(Investir au Cameroun) - Le 30 novembre 2021, en défendant le budget 2022 de son département ministériel devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale, le ministre camerounais des Mines, Gabriel Dodo Ndocké, a révélé que le gouvernement n’a pas lâché la société Geovic, détentrice depuis 2003 du permis d’exploitation (le premier dans le pays) du gisement de nickel-cobalt-manganèse de Nkamouna, situé dans l’arrondissement de Lomié, région de l’Est du pays. Pourtant, cette junior-minière a abandonné ledit projet depuis 2013.
Concrètement, en déclinant les activités de son département ministériel au cours de l’année 2021, le ministre Dodo Ndocké a signalé l’« accompagnement de Geovic dans la recherche d’un partenaire technico-financier fiable, disposant des capacités techniques et financières avérées, et capable de mettre à court terme en production le gisement de Cobalt-nickel-manganèse de Nkamouna, Lomié, dans la région de l’Est ». Cette déclaration du ministre des Mines révèle par la même occasion que le gouvernement camerounais n’a pas donné une suite favorable à la proposition faite fin 2017 par le prédécesseur de Gabriel Dodo Ndocké, Ernest Gwaboubou, de retirer à Geovic son permis d’exploitation, face à l’incapacité de cette société minière à passer à la phase d’exploitation du gisement sus-mentionné.
La requête de l’ex-ministre Gwaboubou, adressée à l’époque au secrétaire général de la présidence de la République, avait eu le don de rappeler au souvenir de la junior minière Geovic, son projet camerounais. En effet, après cette menace de retrait de son permis, dès le 21 février 2018, Geovic missionnera au palais de l’Unité William Alan Buckovic, son fondateur. Reçu par le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, William Alan Buckovic rassurera les autorités camerounaises sur son intention de relancer le projet après 5 ans d’hibernation.
Ces assurances seront directement exprimées le 25 juillet 2019 au chef de l’État camerounais, Paul Biya, au cours d’une audience accordée au PDG de la société Geovic, Michael Mason. Après avoir remercié le chef de l’État du Cameroun, dont « le soutien et la patience » ont été indispensables à l’heureux aboutissement de ce projet, qu’il a présenté comme étant « l’un des meilleurs au monde », le PDG de Geovic s’était à nouveau lancé dans une énumération des retombées du projet minier de Nkamouna : environ 700 emplois directs à créer, transfert de technologies, formation de jeunes camerounais, paiement des impôts et taxes divers à l’État, etc.
Deux ans après cette rencontre au sommet, période elle-même précédée par une mise entre parenthèses du projet depuis 2013, rien n’a toujours bougé sur le terrain. Geovic et le gouvernement camerounais continuent de chercher les quelque 250 milliards de FCFA nécessaires au financement de ce projet minier, que les populations de Lomié et le Cameroun tout entier attendent depuis des décennies. Et sur lequel Geovic tente vainement de céder ses actifs depuis belle lurette.
Brice R. Mbodiam
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