(Investir au Cameroun) - Dans le cadre du litige qui oppose l’État congolais à la junior-minière australienne Sundance Ressources, qui s’est récemment vue retirer le développement du projet d’exploitation du gisement de fer de Mbalam-Nabeba, à cheval entre le Cameroun et le Congo, la firme australienne réclame des dommages d’un montant de 8,76 milliards de dollars US, soit plus de 4700 milliards de FCFA à la valeur actuelle du dollar. L’information est révélée dans un communiqué officiel rendu public par Sundance Resources ce 3 mai 2021.
Le même communiqué annonce la signature d’un accord de mise à disposition des capitaux devant permettre de financer ce contentieux actuellement en procédure d’arbitrage à Londres, suivant les règles de la Chambre du commerce internationale. Ce deal financier, apprend-on officiellement, a été conclu avec Burford Asia Investments, une filiale de Burford Capital Limited, multinationale offrant des financements spécialisés au marché juridique.
Grâce à cet accord, « Burford fournira à Sundance un financement (…) pour couvrir les frais juridiques et autres frais d’arbitrage contre le gouvernement de la République du Congo et, si nécessaire, le gouvernement du Cameroun », souligne la junior-minière australienne. La sécurisation des frais de procédure et surtout le volume élevé des dommages réclamés par Sundance à l’État du Congo sonnent comme une sorte d’avertissement à l’État du Cameroun, qui se prépare également à confier le projet minier de Mbalam-Nabeba à un consortium chinois, au détriment de Sundance Resources, qui peine à le développer depuis plusieurs années.
En effet, s’exprimant devant la commission des finances de l’Assemblée nationale début décembre 2020, dans le cadre de la défense de l’enveloppe budgétaire allouée à son département ministériel, Gabriel Dodo Ndocké, le ministre camerounais des Mines, a révélé « la finalisation, en 2021, du dossier relatif à la sélection des partenaires technico-financiers pour l’exploitation de la mine, la construction du chemin de fer, la construction du terminal minéralier et les acheteurs du minerai de fer issu de la mine de Mbalam, au Cameroun, et de Nabeba, au Congo ». Sans plus de détails, le ministre Dodo Ndocké a précisé que le gouvernement travaillera sur ce projet avec un « consortium formé de cinq sociétés d’État chinoises ».
La révélation de cette information avait conduit Sundance à adresser une mise en demeure à l’État du Cameroun. Mais, par la suite, alors qu’elle ouvrait directement le contentieux en arbitrage avec le Congo, qui lui avait d’ores et déjà retiré le projet, la junior-minière australienne a plutôt entamé des discussions avec le Cameroun, en vue d’un arrangement à l’amiable. « Dans le cas du Cameroun, nos bonnes relations de longue date avec le gouvernement continuent de nous faire espérer qu’une résolution à l’amiable de notre réclamation pourra être obtenue, sans qu’il soit nécessaire de recourir à l’arbitrage international », confie Giulio Casello (photo), le CEO de Sundance Resources, tout en affûtant ses armes pour un contentieux arbitral, en cas d’échec des négociations.
Pour rappel, le projet minier de Mbalam-Nabeba porte sur la mise en valeur en deux phases des gisements de fer au Cameroun et au Congo. Sundance Resources Ltd tablait sur la production annuelle, dans la première phase, de 40 millions de tonnes de minerai à enfournement direct sur 12 ans. La deuxième phase consistera à prolonger la vie de l’opération de plus de 15 ans, en produisant un concentré d’itabirite hématite à haute teneur.
Brice R. Mbodiam
Lire aussi: