(Investir au Cameroun) - Dans le cadre du programme économique et financier appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC), le Fonds monétaire international (FMI) devrait bientôt verser environ 74,6 millions de dollars, soit près de 45,06 milliards de FCFA au cours du dollar actuel, annonce un communiqué de l’institution de Bretton Woods. Le Cameroun aura accès à ce financement une fois que la 3e revue de ce programme, débuté le 5 janvier, « sera formellement achevée par le conseil d’administration du FMI en début mars 2023 », fait savoir le document.
La validation du conseil d’administration devrait être une formalité. Car à l’issue d’une mission du FMI qui a séjourné à Yaoundé du 5 au 18 janvier 2023 et des réunions virtuelles tenues du 19 au 27 janvier 2023, « les services du FMI et les autorités camerounaises sont parvenus à un accord sur les politiques économiques pour conclure la troisième revue », indique le communiqué. On apprend ainsi que « les autorités ont reconnu la nécessité de réduire les subventions aux produits pétroliers afin de créer un espace budgétaire pour financer les investissements productifs et les dépenses sociales… ».
En 2022, le Cameroun a dépensé près de 800 milliards de FCFA pour subventionner les prix à la pompe des produits pétroliers (700 milliards pour les carburants et 75 milliards pour le gaz domestique), selon les données officielles. Pour l’année 2023, le Cameroun a budgétisé les subventions aux prix des carburants à 350 milliards de FCFA, soit moins de 50% de sommes nécessaires pour maintenir les prix des carburants inchangés à la pompe, selon les projections du FMI.
Depuis l’année dernière, la question fait l’objet de discussion entre le FMI et les autorités camerounaises. Le Fonds estime que les subventions aux produits pétroliers sont « coûteuses », « insoutenables au regard des prévisions actuelles des cours internationaux du pétrole », « mal ciblées en ce qui concerne les couches vulnérables », et « ont un effet d’éviction sur les dépenses prioritaires ». « À titre d’illustration, les subventions aux prix des produits pétroliers représentent six fois le budget alloué à l’agriculture, quatre fois celui de la santé et plus de trois fois celui de l’énergie et de l’eau », soutient le FMI.
Les autorités sont conscientes du poids des subventions aux prix des produits pétroliers sur le budget de l’État. Mais, elles redoutent que la hausse des prix de ces produits entraine des tensions sociales comme ce fut le cas en février 2008. Pour elles, la répercussion de la hausse des prix des carburants utilisés pour le transport et la production des biens devraient renforcer les tensions inflationnistes déjà présentes. Le FMI projette, en effet, le taux d’inflation à 6% en 2023, soit le double de la norme communautaire. Pour rassurer sur ce volet, l’institution de Bretton Woods assure que « la réforme des subventions des prix à la pompe des produits pétroliers devrait s’accompagner de mesures visant à atténuer son impact sur les populations les plus vulnérables, notamment des transferts monétaires ».
Le FMI a approuvé le 29 juillet 2021 à Washington, des accords au titre de la facilité élargie de crédit et du mécanisme élargi de crédit en faveur du Cameroun, d’un montant de 689,5 millions de dollars (près de 375 milliards de FCFA), pour accompagner le programme de réformes économiques et financières du pays sur une période de trois ans (juillet 2021-juillet 2024). Officiellement, le financement au titre des accords de la FEC et du MEDC a pour objectif de soutenir les efforts des autorités pour parvenir à une reprise postpandémie rapide, renforcer la viabilité extérieure et budgétaire à moyen terme et mettre en œuvre leur programme de réformes structurelles vers une croissance soutenue, plus inclusive et diversifiée.
Aboudi Ottou et S.A.
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