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Yaoundé - 19 avril 2024 -
Gestion publique

Erwan Garnier (Radisson) : « le secteur de l’hôtellerie au Cameroun est une terre d’opportunités »

Erwan Garnier (Radisson) : « le secteur de l’hôtellerie au Cameroun est une terre d’opportunités »

(Investir au Cameroun) - Responsable du développement du groupe hôtelier international Radisson pour l’Afrique Centrale et de l’Ouest, cet expert des opérations hôtelières dévoile les ressorts de la stratégie d’expansion du Radisson au Cameroun. Non sans donner son appréciation de l’hôtellerie, ainsi que de l’avenir de ce secteur dans le pays.

Investir au Cameroun : Le 21 août 2019, lors de la signature de la convention entre l’Agence de promotion des investissements (API) et Sky Towers Hospitality, Rémi Delattre, le chef du projet Radisson Blu hôtel de Douala, avait annoncé l’ouverture de cette toute première enseigne de votre groupe hôtelier au premier trimestre 2021. Nous avons entamé le 4è trimestre et l’hôtel n’a toujours pas ouvert. Que se passe-t-il autour de ce projet ?

Erwan Garnier : Plusieurs raisons expliquent ce retard. D’abord, à la base, il s’agit d’un projet qui consiste en la reconversion d’un édifice appartenant à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps). Lorsque le promoteur de ce projet a entamé les travaux, il s’est très vite rendu compte qu’il y avait un besoin de renforcement de la structure. Ce d’autant qu’il s’agit de transformation d’un projet résidentiel en projet hôtelier. Il fallait donc une refonte complète de l’organisation du bâtiment et ajouter de multiples étages, un bar et une piscine. Toutes choses qui imposaient véritablement le renforcement des structures du bâtiment. Ces travaux permettent aujourd’hui d’avoir 180 chambres et appartements. En somme, ces raisons techniques sont celles qui expliquent le retard pris sur ce projet.

Ensuite, la pandémie du Covid-19 a eu un impact sur toute la chaîne de ce projet hôtelier. Finalement, l’ouverture de cet hôtel est prévue au premier trimestre 2023. Nous sommes en fin 2021, ce qui veut dire que l’ouverture se fera à peu près dans un an et demi.

IC : Qu’est-ce qui a motivé l’arrivée du groupe Radisson au Cameroun, pays dans lequel l’environnement des affaires est plutôt réputé difficile ?

EG : Il y a plusieurs raisons. La première c’est que depuis que nous avons ouvert notre premier hôtel au cours de l’année 2000 au Cap, en Afrique du Sud, le groupe Radisson conduit une véritable politique d’expansion en Afrique. Aujourd’hui, nous avons à peu près 100 hôtels ouverts ou en développement sur le continent africain, qui est une priorité pour le groupe. Pour ce faire, nous avons mis en place une stratégie pour l’Afrique Centrale et de l’Ouest, où nous avons 25 hôtels. Notre objectif est de doubler ce nombre d’ici à l’année 2025.

Pour cela, nous avons une stratégie très claire : nous avons identifié huit villes stratégiques d’expansion, dans lesquelles nous voulons déployer nos marques. Parmi ces villes se trouvent Douala et Yaoundé, parce que le Cameroun est un pays très stratégique en Afrique Centrale. La ville de Douala, particulièrement, est le pilier économique de la région, et Yaoundé est la capitale. De plus, si l’on regarde la situation du secteur hôtelier dans ces deux villes, l’on peut se rendre compte qu’il y a très peu d’établissements de marques internationales. A Yaoundé, il y en a un qui est présent depuis longtemps, et aucune offre nouvelle sur le marché. Ce qui constitue une véritable opportunité. C’est sur cette réalité que nous voulons capitaliser, parce que le groupe Radisson peu bien rentrer avec plusieurs marques sur ce marché.

A Douala, il y avait un hôtel de marque pendant quelques années, qui a changé de marque de multiples fois, et qui aujourd’hui n’a plus de marque. A côté de cela, vous avez des marques locales. Mais, à Douala, il n’y a pas véritablement d’acteurs haut de gamme sur le marché (4 étoiles, 5 étoiles). C’est la raison pour laquelle nous sommes très confiant sur le Radisson Blu Hotel & Apartments Douala, qui sera positionner comme le leader sur le marché 5 étoiles. Pour nous, ce n’est que le début de notre entrée dans le secteur de l’hôtellerie à Douala, parce que nous souhaitons bien y entrer avec d’autres marques de notre groupe. Bref, aussi bien à Yaoundé qu’à Douala, nous pensons qu’il est possible d’entrer avec plusieurs marques, plusieurs positionnements.

Nous travaillons avec des marques allant du segment 3 étoiles à 5 étoiles. La marque 3 étoiles c’est Park Inn by Radisson, 4 étoiles c’est Radisson, 4 étoiles plus lifestyle c’est Radisson Red, 5 étoiles c’est Radisson Blu, et 5 étoiles plus c’est Radisson Collection. Toutes ces marques peuvent entrer sur le marché de Yaoundé et Douala. De plus, nous avons créé une nouvelle marque durant le Covid-19, qui s’appelle Radisson Individuals. Cette marque s’adresse à des hôtels existants, qui ont déjà leur identité, mais qui souhaitent s’affilier au pouvoir de distribution de Radisson, tout en gardant leur indépendance et leur marque. Le premier hôtel de cette marque en Afrique de l’Ouest est à Accra, au Ghana. Nous pensons que nous avons la capacité d’introduire cette marque sur le marché camerounais dans un futur proche.

IC : Vous parlez beaucoup de Yaoundé et Douala. Pourtant, selon certaines études menées par des opérateurs du secteur de la grande distribution, nous avons au Cameroun 10 villes d’au moins 100 000 habitants, ainsi que des villes côtières et touristiques telles que Limbé (qui est très sécurisé malgré la crise anglophone), dans le Sud-Ouest, et Kribi, dans le Sud. Ne pensez-vous pas qu’il y a également du potentiel de ce côté-là ?

EG : Nous regardons effectivement Limbé, Bafoussam et Kribi. Ce sont des villes secondaires importantes. Mais, il est vrai que notre priorité stratégique est Yaoundé, pour une logique simple : nous voulons être présent dans la capitale. Il faut savoir qu’aujourd’hui le groupe Radisson se développe sur plusieurs segments de marché. Nous avons parlé de nos hôtels 3 à 5 étoiles. Chaque marque fait des chambres d’hôtels et des apparts hôtels, avec notamment des chambres plus grandes ayant leur propre cuisine pour des séjours de long terme.

IC : Selon votre nouveau chronogramme, la première enseigne Radisson Blu ouvrira à Douala au premier trimestre 2023. Quand est-ce que vous commencerez les travaux de celui de Yaoundé ?

EG : Dès que possible. Je ne peux malheureusement être plus précis tant que rien n’a été signé. Mais, nous travaillons activement pour que quelque chose se matérialise sur Yaoundé. C’est d’ailleurs la raison de notre séjour actuel (octobre 2021, Ndlr) au Cameroun.  

IC : Le Radisson Blu Hotel & Apartments Douala est le fruit d’un PPP (Partenariat public-privé) avec la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), qui est le fonds de pension du Cameroun. Quels sont les termes de votre partenariat autour de ce projet hôtelier ?

EG : Les termes de cette collaboration sont simples. Vous avez le promoteur d’un côté, qui est Financia Capital, et de l’autre, la Cnps, qui ont effectivement signé un PPP. Radisson, lui, a signé avec Financia Capital. Donc, c’est une forme de tripartite. Concrètement, Radisson a la responsabilité totale de la gestion de l’hôtel dès son ouverture. Généralement, c’est neuf mois avant l’ouverture que Radisson prend les rênes, pour tout le processus de recrutement, de prévente et toute la stratégie liée à la préouverture de l’hôtel. Aujourd’hui, nous sommes dans la phase de construction, et le rôle de Radisson Hotel Group est de fournir un support technique au promoteur, et donc de répondre à l’ensemble des normes et standards de sécurité qui sont extrêmement importants de nos jours. Bien évidemment, dès que l’hôtel sera prêt, nous entrerons dans un process de formation et nous nous assurerons que tous les standards d’hygiène sont bien en place. C’est une priorité pour les clients.

