(Investir au Cameroun) - Le 4 juin 2021, le ministre camerounais des Mines, Gabriel Dodo Ndocké, a pris une décision suspendant un permis d’exploitation minière artisanale délivré pour un site minier situé dans la localité de Kambélé, dans la région de l’Est du pays. À en croire la décision ministérielle, cette suspension est consécutive à « l’inobservation des normes d’exploitation minière artisanale, des règles environnementales et de sécurité, ayant favorisé un accident grave causant des pertes en vies humaines, faits constatés sur le site d’exploitation le 30 mai 2021 ».
De sources locales, la non restauration des excavations effectuées sur ce site par l’exploitant a été à l’origine d’un éboulement ayant causé le décès de quelques artisans miniers. Ce phénomène n’est pas nouveau dans les champs miniers de la région de l’Est. Selon l’ONG Forêt et développement rural (Foder), entre janvier et avril 2021, 14 artisans miniers sont décédés dans les champs miniers de la région de l’Est du Cameroun dans les mêmes conditions. L’addition est encore plus salée quand on remonte le temps. À en croire la même source, 157 décès ont été enregistrés sur les sites miniers du pays entre 2013 et avril 2021, du fait de l’incivisme des exploitants artisanaux d’or.
En effet, la réglementation en vigueur au Cameroun impose aux exploitants miniers de refermer les trous et autres tranchées creusés au moment de la recherche de l’or, une fois l’exploitation achevée sur le site. Cependant, de nombreuses entreprises minières font généralement fi de cette obligation. Ce qui occasionne régulièrement des éboulements destructeurs de l’environnement, quand ils ne causent pas carrément des morts d’hommes ; ainsi que des noyades, puisqu’en saison des pluies des artisans miniers, voire des enfants, se noient dans ces trous une fois remplis d’eau.
Excédé par cet incivisme des entreprises opérationnelles dans les champs miniers du pays, le ministre des Mines, Gabriel Dodo Ndocké, a publié, en 2020, une liste de sociétés auxquelles il donnait 60 jours, à compter du 1er avril 2020, pour restaurer les sites déjà exploités, sous peine de retrait de leur permis. Mais, avec l’accident survenu à Kambélé le 30 mai 2021, l’on peut constater que le phénomène est loin de s’estomper.
BRM