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Yaoundé - 29 mars 2024 -
Portraits

Irène Fernande Ekouta, Sr manager digital content chez Yogam International (Cynomedia Africa)

Irène Fernande Ekouta, Sr manager digital content chez Yogam International (Cynomedia Africa)

(Investir au Cameroun) - Dans un environnement où l’heure est à la révolution entrepreneuriale, Irène Fernande Ekouta, a choisi un tout autre chemin, celui d’« entreprendre sa vie » (se réaliser en devenant exceptionnel). Sa dévotion pour son métier et aussi son talent de journaliste lui valent une grande admiration de ses pairs dans le métier. En quelques années, elle a franchi beaucoup d’étapes pour une carrière qui ne cesse de se construire. Hier journaliste, aujourd’hui elle pilote l’une des agences d’informations les plus prometteuses du continent. En quelques lignes elle vous parle d’elle, de ses projets et de son parcours.

Personal intro

Je suis née le 1er février 1990 à l’hôpital central de Yaoundé. Je suis la petite dernière d’une fratrie de cinq.

Présentation de ton parcours académique et professionnel

Etant précoce, j’ai été inscrite à la maternelle d’une école publique de Yaoundé à l’âge de deux ans. J’y ai également suivi mes études primaires, jusqu’à l’obtention de mon CEPE en 2000.

La même année, je suis admise au concours d’entrée en 6ème au lycée de Mendong où j’obtiens tous mes diplômes secondaires. Je reste attachée aux souvenirs de mon passage dans cet établissement. Il me revient particulièrement la manière dont je me partageais entre mes différentes passions : les études, la lecture, l’écriture, les sports (football, handball, basketball, danse, etc.). C’est aussi étant élève de ce lycée – en classe de Seconde A4 Espagnol – que j’ai remporté le premier prix d’orthographe organisé par l’OIF, à l’occasion de la célébration de la journée de la Francophonie en 2005. Ce concours, organisé par le ministère des Relations extérieures, opposait les meilleurs élèves de français des meilleurs établissements publics et privés de la ville de Yaoundé. J’avais gagné un poste radio.

A 17 ans, après l’obtention de mon Baccalauréat, je suis admise au concours d’entrée à l’Esstic, en filière journalisme. J’ai su, à l’âge de six ans, que je deviendrais journaliste. Je me souviens qu’un soir, en regardant Anne-Marthe Mvoto présenter le journal à la Crtv, j’ai demandé à ma tante qui vivait avec nous, quel métier la dame à la télé exerçait. Elle m’a répondu : journaliste. Et je lui ai demandé quelles études il fallait faire pour devenir journaliste. Elle m’a dit : des études littéraires. Elle a ajouté que je devais bien travailler en français. Depuis ce jour-là, je n’ai étudié que dans l’objectif de devenir journaliste. Je crois que c’est pour cette raison que je ne prenais pas les matières scientifiques très au sérieux (rires).

Pour revenir à mes études de journalisme, mon véritable premier contact avec le métier s’est effectué lors de mon stage de première année à la rédaction du quotidien Le Jour, où j’ai fait la rencontre de grands professionnels comme Haman Mana feu Xavier-Luc Deutchoua, Jules Romuald Nkonlak, Jean-Bruno Tagne, Stéphanie Dongmo, Stéphane Tchakam, etc. Mais surtout, des doyens comme Claude Bernard Kinguè – par qui tout a commencé au Jour – et Jean-Marie Mollo Olinga. Ces deux derniers ont été d’un apport inestimable dans la construction de ma personnalité journalistique.

En deuxième année de journalisme, j’intègre la direction de la rédaction des magazines de la Sopecam dans le cadre de mon stage académique. Là, c’est un autre tempérament, un autre style. J’y apprends beaucoup et donne le meilleur de moi. C’est ainsi que l’entreprise décide de me garder dans ses équipes après mon stage. Ainsi, en troisième année, je dois gérer les études et le travail, ce qui n’est pas évident.

Une fois diplômée de l’Esstic en 2010, je suis contactée par Haman Mana qui souhaite me recruter au quotidien Le Jour. J’accepte. Au bout de quatre mois, je suis nommée chef du desk de la rubrique « Double page », qui occupe la double page centrale du journal et traite des grands reportages, des grandes enquêtes, des grandes interviews et des grands portraits. Sans doute l’expérience la plus palpitante de ma carrière journalistique. A ce poste, j’ai, chaque jour appris à dépasser mes limites et, je souhaite cela à tous les jeunes journalistes.

En 2015, je quitte Le Jour pour me recentrer sur mes ambitions professionnelles. C’est ainsi que je suis contactée par Ferdinand Nana Payong de Regie star pour me proposer un CDD d’attachée de presse de Charlotte Dipanda.

La chanteuse vient alors de mettre son troisième album sur le marché (Massa) et organise des spectacles pour le présenter au Cameroun. Donc, je travaille véritablement pour la première fois comme attachée de presse pour les concerts de Charlotte Dipanda au Cameroun. Là encore, c’est juste des moments incroyables. Si je devais résumer cela en deux mots, ce serait : super top ! J’en garde de précieux souvenirs.

Fin 2016, je suis contactée par le directeur de publication de JournalduCameroun.com, qui recherche un team leader pour coordonner ses différentes équipes. Le challenge est nouveau, ce qui me séduit. Donc, j’accepte, après avoir poliment décliné de nombreuses autres propositions. J’avais sans doute besoin d’expérimenter quelque chose de différent. Et le digital, c’était nouveau pour moi. Aujourd’hui, je suis sûre d’avoir fait le bon choix, parce que j’ai énormément appris. Je continue d’apprendre d’ailleurs.

Entre-temps, aspirant à une carrière d’écrivaine, j’ai écrit une nouvelle, intitulée « D’amour et de glace », qui a été éditée l’année dernière. Cette nouvelle est arrivée demi-finaliste du Prix Jeune écrivain de langue française en 2017. Plus de 1000 jeunes écrivains francophones y ont participé à travers le monde. J’ai également écrit un roman qui devrait être édité très bientôt.

Présentation de la structure dans laquelle tu exerces

En tant que senior manager digital content, je coordonne le pool éditorial du groupe Yogam international, qui édite les quatorze sites d’informations parmi lesquels JournalduCameroun.com (les versions française et anglaise). De ce fait, j’ai la charge de veiller sur les contenus, servir de pont entre les équipes éditoriales et les équipes techniques en cas de souci, coordonner les projets liés à ces différents sites, gérer le réseau des correspondants, entre autres responsabilités. Depuis 2017, nous avons engagé la refonte des sites. La moitié du projet est déjà réalisé. Il nous reste quelques mois pour terminer cette vaste opération de relifting.

Nous sommes une bonne vingtaine affectée à ces différents segments. Les journalistes, qui administrent les sites, travaillent en bonne intelligence avec une partie du pool digital (community manager, graphiste) et le pool vidéo. Ce n’est pas évident tous les jours, mais en général, la communication passe bien entre les maillons de la chaîne, ce qui fait régner une bonne ambiance au sein du groupe.

La petite histoire de départ

J’ai simplement été contactée par le patron de Yogam, qui a entendu parler de moi par un de ses proches. Il a demandé à me rencontrer et je ne me suis pas rendu compte, quand on échangeait, que j’étais en entretien d’embauche (rires), si ça en était un. Ça ressemblait davantage à une discussion informelle. Mais je pense que s’il avait vu quelque chose d’incohérent chez moi, je n’aurais pas eu le poste. Je n’avais pas calculé l’enjeu de cette rencontre. Je répondais de manière spontanée et naturelle, parce que je n’avais pas l’impression de jouer mon va-tout.

Quels sont tes projets à long terme au sein de cette structure ?

