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Yaoundé - 29 mars 2024 -
Portraits

Imane Ayissi, désormais haut-couturier « africain » !

Imane Ayissi, désormais haut-couturier « africain » !

(Investir au Cameroun) - Le 23 janvier 2020, à 16 heures, cet ancien boxeur amateur ayant aussi fait ses classes dans les troupes du ballet national à Yaoundé a été adoubé par le saint des saints de la haute Couture à Paris. Un sacre inédit pour un couturier originaire du sud du Sahara.

“Coup d’éclat pour Imane Ayissi”, ainsi pourrait s’intituler le feuilleton sur la performance de ce styliste Camerounais arrivé en France vers la fin des années 80 pour trouver sa voie. 28 années après, ce membre discret de la célèbre famille Ayissi à Yaoundé a réussi à ouvrir une nouvelle page à la mode africaine.

L’audace de ses robes confectionnées à base de tissus traditionnels africains tels que l’Obom (tissu traditionnel obtenu à partir des fibres d'écorces d'arbre) n’a pas laissé de marbre, la fédération haute couture de France. Une estime qui s'est concrétisée par une invitation lors du prestigieux calendrier officiel de la haute couture parisienne, où il a pu présenter sa collection printemps-été le 23 janvier.

Cette performance aura suffi pour braquer à nouveau les projecteurs sur cet ancien boxeur amateur qui ne misait que sur ses atouts de mannequin et ses talents de danseur pour gagner sa vie.

IMANE AYISSI, SA VIE DE FAMILLE, SES DÉBUTS...

Le premier contact visuel posé sur Imane Ayissi laisse découvrir un homme svelte aux allures de Matador. Dans son atelier à Paris, il se déplace assez lentement d’une table sur laquelle il prépare un patron, à cette étagère où est posée, cette paire de Ciseaux beige qu’il tente de saisir. Tout paraît mesuré chez cet artiste à la parole un peu difficile et qui aujourd'hui, a conquis Paris, la première des quatre grandes capitales mondiales de la mode.

Sous son apparence de sybarite se dissimule bien un esprit taillé sur mesure pour le beau, le luxe, la créativité. Son regard perçant est certainement un héritage qu’on acquiert quand on a eu pour père un ancien boxeur professionnel. D’ailleurs, lorsqu’il évoque son enfance, il fait savoir qu' "à la maison, il y avait un clan de boxeurs et un clan de danseurs...".

Si la famille Ayissi était connue pour être une famille aisée, jeune, le haut couturier déclare tout de même qu’il n’a pas pu aller loin dans ses études. “On a eu beaucoup de difficultés à une époque dans ma famille, ce qui fait que je n’ai pas pu continuer les études. Je me suis arrêté à l’école primaire” avait-il confié en septembre 2013 dans une interview accordé à la journaliste camerounaise stéphanie Ndogmo.

C’est au sein du groupe familial Les frères Ayissi que Imane va débuter sa carrière de danseur. Une carrière qui le fera prester lors des grands évènements à Yaoundé, ou alors accompagner Yannick Noah dans ses tournées internationales. Bien avant cela, il a un flirt rapide avec la boxe. “Adolescent, je faisais de la boxe comme mon père mais j’étais moins enthousiaste de prendre des coups dans la gueule alors que je n’ai rien fait “ peut-on lire dans ses mémoires.

Au même moment qu’il commence à s’épanouir dans sa vie de chorégraphe, Imane frappe dans l’œil de grosses enseignes qui lui proposent des contrats de mannequin. Dior, Yves Saint Laurent, Smalto, Lanvin ou encore des marques de sportswear comme Lacoste figurent dans son portfolio. Mannequin, il pose pour des campagnes publicitaires au compte de marques comme Motorola, le bijoutier Cartier et plusieurs autres marques de luxe. Alors qu’il navigue aisément entre ces deux carrières, sans le vouloir, son sens de l’originalité et son amour pour le luxe en toute simplicité s’aiguisent.

IMMERSION DANS LA MODE

Imane n’a pas arrêté une carrière pour suivre une autre. Ses différentes vies professionnelles se sont pénétrées, puis entremêlées pour déboucher à cette énième qui l’a vu se réincarner en très Haut couturier. Il ne serait même pas hasardeux de dire que la casquette de haut couturier qu'il arbore aujourd'hui est le produit de cette vie de mannequin et de danseur.

