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Yaoundé - 18 avril 2024 -
Mines et hydrocarbures

Cameroun : mystérieux gisement de diamant

(Investir au Cameroun) - Le Cameroun disposerait-il du plus grand gisement de diamant au monde ? Oui, dit l’entreprise coréenne qui bénéficie d’un permis d’exploration. Je ne sais pas, répond le gouvernement. Epais mystère.

Badel Ndanga Ndinga : « De l’annonce qui a été faite à la réalité, il y a encore un long chemin à parcourir. »

Badel Ndanga Ndinga : « De l’annonce qui a été faite à la réalité, il y a encore un long chemin à parcourir. »

Par Hance Guèye, Dakar

 

Qu’en est-il de la réalité du gisement de diamant camerounais ? Traditionnellement, peut-être pour entretenir l’espoir des populations durement éprouvées par les difficultés du quotidien, les gouvernements africains sont prompts à annoncer les découvertes de ressources minières. Le Cameroun vient de déroger à cette règle. Il fait preuve de prudence et de circonspection, alors que le partenaire étranger, le coréen C&K Mining, multiplie les effets d’annonce. Et c’est ainsi un quotidien sud-coréen, Korea Times, qui a donné la nouvelle. La très bonne nouvelle.

« Dans cette information qui a été relayée et que j’ai lue, il y a aussi un peu d’intoxication, parce qu’on a parlé de la répartition de 20%. Ce qui est complètement faux. La société C&K Mining n’en est qu’à la phase de recherche, de prospection. »

Le Cameroun disposerait de la plus grande réserve de diamant du monde. Environ 736 millions de carats, soit cinq fois la production annuelle mondiale de diamant ! 6 millions de carats pourraient être extraits chaque année. Les mines se trouveraient dans le sous-sol de Mobilong et Limokoali, à l’est du pays. C’est en 2007 que la présence de cette importante quantité de diamant a été confirmée.

Selon le journal coréen, la découverte a été faite par une mission d’exploration de géologues, conduite par le Dr Kim Won-Sa, un géologue coréen, professeur à l’Université de Chungnam. Ses recherches avaient été financées par l’un des plus gros joueurs de l’industrie diamantifère, la C&K Mining. Celle-ci a rapidement crée une joint-venture avec l’Etat camerounais pour l’exploitation de la découverte. Le PDG de la joint-venture, Duk-Kyun Oh, indique dans le quotidien coréen que l’entreprise va investir 500 milliards de FCFA (750 millions d’euros) sur 25 ans et générer 4000 emplois.

 

Silence camerounais

L’entreprise coréenne a remis un rapport d’exploration au gouvernement camerounais en mars 2008 et attend toujours sa réponse. Cela n’a toutefois pas empêché le ministre camerounais de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique, Badel Ndanga Ndinga, de diriger une délégation camerounaise qui a assisté à la session d’information tenue à Séoul, en présence d’environ 200 experts, fonctionnaires et hommes d’affaires.

En revanche, le ministre s’est fait fort de nuancer, à défaut de démentir, l’annonce coréenne. « Je n’ai pas d’éléments de contradiction. Leurs recherches sont faites par les plus grands géologues de ce monde. Mais, à ce stade, je ne peux rien confirmer. »

M. Ndinga a été plus direct, s’agissant de l’exploitation. « La société C&K Mining est bénéficiaire d’un permis d’exploration dans cette zone. De l’annonce qui a été faite à la réalité, il y a encore un long chemin à parcourir. Dans cette information, qui a été relayée et que j’ai lue, il y a aussi un peu d’intoxication, parce qu’on a parlé de la répartition de 20%. Ce qui est complètement faux. La société C&K Mining n’en est qu’à la phase de recherche, de prospection. » La partie coréenne doit donc attendre la négociation d’une convention minière, puis le décret qui permettra l’exploitation.

Sur les investissements annoncés par C&K Mining, le ministre souligne que « dans la phase d’exploration, toutes les dépenses sont faites au risque de la société, qui peut ne rien trouver. Le code minier prévoit trois ans pour cette phase d’exploration. C’est une durée renouvelable. La société C&K Mining Co a eu son permis d’exploration en 2007. Elle peut arriver à la fin du contrat et demander une extension ou le renouvellement pour poursuivre ses investigations si elles ne sont pas terminées ».

L’information s’avère donc devoir être prise avec circonspection. Il serait très étonnant qu’une telle réserve ait pu être ignorée de la France, présente depuis des siècles, et de toutes les entreprises diamantifères occidentales et sud-africaines. Mais le miracle intervient parfois.

 

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