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Yaoundé - 20 avril 2024 -
Portraits

Arielle Kitio ou la reine du code informatique au Cameroun

Arielle Kitio ou la reine du code informatique au Cameroun

(Investir au Cameroun) - A travers sa startup CAYSTI, Arielle, le quart de siècle dépassé, a choisi d’initier les jeunes aux technologies de demain. Le faisant, elle se positionne comme l’une des techwomen les plus prometteuses du Cameroun et pourquoi pas du continent. Hier encore, à cause de son labeur, elle a été sélectionnée pour organiser la Semaine de la Science 2018 pour le compte du Next Einstein Forum.

Personal intro et parcours académique

Je m’appelle KITIO TSAMO Arielle. J’ai effectué mes études primaires et secondaires dans deux écoles publiques de la ville de Yaoundé. Celles-ci se sont sanctionnées par un Baccalauréat C obtenu avec Mention obtenu à l’âge de 15 ans au Lycée de Biyem-Assi. Ensuite, je me suis inscrite à l’Université de Yaoundé I, dans la filière informatique. Pendant mon séjour au sein de cet établissement en cycle de licence, j’ai remporté deux fois le concours de meilleur programmeur du Département d’Informatique au niveau 1 avec Elvire Djiale et au niveau 3 avec Robert Nsaibirni et Tamene Samuel. Par la suite, j’ai décroché un Master en Informatique option « Cloud Computing » avec mention Très Bien. Notons que j’ai aussi obtenu une bourse et un stage de master à Institut National Polytechnique de Toulouse.

Présentation de ton entreprise

L’entreprise que j’ai fondée s’appelle CAYSTI (CAmeroon Youth School Tech Incubator). Elle a été légalisée en février 2017.

CAYSTI est une start-up dédiée à la conception et la promotion d’outils technologiques visant à faciliter l’accès égalitaire à une éducation de qualité aux enfants en bas âge. Tout enfant indépendamment de son sexe, sa langue, sa religion, sa situation géographique ou niveau social devrait avoir d’égales chances d’accès à l’éducation de qualité dans cette ère portée par la révolution digitale

Nos activités principales sont le

– Coding Trainings : Via des formations pratiques régulières et personnalisées basées sur les approches de pensée critique, problem-solving, nous donnons à nos apprenants de réelles compétences en programmation créative, en robotique et en gestion de projets.

– AI – Challenge : Il s’agit d’une activité tripartite de créativité au cours de laquelle les enfants de 8 à 15 ans, leurs familles et les responsables éducatifs démystifient les concepts technologiques et apprennent à utiliser les outils de l’Intelligence artificielle pour résoudre les problèmes réels ;

– Orientation et Mentorat : Avec un système de mentorat personnalisé et les outils de réalité virtuelle en support, nous créons des opportunités, des attitudes positives et de leadership qui permettent à nos étudiants de s’engager et à exceller dans les filières de sciences et de technologies ainsi que se distinguer dans des compétitions locales et internationales.

Notre principal produit est abcCode. Nous l’avons récemment conçu et, testé avec environ 300 enfants du Cameroun et de la RDC. En une phrase, il s’agit d’un programme pédagogique se fondant sur un logiciel ludique, intuitif et intelligent qui développe la créativité et initie les enfants dès leur plus bas âge au codage et à la robotique. Ce logiciel est en français et peut être adapté rapidement à toute autre langue. Notre objectif est de s’adresser aux tout petits dans leurs langues maternelles et ainsi faire que l’anglais ne soit plus dans ce domaine un frein pour les jeunes enfants non anglophones.

Ce programme pédagogique abcCode s’adresse aux écoles secondaires désireuses d’accélérer l’éveil et la créativité des enfants grâce à technologique. Il s’adresse également aux ONG et/ou institutions désireuses d’organiser des camps de créativité ponctuels.

Le lancement officiel du logiciel a eu lieu le 18 mai sous le haut patronage du Ministère des Postes et Télécommunications et le concours d’Orange et l’Institut Français du Cameroun.

La petite histoire de départ

Surnommée « la codeuse » j’ai été frustré à mes débuts par un phénomène étrange le « girls coding phobia ». Je ne comprenais pas l’attitude de certaines – la majorité – des filles de ma filière qui avaient une sainte frayeur de coder ou d’ouvrir un ordinateur.

J’étais aussi étrange pour elles qu’elles l’étaient pour moi. Bien que travaillant à mi-temps dans des boites de développement de la place, à partir du niveau Master 1, j’ai rejoint des communautés qui avaient pour objectif de démystifier la technologie, de la rendre plus accessible au grand public (Google Developers Group, Journée du Logiciel Libre… puis Women Tech Makers) et le résultat était quasi le même : Faites un évènement tech pour les femmes, elles y seront à 15%.

Face à cela, j’ai donc fondé en 2015 WIT, une association dont le but était de créer une plateforme d’entre-aide qui mettrait en lumière des femmes qui excellent dans le domaine scientifique/technologique afin qu’elles puissent inspirer leurs cadettes. En zone urbaine comme en zone rurale, nous avons « prêché la bonne nouvelle de la tech pour l’autonomisation de la femme ».

J’ai été mentor et coach principal du Cameroun dans le cadre de compétitions internationales pour encourager les filles dans les domaines de STEM dont Technovation. J’ai créé et adapté des supports techniques pour les filles et coachs du Cameroun, renforcer les capacités techniques des coachs via la maitrise des outils technologiques imposés pour lesdites compétitions. Entre 2015-2016, j’ai eu à coacher environ 70% des coachs des équipes du Cameroon.