Dans son récit, il a plusieurs fois laissé entendre que le stylisme et lui c’est une longue histoire. “Tout petit, j’étais attiré par ma maman, ma maman qui était une très très belle femme…avait une très belle silhouette et une manière de porter des vêtements, elle m'impressionne… je crois que ça a beaucoup joué… je ne croyais même pas que c’était ma mère" a-t-il lancé lors d’une interview. "Je croyais que c'était une jolie poupée… J’ai commencé à dessiner, je faisais des dessins au sol… j'essayais de reproduire certaines silhouettes qui rappelaient un peu ce que je voyais sur le corps de maman" va-t-il révéler à la journaliste Mélanie Taravan .

Tout porte à croire que c’est l’élégance de Juliette Honorine Eyenga sa mère qui va susciter cette vocation de couturier chez lui. Première miss du Cameroun, son élégance et son charme auront une très forte influence dans la vie de son fils sans qu’elle ne s’en doute.

Dans les années 90, l’un des plus jeunes enfants du couple Ayissi commence à présenter ses collections. Révolutionnaire, il évite le Wax, un tissu venu d’ailleurs qui aura gagné le cœur des africains au point de se revendiquer une identité africaine. Délaissant ce Wax, Imane se met alors à travailler avec des textiles africains. Textiles avec lesquels il réussit le pari d’imposer des créations africaines authentiques dans la cour des grands.

QUID DU STYLE IMANE AYISSI ?

"Je suis toujours dans le mouvement, la mise en valeur du corps sans surcharger la femme. Surcharger c’est très facile parce que ça cache plein de défauts. Mon travail est très précis, j’aime mettre en valeur les détails, j’essaie toujours de mettre la femme en avant. Donc, ce n’est pas la robe qui porte la femme, mais c’est la femme qui porte la robe et qui devient élégante. Pour les hommes, je fais du sur mesure sur commande alors que pour les femmes, je crée des collections entières.", indique Imane Ayissi au sujet de son style.

"J’ai un style assez pointu, très glamour mais en même temps très épuré et soft. On y retrouve l’Afrique sans utiliser le bling bling africain. J’essaie de mettre en avant les symétries, les courbes que l’on retrouve sur les statuettes africaines. C’est comme ça que j’ai essayé de construire un style, en restant toujours très soft tout en étant hyper élégant.", ajoute le styliste dont les œuvres sont fabriquées à la main avec une précision digne de l’industrie du luxe.

Les créations de luxe sont son premier amour. Mais pour satisfaire toutes les classes, il conçoit parfois des vêtements pas très chers… « J’ai fait aussi du prêt-à-porter sur du tissus basique à prix bas, genre des vestes à 800 euros. J’ai fait du grand public aussi pour la Redoute, avec des trucs pas chers » Cependant, il ne manque pas de rappeler que sa clientèle principale se recrute dans la bourgeoisie « quand on travaille dans le luxe, on vend du rêve. Et le rêve, ça ne se brade pas ».

<< J'AI ÉNORMÉMENT SOUFFERT... J'AI ÉTÉ HABITUÉ À ME DÉMERDER, JE N'AI JAMAIS REÇU DES AIDES, MÊME PAS DE MON PAYS>>

Aujourd'hui où tout semble lui avoir été donné facilement, ce couturier âgé de 52 ans déclare avoir eu une enfance pas du tout facile. Il estime avoir bataillé dur. "J’ai énormément souffert. Avec mes frères, on a travaillé au Ballet national et on ne nous payait pas. Ce n’est pas pourtant l’argent qui manquait. Mais je ne regrette pas, c’est l’école de la vie. J’ai été habitué à me démerder, je n’ai jamais reçu des aides, même pas de mon pays."

Fier de lui, Imane a désormais une philosophie de bourgeois "Je suis très discret sur l’argent. Quand on se respecte, même si on a beaucoup d’argent, cela ne s’affiche pas. Et c’est ça, la clé du savoir-vivre. La culture bling bling, ce n’est pas mon truc. L’argent, ça se respecte, surtout quand on a trimé pour" dit-il en toute confiance.

Nselel Jean Christian

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