Il y a pas mal de projets dans les starting-blocks. Mais, celui sur lequel nous travaillons assidument en ce moment, c’est la Web Tv de JournalduCameroun.com. Nous avons démarré avec nos propres contenus sur YouTube et nos différentes plates-formes il y a quelques semaines.

Dans l’immédiat, il est question de la développer afin qu’elle se positionne rapidement comme une référence, comme l’est déjà le site d’informations JournalduCameroun.com. C’est un gros challenge et nous comptons y parvenir en atteignant des objectifs à court et moyen termes.

Les grandes difficultés rencontrées dans ton parcours de journaliste

Une fois j’ai été brutalisée en pleine rue par un policier alors que je travaillais sur un reportage au marché de Mokolo. Il a arraché mes papiers, mon téléphone, mon matériel de travail et m’a retenue dans les locaux du commissariat de Mokolo pendant plusieurs heures. J’ai été relâchée après quelques coups de fil de la rédaction du Jour. Mon avocat et ma hiérarchie m’ont demandé de déposer plainte pour qu’il soit sanctionné et paie les dommages et intérêts. Heureusement pour lui, je ne l’ai pas fait. Il s’était excusé et j’avais estimé que ce n’était pas la peine d’en faire toute une histoire.

Mais tout de même, j’ai réalisé qu’on fait un métier dangereux. On est sans cesse face à un dilemme, celui de la distance face à certains événements. On se demande toujours à quel moment faire intervenir sa responsabilité sociale, quelle ligne ne pas franchir. Notre métier est compliqué, parce que l’objectivité qu’on veut bien faire ressortir dans chaque phrase, est parfois à géométrie variable. On est des humains avant d’être journalistes, ce qui veut dire qu’on a des convictions et qu’inconsciemment, celles-ci influencent notre jugement voire nos écrits.
D’un autre côté, j’estime que la pratique du métier est quelque peu menacée par l’avènement des réseaux sociaux. Tout le monde fait du reporting, ou ce qui s’y apparente, sans filtre. Et ça donne des fake, parfois repris par des médias sérieux. En même temps, on ne peut pas nier l’apport des réseaux sociaux dans la pratique quotidienne du journalisme. Encore un dilemme…

Des soutiens dans ton parcours ?

Evidemment, il y en a eu. Et il y en a toujours. Toutes les personnes qui t’ouvrent une porte dans la vie sont un soutien. Celles que tu connais et celles que tu ne connais pas. C’est comme ça ! Dans mon cas, j’ai eu la chance d’être acceptée en stage académique en première année de journalisme au quotidien Le Jour grâce à Claude Bernard Kinguè, qui y travaille encore comme conseiller éditorial.

A l’époque, chaque étudiant de l’Esstic devait lui-même chercher un stage et je m’y étais prise tard. C’est lui qui a introduit et fait accepter ma demande au quotidien Le Jour. Même si on avait un lien de parenté, on ne se connaissait pas. On ne s’était jamais vu avant. Et je peux vous dire qu’il était beaucoup plus sévère envers moi qu’envers les autres stagiaires.

Personne dans ce journal ne m’a caressée dans le sens du poil. C’est mon travail qui a forcé le respect. Mais Claude Bernard Kinguè, que je remercie encore aujourd’hui, a été cette porte ouverte. Il m’a fallu plus de deux ans pour le tutoyer et je continue de l’appeler « M. Kinguè », parce que la relation la plus forte que j’ai gardée avec lui est professionnelle.

Ce que je voudrais dire c’est que, toutes les personnes qui croient en toi, sans forcément pouvoir agir de manière visible dans ta vie sont des soutiens. Ainsi, j’estime que les sources d’informations sont des soutiens. Les collègues sont des soutiens, parce que le journalisme est un métier d’échanges, de partage. C’est un constant travail d’équipe. Dans ce sens et dans n’importe quel autre, oui, j’ai des soutiens.

