans la mesure du possible », précise-t-il par la suite. On en saura certainement davantage à la faveur du collectif budgétaire qui devrait être présenté au parlement lors de la session du mois de juin.
Pas d’annonces
Réclamée depuis le début de la crise sanitaire, la sortie du président devrait faire des déçus. Paul Biya n’a en effet fait aucune annonce. Ceux qui le pressaient depuis de s’exprimer attendaient pourtant de son allocution des mesures « fortes » de soutien aux entreprises et aux messages comparables à celles annoncées dans des pays comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire. Le patronat demande même la création d’un fonds de garantie souverain à l’image de ce qui a été fait en France.
Mais rien ne dit que de nouvelles mesures ne seront pas prises, celles du 30 avril, qui devraient priver les caisses de l’État de quelque 131 milliards de FCFA, ayant été qualifiées de « premières » mesures de soutien à l’économie. « Le gouvernement est pleinement conscient de la gravité de la situation et est prêt à prendre toutes les mesures nécessaires », promet Paul Biya. Et d’ajouter : « dès qu’un traitement sera disponible, le nécessaire sera fait pour le mettre à la disposition de nos concitoyens ».
En réalité, depuis le début, le gouvernement camerounais fait montre de beaucoup de prudence et de réalisme dans sa gestion de la pandémie du Covid-19. Il s’est par exemple refusé à recourir à un confinement total. Des pays sur le continent qui ont pris cette option y ont renoncé quelques semaines après notamment en raison de ses conséquences sociales. Yaoundé semble avoir très tôt compris que la bataille contre le Covid-19 s’étalerait dans la durée comme l’affirme aujourd’hui l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Combat de longue haleine
Dans son adresse à la Nation, Paul Biya prépare d’ailleurs les Camerounais à un combat de longue haleine. « La crise sanitaire mondiale due au coronavirus va sans doute provoquer un tournant dans le fonctionnement de notre société », prévient le président de la République. Pour lui, « il nous faudra beaucoup d’efforts pour mener la lutte contre le Covid-19 qui peut devenir une menace à la stabilité de nos États ».
« Elle exige, dès à présent, de poursuivre le renforcement de nos structures sanitaires, de densifier notre offre de soins et, surtout, de remettre à jour certains de nos projets et programmes de développement », indique-t-il. Il faudra aussi s’habituer au port du masque dans l’espace public qui « restera obligatoire jusqu’à nouvel ordre ».
Une opportunité pour l’industrie locale appelée à « continuer à s’investir dans la fabrication des masques et des gels hydro-alcooliques, dans le strict respect des normes prescrites par le gouvernement et l’OMS ».
Face à tous ces défis, l’appel de Paul Biya « à une sorte d’“union sacrée” de toutes les forces vives de la Nation pour combattre la pandémie du coronavirus » tombe donc sous le sens.
Aboudi Ottou
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