IC : Vous insistez à dire que vous n’êtes pas un investisseur, mais un opérateur hôtelier. Où se trouve la différence, la frontière entre les deux ?

EG : La différence est simple : l’investisseur est l’acteur qui prend la responsabilité financière. C’est lui qui lève ou met à disposition les financements pour la réalisation du projet. L’opérateur est celui qui gère. Donc, il y a une vraie différence entre la compétence du promoteur, qui dans ce cas est très expérimenté dans la levée de fonds, et le groupe Radisson, dont la spécialité est de gérer les hôtels. Aujourd’hui, nous gérons 1500 hôtels dans le monde, dans 130 pays.

IC : A vous entendre, dans le cadre de votre politique d’expansion au Cameroun, par exemple, si vous ne trouvez pas de partenaires, vos projets futurs risquent de ne pas se réaliser. Etes-vous actuellement en discussion avec des partenaires sur Yaoundé, Bafoussam, Kribi… ?

EG : Nous discutons avec plusieurs partenaires. Et c’est là que réside toute la difficulté, parce que c’est une forme de mariage. Il faut aligner nos visions, avoir des compétences qui sont complémentaires et une vision commune sur le long terme. Pour chaque projet, on prend du temps pour identifier le partenaire.

IC : C’est quand même surprenant que les partenaires soient un peu rares, alors que dans le pays, beaucoup d’opérateurs économiques locaux ont investi dans l’hôtellerie ces dernières années, et ont simplement besoin de professionnels comme Radisson pour être accompagnés...

EG : Nous regardons effectivement vers des hôtels qui sont déjà construits. Mais, vous savez, nous avons des standards internationaux qui nécessitent des normes de sécurité très importantes, que beaucoup d’hôtels existants n’ont malheureusement pas. Et il faudra beaucoup d’argent pour s’arrimer à ces normes-là. Comme nous travaillons avec des entreprises internationales et attirons une clientèle internationale, nous sommes dans l’obligation, à travers notre assurance, d’avoir des standards de sécurité internationaux. La majorité des hôtels existants au Cameroun n’ont pas les standards internationaux. Et réinvestir pour leur donner ces standards-là ne procure pas de rentabilité économique.

IC : Du haut de votre expérience de grand opérateur hôtelier, si on vous demandait de décrire brièvement le secteur de l’hôtellerie au Cameroun, que diriez-vous ?

EG : Le secteur de l’hôtellerie au Cameroun est une terre d’opportunités. Quand on voit le niveau de la demande, aussi bien dans le business haut de gamme que moyen de gamme, luxe ou dans le domaine du loisir, et lorsqu’on regarde l’offre, il y a vraiment des opportunités à saisir. Notre présence découle de notre ambition de participer à cette aventure, et grandir avec le Cameroun.

IC : Comment voyez-vous le secteur de l’hôtellerie au Cameroun au cours des 10 prochaines années ?

EG : Le secteur va clairement se développer. Il ne peut que se développer. Il est cependant difficile de donner une vision claire à si long terme. Pour Radisson, nous souhaitons que d’ici 10 ans, nous ayons quadruplé notre présence dans le pays. Et qu’au Cameroun, nous soyons présents dans chaque ville stratégique, parce que, justement, le Cameroun est le pays le plus stratégique de l’Afrique Centrale. Beaucoup d’entreprises qui font des opérations dans la sous-région sont basées au Cameroun. Donc, la place du Cameroun dans notre stratégie d’expansion régionale est très importante.

Interview réalisée par Brice R. Mbodiam

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