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Yaoundé - 10 juin 2023 -
Gestion publique

Marché des titres de la Beac : le Cameroun confirme un début d’année difficile avec un 2è emprunt souscrit à 33,4%

Marché des titres de la Beac : le Cameroun confirme un début d’année difficile avec un 2è emprunt souscrit à 33,4%

(Investir au Cameroun) - Le 13 mars 2023, alors qu’il recherchait des financements d’un montant de 15 milliards de FCFA sur le marché des titres publics de la Beac, le Cameroun a reçu des souscriptions de seulement 5,010 milliards de FCFA, et a finalement encaissé 5 milliards de FCFA. Ce qui représente le tiers de l’enveloppe sollicitée, à travers cette émission de bons du Trésor assimilables (BTA) à 26 semaines de maturité. C’est la 2è contreperformance qu’enregistre le Cameroun sur ce marché en l’espace d’une semaine. Après l’insuccès de sa première émission d’obligations du Trésor assimilables (OTA) de l’année, effectuée le 6 mars 2023, et au terme de laquelle seulement 50% de l’enveloppe recherchée auprès des investisseurs avait été mobilisée.

Selon les résultats de l’opération du 13 mars 2023, que vient de révéler la Beac, l’institut d’émission commun aux pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), seuls deux Spécialistes en valeurs du Trésor (SVT) sur les 22 agréés par le Cameroun sur ce marché, ont participé à cette opération, dont le taux de souscription est ressorti à seulement 33,4%. Ce qui confirme le désintérêt croissant des investisseurs pour les titres publics du Cameroun, de plus en plus mis à mal sur le marché depuis plusieurs mois.

« C’est le lieu de m’interroger sur le respect du cahier de charges par certains SVT, qui n’ont participé à aucune émission au cours des six derniers mois. Sur un réseau constitué de plus de 20 SVT, 90% de l’encours des titres est détenu par environ cinq acteurs majeurs », s’était déjà indigné le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, le 16 février 2023 à Douala, la capitale économique du pays. C’était au cours de la cérémonie de présentation officielle aux investisseurs, du programme de financements de l’État du Cameroun pour le compte de l’année budgétaire 2023.

Taux d’intérêt élevés

A l’observation, la contreperformance enregistrée sur le marché par le Cameroun le 13 mars 2023 est la résultante de la recherche de la rentabilité par les investisseurs, qui sont de plus en plus exigeants sur les taux d’intérêt à servir par les Etats. Alors que le Trésor public camerounais, auréolé par la crédibilité de sa signature sur le marché (pas un seul défaut de paiement depuis 2011), est un adepte de la politique des taux d’intérêt maîtrisés. « Le Cameroun est aujourd’hui le seul pays au Sud du Sahara, qui s’endette encore à des taux d’intérêt de moins de 3% pour les titres de courte maturité (BTA) et de moins de 7% pour les maturités longues (OTA) », aimait d’ailleurs rappeler le directeur général du Trésor au ministère des Finances, Sylvester Moh.

Mais, depuis quelques mois, cette donne a changé avec la pratique des taux d’intérêts élevés par d’autres pays de la Cemac, moins cotés sur le marché que le Cameroun. Cette réalité, qui provoque une sorte de nivellement par le haut des taux d’intérêt, met désormais à mal les opérations de levée de fonds du Trésor public camerounais. Par exemple, alors que le Cameroun a affiché un taux d’intérêt moyen de 4,3% pour ses émissions de BTA en janvier 2023 (contre 4,25% pour l’opération du 13 mars 2023, alors que certains investisseurs exigeaient jusqu’à 5,5%, NDLR), le Gabon, lui, a aguiché les investisseurs avec un taux plus attractif de 5,63% au cours du premier mois de l’année. Aux mêmes investisseurs et sur la même catégorie de titres, le Tchad a servi un taux d’intérêt moyen de 6,95%, contre 7,1% pour le Congo.

De sources autorisées, cette pratique des taux d’intérêt élevés est également à l’origine de la contreperformance du Cameroun sur sa première émission d’obligations de l’année 2023. Pour cette opération sur les OTA à 5 ans de maturité, qui a eu lieu le 6 mars 2023, et qui s’est soldée par la mobilisation de 14 milliards de FCFA sur les 30 milliards de FCFA recherchés auprès des investisseurs, le Cameroun offrait une rémunération de 5,75%.  Contre un coût moyen des opérations sur le même marché de 6,74% en janvier 2023, après 7,06% en décembre 2022.

Brice R. Mbodiam

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