Ma famille, mes amis, mes camarades, mes collègues, les inconnus… Mais, seuls le travail, la rigueur et la discipline forcent le respect.

Le mot ou le conseil a ceux qui veulent comme toi se construire une brillante carrière dans le journalisme ou dans n’importe quel autre métier

Le mot ou le conseil à ceux qui veulent tout comme toi se construire une brillante carrière dans le journalisme ou dans n’importe quel autre métier

J’ignore si dans mon cas, on peut parler de brillante carrière, mais il est important de savoir pourquoi on fait ce métier. Quand on a une réponse, il est aisé de s’y épanouir. Beaucoup d’aspirants au journalisme y voient tout de suite les clés de la célébrité. Ce qui n’est pas faux. Mais, la célébrité se construit dans la discipline et le travail. Le talent ne compte qu’à 10 ou 20% à mon avis, parce qu’il faut apporter de la substance à l’apparence. Malheureusement, dans notre métier, les apparences sont fort trompeuses. Aujourd’hui, les journalistes qui font autorité à travers certains médias – que je ne citerai évidemment pas – ne sont pas forcément les plus pertinents.

Ta philosophie du leadership

Je pense que le leadership aujourd’hui doit davantage faire appel à l’intelligence émotionnelle, qui est cette capacité à comprendre ses propres émotions et à composer avec celles des autres.

A mon avis, les choix de management – pour parler de l’environnement professionnel – sont très souvent influencés par les complexes personnels. Or, si un leader ne sait pas identifier et contrôler ses propres émotions, s’il ne sait pas s’écouter, il y a des chances qu’il prenne toute attitude extérieure de manière personnelle ou qu’il pose des diagnostics erronés des situations.

En somme, en travaillant sur son intelligence émotionnelle, on se parle à soi pour se connaître, se transcender et on parle avec les autres pour les cerner, comprendre, etc. La posture c’est davantage de dialogue et d’empathie dans les relations humaines, parce qu’après tout, le leader n’est leader que par rapport à ceux qui le suivent. Et son leadership est censé agir dans l’intérêt de ceux-ci. Pour moi, un leader doit avoir la facilité de fédérer les différences en ressortant les points communs des individus qui constituent sa communauté. Il faut pouvoir ressentir ce que les autres ressentent pour mieux les comprendre.

Tes activités connexes

Comme je l’ai dit plus haut, j’écris. J’espère pour bientôt la publication de mon roman. En ce moment, je m’amuse à travailler sur l’écriture des scénarios. Mon rêve le plus fou, c’est d’écrire des scénarios de dessins animés (rires). Je visualise les marges qu’on peut donner à son imagination quand on écrit un scénario de dessins animés, et je réalise qu’il n’y en a aucune, justement. Et ça, c’est vraiment la belle vie. Par ailleurs, j’aime beaucoup les arts. Et j’ai eu la chance de couvrir des festivals de musique, de danse ou de cinéma, au Cameroun (Le Kolatier, Ecrans noirs, Abok i Ngoma, etc.), au Cap-Vert (Atlantic Music expo, Kriol jazz festival), au Maroc (Visa for music) et récemment en Côte d’Ivoire (Masa). Ce sont toujours de grands moments de beautés humaines.

Je suis membre de diverses associations dont l’une a participé en 2016 à la COP 22 à Marrakech au Maroc, en marge du Forum de l’innovation sociale et de l’éthique globale (Sigef) organisé par Horyou. Notre projet « Maman apprends moi » avait été sélectionné parmi la centaine enregistrée pour une présentation devant un jury. Il a terminé parmi les dix finalistes. Depuis, l’association se déploie sur le terrain pour concrétiser modestement ce projet.

Je suis également membre de l’association « Le pagne en folie », qui, tous les ans, organise un salon d’exposition-vente d’objets et accessoires qui mettent en avant les étoffes africaines et le savoir-faire de nos artistes et artisans locaux.

BCJN

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