L’engouement était grandissant, mais toujours timide à mon goût. Le déclic est arrivé lorsqu’une jeune dame m’a interrogé « Arielle quel est ton problème ? Qui t’a dit que nous avons un problème ? » J’ai été choquée par cette remarque qui remettait en question le bien-fondé de mes actions et énergies. Mais elle avait raison, et c’était bien la preuve que le mal était plus profond. En effet, depuis la tendre enfance, du cocon familial à l’école, elles sont éduquées dans un environnement plein de stéréotypes sexistes sur les métiers. L’univers de la technologie est pourtant l’un des seuls qui ne demandent pas de force physique, mais tout juste un état d’esprit curieux et créatif.

J’ai donc décidé de retourner à la racine du problème en créant CAYSTI, un « school tech incubator » en février 2017.

Le point sur ton entreprise a ce jour

Nous comptons déjà 5000 jeunes formés via nos activités depuis 2017 ; 55 nouveaux leaders de la technologie ; 6 prototypes prometteurs conçus par nos apprenants âgés de 7 à 16 ans ; et 6 distinctions technologiques internationales gagnées par nos apprenants.

Comme distinctions et honneurs de CAYSTI, nous avons été élus
– Meilleur projet d’éducation et d’apprentissage aux World Summit Awards (2017),
– Lauréat du Prix Orange de l’Entrepreneuriat Social (2017), – Vainqueur du Grand Prix d’Innovation PMExchange (2017), – Finaliste PITCH HUB AFRICA (2018).
Pour ce qui est des distinctions, et honneurs personnels, nous avons été désignées
– Actuelle ambassadrice du Next Einstein Forum au Cameroun 2017 – 2019
– Techwomen 2016 : classée en 2016 dans le top 4% de femmes leaders du domaine scientifique technologique par le programme TechWomen du Département d’Etat des Etats-Unis.
– Mentor certifié par le US Mentoring Standard,
– Queens’ Young Leader runner up 2016 : Le programme jeunes leaders de la Reine d’Angleterre découvre, célèbre des jeunes exceptionnels des pays du Commonwealth, qui aurait un héritage durable ;
– Prix d’Excellence Femme Digitale par CEFEPROD et ONU Femmes Cameroun,
– Vainqueur de la compétition « Les Nanas Awards » par l’association « Rayons de Soleil » et l’Ambassade des Etats-Unis au Cameroun.
Notre mission consiste à créer la future génération des leaders de la technologie et d’infuser aux jeunes l’amour de la science et la culture de la technologie.

Les grandes difficultés rencontrées dans ton parcours

Au cours de notre parcours, nous avons eu de la peine à trouver des alliés et ressources humaines partageant la même vision.

Nous avons aussi fait face à la timidité de la cible : le corps éducatif camerounais et essentiellement ont eu du mal à saisir à priori le bien-fondé de la nécessité de changement de paradigme dans l’éducation : de l’éducation « industrielle » vers une éducation personnalisée qui guide l’apprenant dans la découverte et l’affirmation de soi, les soft-skills (leadership, communication, gestion de projets, etc.), le développement de la créativité, l’appropriation responsable de la science et de ses débouchés technologiques ainsi que l’initiation à l’innovation et à l’entrepreneuriat

Des soutiens ? Si oui, les citer

Mes parents sont un soutien inconditionnel et surtout mes 05 sœurs qui sont mon premier fan-club. Mon encadreur de thèse : Pr Maurice TCHUENTE, le Technopole Sup-Valor (l’incubateur de l’Ecole Supérieure Polytechnique qui nous a soutenus dès les premières heures) m’ont aussi soutenu…

Le mot ou le conseil a ceux qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat
Pour réussir, je pense que chaque jeune se concentre sur sa passion, qu’il travaille intelligemment et qu’il soit positif.

Ta philosophie du leadership

J’applique la philosophie des 4 P à savoir, la Passion, le Partage, la Persévérance, la Positivité, les People.

Tes activités connexes

Je suis doctorante en Informatique option génie logiciel : mon travail de thèse de doctorat avec l’équipe UMMISCO, a donné naissance à la plateforme Epicam : le réseau national de surveillance de la tuberculose actuellement utilisée par le Ministère de la Santé Publique et déployée dans les 51 plus grands centres de diagnostic et de traitement de la tuberculose au Cameroun.

Par ailleurs, je suis ambassadrice du Next Einstein Forum.

Initié par l’Institut Africain des Sciences Mathématiques (AIMS) en partenariat avec la Fondation Robert Bosh, le Next Einstein Forum est l’un des plus grands rendez-vous de la science africaine. Tous les deux ans, une nouvelle classe d’Ambassadeurs NEF (à raison d’un ambassadeur par Pays Africain) est choisie selon un processus holistique qui passe en revue leurs productions scientifiques, leurs compétences académiques, capacités entrepreneuriales et leurs récents efforts d’engagement public, particulièrement en ligne.

Les Ambassadeurs doivent également démontrer une passion pour être l’inspiration de la prochaine génération de leaders scientifiques. Je suis également la nouvelle ambassadrice du Cameroun pour les années 2018 et 2019. Par la même occasion, j’ai été retenue pour organiser la semaine de la science et de la technologie en octobre 2018.

BCJN

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