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Yaoundé - 19 avril 2024 -
Mines

Fer de Mbalam : le permis d’exploitation attribué à Cameroon Mining Company, une société liée à Bestway Finance

Fer de Mbalam : le permis d’exploitation attribué à Cameroon Mining Company, une société liée à Bestway Finance

(Investir au Cameroun) - Le 17 août 2022, le chef de l’État, Paul Biya, a signé un décret attribuant le permis d’exploitation du gisement de fer de Mbalam à la société Cameroon Mining Company Sarl (CMC). L’information révélée le 5 septembre 2022 par la junior-minière australienne Sundance Resources, premier développeur de ce projet, est confirmée par des sources variées au sein des administrations camerounaises impliquées dans le processus.

« C’est vrai ! Le permis d’exploitation du fer de Mbalam a été effectivement signé. Mais, il n’a pas été rendu public. Attendez quand il sera publié dans le journal officiel pour l’avoir », a indiqué une source proche du dossier auprès de laquelle Investir au Cameroun a sollicité la décision présidentielle.  

Créée seulement le 16 mars 2022, la société Cameroon Mining Company Sarl est, selon Sundance Resources, une filiale de Coconut Logic Holdings Pte Ltd. Ce véhicule d’investissements basé à Singapour contrôle également le capital de Bestway Finance, dirigée au cameroun par Alexandre Mbiam (photo), fils du célèbre avocat camerounais Emmanuel Mbiam. Créée fin 2020, Bestway Finance a déjà, en partenariat avec le Chinois AustSino, raflé tous les contrats d’infrastructures liés au projet minier de Mbalam (construction du chemin de fer de 510 km entre Mbalam et Kribi et concession du terminal minéralier du port en eau profonde de Kribi).

Du flou dans la procédure

Grâce au permis d’exploitation signé le 17 août 2022 par le président de la République du Cameroun, sous le numéro 2022/395, Bestway Finance et sa maison-mère prennent ainsi le contrôle total (volets minier et infrastructurel) du gigantesque projet minier de Mbalam-Nabeba (au Cameroun et Congo) comme Sundance Resources à l’époque. En effet, depuis 2021, le gouvernement congolais a éjecté de ce projet Congo Iron, filiale locale de Sundance Resources, au profit de Sangha Mining, une filiale de Bestway Finance.

De bonnes sources, l’attribution du permis d’exploitation du fer de Mbalam à CMC Sarl est survenue après la signature, le 31 mars 2022, de la convention minière entre cette entreprise et l’État du Cameroun. Ce qui incite à se poser la question de savoir comment cette entreprise a réussi l’exploit, deux semaines seulement après sa création, de signer une convention minière qui est conditionnée par la présentation à l’État de rapports d’exploration actualisés, des études de faisabilité et environnementales, etc.      

En tout cas, selon Sundance Resources, « aucune preuve n’a été trouvée concernant cette convention et aucune preuve n’a été trouvée sur des travaux antérieurs de Cameroon Mining Company » sur le projet minier de Mbalam-Nabeba. À moins que, suppute une source interne au secteur minier local, le bénéficiaire du permis d’exploitation se soit simplement inspiré des travaux antérieurs sur le projet, réalisés par Sundance Resources, pour obtenir sa convention minière avec l’État du Cameroun.

Une telle hypothèse est propre à durcir davantage le contentieux ouvert devant une juridiction arbitrale internationale par Sundance, contre le Cameroun et le Congo. Ces deux États sont accusés d’avoir illégalement exclu la junior-minière australienne du projet, bien que cette dernière, pendant environ 7 ans et de nombreuses prolongations des délais de caducité des accords avec ces États, n’ait pas pu accrocher des partenaires financiers pour passer à la phase opérationnelle du projet.

Ces précédents qui préoccupent

Mais, au-delà du flou qui entoure le processus ayant conduit à l’attribution du permis d’exploitation du gisement de fer de Mbalam-Nabeba à CMC Sarl, c’est la capacité de cette société minière à pouvoir effectivement réaliser ce gigantesque projet minier qu’il faut interroger. En effet, au Cameroun, fleurissent depuis des années des entreprises minières très ambitieuses au premier abord, mais qui s’avèrent généralement être de simples spéculateurs, incapables de mener jusqu’au bout des projets à eux confiés.  

Parmi les cas les plus prégnants, l’on peut citer Geovic Mining, une junior-minière américano-canadienne, qui a longtemps entretenu l’espoir de l’exploitation du gisement de nickel, cobalt et manganèse de Nkamouna, à l’Est du Cameroun, projet toujours en berne depuis l’attribution du permis d’exploitation en 2003. Il y a quelques mois, Geovic a fini par céder ses actifs sur ce projet à Phoenix Mining, une junior-minière détentrice d’une licence dans la mine artisanale au Ghana. 

C’est aussi le cas de la société américaine Hydromine, qui, au début des années 2000, ambitionnait d’investir 5 000 milliards de FCFA sur le gisement de bauxite de Minim-Martap, dans la partie septentrionale du pays. Face à son incapacité, le gouvernement camerounais a dû, en juillet 2018, se résoudre à transférer les permis sur ce projet minier à l’Australien Canyon Resources. Ces permis ont été renouvelés en février 2022.

Pour rappel, le gisement de fer de Mbalam-Nabeba, écartelé entre le Cameroun et le Congo est une réserve de niveau mondial. Son schéma d’exploitation prévoit un déploiement en deux phases. Sundance Resources Ltd, le premier développeur du projet, tablait sur une production annuelle, dans la première phase, de 40 millions de tonnes de minerai à enfournement direct, sur une période de 12 ans. La deuxième phase consistera à prolonger l’exploitation du gisement de plus de 15 ans, en produisant un concentré d’itabirite hématite à haute teneur. Mais, pour en arriver là, des investissements globaux de plus de 5 000 milliards de FCFA sont attendus.

Brice R. Mbodiam

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