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Yaoundé - 24 avril 2024 -
Portraits

Koko Aldo et Yves Martial Tientcheu, co-propriétaires du site Le Bled Parle

Koko Aldo et Yves Martial Tientcheu, co-propriétaires du site Le Bled Parle

(Investir au Cameroun) - Koko Aldo et Yves Martial Tientcheu sont deux jeunes camerounais épris de journalisme. Ils ont osé réaliser leurs rêves en mettant sur pied leur propre site d’informations. Téméraires et ambitieux, ils continuent de rêver et se donnent chaque jour de la peine et des moyens pour pouvoir hisser Lebleparle.com parmi les meilleurs sites d’info-divertissement en Afrique francophone. En leurs propres mots, ils se décrivent et vous présentent leurs parcours.

Information personnelle

Koko Aldo : Je suis Koko Aldo. Je suis né le 12 septembre 1990 à Yaoundé.
Yves Martial Tientcheu : et moi Yves Martial Tientcheu. On va dire que je suis le grand frère (rire) je suis né le 25 février 1990 à Yaoundé.

Parcours académiques et professionnels

Koko Aldo : J’ai un parcours atypique. Après mes études secondaires, j’ai relativement beaucoup voyagé. Entre le Cameroun, la Belgique, Malte, la France… je peux dire que j’ai goûté à des systèmes éducatifs différents. Récemment, j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur en informatique en France. Mais tous les informaticiens vous le diront, le talent d’un ingénieur est de sa propre responsabilité. A l’école on apprend que le strict essentiel, voire moins.

Je n’ai donc pas d’hésitation au moment de dire que j’ai appris plus par moi-même et dans différents domaines que sur les bancs d’études. Je me considère sans prétention comme un « full-stack » du digital. Je peux écrire des milliers de lignes de code pour concevoir une application, site web ou autre besoin, je peux convertir une idée en un projet que je vais gérer. J’ai également des compétences en référencement, en community management, en rédaction des dépêches. Par ailleurs, je peux définir des stratégies de développement et faire plusieurs autres choses qui tournent autour du digital ou des médias. Ça peut paraitre prétentieux comme ça, mais c’est ce que j’ai été obligé de faire pour contribuer à la survie de notre projet. Et ça c’est la meilleure des écoles, c’est l’un des plus gros avantages d’entreprendre.
Je suis aujourd’hui le Ceo du projet. Yves Martial est beaucoup plus Éditorial, c’est le rédacteur en chef. Je le dis sans exagération, il est très fort, compétent et talentueux. C’est très difficile de trouver meilleur collaborateur au Cameroun, je pense.

Yves Martial : Quant à moi, je suis titulaire d’un Master en Biotechnologies végétales appliqué à l’agriculture obtenu à l’université de Yaoundé 1 au Cameroun. Mon profil attire certaines attentions. Il faut préciser que j’ai commencé à flirter avec le journalisme en 2008 après mon baccalauréat au Lycée de Biyem-ASSI. C’est en côtoyant des aînés, des amis, en allant à la radio, en lisant, en demandant conseil, qu’aujourd’hui je peux être à l’aise dans ce métier. Je n’ai pas encore eu l’occasion de suivre des études en journalisme. Simplement par la force de la passion je rédige des textes qui donnent satisfaction à nos abonnés.

Présentation du projet

Koko Aldo : Lebledparle.com est un ensemble de deux termes : Le bled qui est un argot français, qui renvoie au pays, il signifie pour les émigrés, « le pays d’origine » ou « le village d’origine ». Et pour les locaux, il définit leur sentiment d’appartenance, leurs terres où rien n’est faussé. C’est une manière de dire qu’à cet endroit c’est la vérité, il n’y a aucune prise position, tout est vrai. Il y a ensuite Le mot « parle » qui est suffisamment explicite. Lebledparle c’est simplement pour dire qu’au pays (au bled) il y a des choses qui se disent, des choses qui se passent, des évènements qui s’y déroulent…et que cela est relaté dans toute sa véracité sans aucune prise de parti. C’est un concept de proximité avec notre audience. Notre mission est principalement d’informer le public et valoriser les talents. Nous nous sommes aussi donnés pour mission d’inculquer la culture 2.0 à quelques jeunes qui découvraient ce monde. Surtout que les universités du Cameroun n’offrent pas réellement des formations axées dans le 2.0 en communication, journalisme et marketing.
Le site voit le jour en mars 2012. Attention par contre, ce n’était pas très beau, nous étions des étudiants très débutants…. Nous n’avions ni moyens ni ressources, il fallut deux ans environ pour réellement exister aux yeux de nos confrères.
Aujourd’hui, nous avons diversifié nos offres. Nous accompagnons les entreprises dans leur stratégie de communication sur le web, nous offrons des espaces de communication adaptés à la cible, communiquons pour des artistes et labels de musique, nous offrons des formations accélérées sur différents domaines du digital. En parallèle, nous faisons du conseil IT. Nous ambitionnons de développer une offre commerciale sur nos médias, mais nous y reviendrons au moment opportun.

Yves martial : Le média étant généraliste nous avons comme rubriques, la politique, l’économie, le sport, les faits de sociétés et divers, les Hig-Tech, l’agenda culturel. Nous avons également comme rubriques, la culture, les Peoples. Une rubrique qui définit notre ligne éditoriale c’est la rubrique Talent où l’on met avant les talents camerounais et africains. On retrouve aussi sur lebledparle.com des rubriques réservées aux interviews, aux chroniques.

La petite histoire de départ

Yves Martial : Peut-être faut-il rappeler que Koko et moi sommes des camarades de Lycée. Nous nous connaissons depuis le lycée de Biyem-assi à Yaoundé. C’est en janvier 2012 qu’il me contacte sur Facebook. En ce moment il est en Belgique et prépare un Bachelor. Il me fait part de l’idée de créer un journal dans lequel il voudrait qu’on bosse ensemble. Et moi je bouclais ma licence en Biologie. J’ai accroché à l’idée et ensemble on a réfléchi sur le nom du journal, après plusieurs jours de prises de tête. Ensuite nous avons pensé aux rubriques et tout. Lui étant informaticien et avec des prérequis dans le développement web, il va concevoir la première maquette du site qui apparaît sur le web en mars 2012. Ensuite, nous commençons à administrer le site web et animer les différents réseaux sociaux en parallèle avec nos études.

Koko Aldo : