(Investir au Cameroun) - Présidant la cérémonie d’opérationnalisation du projet Fish4ACP au Cameroun, le 25 octobre 2022 à Yaoundé, le ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia), Dr Taïga, a été plus que clair : la principale attente du gouvernement au terme de la mise en œuvre de ce projet, initié par de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), est de voir la crevette camerounaise retrouver le chemin du marché européen, duquel elle est bannie depuis 2004.
En effet, dénonçant un manque d’hygiène dans le processus de capture, de manipulation, de conservation et d’acheminement vers le marché européen des crevettes camerounaises, l’UE a, depuis 18 ans, interdit les exportations sur son territoire de ce fruit de mer. Aussi, les exportateurs des crevettes se sont-ils tournés vers l’Asie, qui capte désormais le gros des exportations de ce produit de mer en provenance du Cameroun (102 tonnes exportées vers la Malaisie entre janvier et octobre 2021, selon le Minepia).
Dans le cadre du projet Fish4ACP, qui vise « à améliorer la productivité et la compétitivité du secteur de la crevette au Cameroun », il est question non seulement de maintenir cette dynamique des exportations vers l’Asie, mais aussi, et surtout de favoriser l’accès de la crevette camerounaise à des marchés à forte valeur ajoutée, comme le marché européen. Pour ce faire, Fish4ACP, implémenté au Cameroun par la FAO sur financement de l’UE et du ministère fédéral allemand de la Coopération, ambitionne de déployer des actions visant principalement le renforcement des entreprises et de l’environnement réglementaire.
Concrètement, il s’agira d’« analyser la chaîne de valeur afin d’aider ses acteurs à exploiter le potentiel de la pêche maritime ; soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) pour répondre à la demande intérieure et accéder aux marchés d’exportation à forte valeur ajoutée ; créer de nouveaux emplois et améliorer les conditions de travail en consolidant l’environnement commercial et réglementaire ; améliorer la durabilité environnementale de la chaîne de valeur par une meilleure gestion des stocks et une réduction des prises accessoires ; (puis) faciliter l’accès à d’autres sources de financement et d’investissement ».
Selon les données de la FAO, la crevette est aujourd’hui le principal produit d’exportation de fruits de mer du Cameroun. « Grâce à son littoral de plus de 400 kilomètres, la production industrielle et la pêche artisanale sont estimées à 365 tonnes et 60 tonnes respectivement. Le commerce de la crevette emploie environ 1500 personnes, dont l’apport nutritionnel dépend des prises. », souligne l’organisme onusien dans la fiche du projet Fish4ACP.
Brice R. Mbodiam
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