(Investir au Cameroun) - A fin août 2021, la Société nationale de raffinage (Sonara) et la Cameroon Airlines Corporation (Camiar Co) totalisent une dette globale de 808,7 milliards de FCFA auprès des banquiers et autres fournisseurs locaux, puis des prestataires et partenaires étrangers, révèle la note de conjoncture de la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le gérant de la dette publique au Cameroun.
Calculette en main, ces deux sociétés d’État détiennent, à elles seules, 90% de l’enveloppe globale de la dette des établissements et entreprises publics (899,4 milliards de FCFA) prise en compte dans la dernière note de conjoncture de la CAA. Mieux, leur niveau d’endettement représente respectivement 86,5% et 93,3% de la dette intérieure et extérieure de ces entités publiques, au cours de la période sous revue.
Dans le détail, avec un endettement global de 684,4 milliards de FCFA, la Sonara est l’entreprise publique la plus endettée du Cameroun. À fin août 2021, les banques et autres créanciers locaux de l’unique raffinerie de pétrole du Cameroun, victime d’un incendie en mai 2019, lui réclament 328,7 milliards de FCFA. Dans le même temps, les traders internationaux attendent des paiements globaux d’un montant de 355,7 milliards de FCFA.
La situation est plus reluisante chez Camair Co, sans pour autant être moins préoccupante pour l’équilibre financier de cette société d’État. En effet, selon les pointages de la CAA, au 30 août 2021, le transporteur aérien public camerounais cumule une dette de 62,4 milliards de FCFA auprès des banques et prestataires locaux, et de 61,6 milliards de FCFA auprès des partenaires étrangers.
La piste des financements non souverains
Pour rappel, au fil des ans, l’endettement des entreprises et établissements publics est devenu une grande préoccupation, aussi bien pour l’État-actionnaire que pour les partenaires au développement. Ceci dans la mesure où, selon les bailleurs de fonds et le gouvernement, ce lourd endettement des entités publiques fragilise le budget de l’État. Afin d’atténuer ce risque, le gouvernement travaille à les orienter désormais vers des prêts non souverains.
« Les actions qui seront déployées au cours du triennat (2021-2023) viseront la réduction des sollicitations en direction du budget de l’État de la part de ces structures (…), en les amenant à s’orienter vers les prêts non souverains des partenaires au développement ou des banques privées », peut-on lire dans le document élaboré par le ministère des Finances dans le cadre du débat d’orientation budgétaire 2021.
De ce point de vue, l’on se souvient qu’en juin 2015, le ministère des Finances avait déjà organisé à l’intention des responsables de sept entreprises publiques (Camtel, société des Aéroports du Cameroun, Sonara, Feicom, Port autonome de Douala, Camwater, Société camerounaise des dépôts pétroliers), un atelier de formation sur les mécanismes d’accès aux financements non souverains de l’Agence française de développement (AFD).
Mais, depuis lors, seul Camtel, l’opérateur historique des télécoms, a pu obtenir une notation financière de l’agence Bloomfield, qui est généralement un préalable pour aller à la quête des prêts non souverains des bailleurs de fonds internationaux.
Brice R. Mbodiam
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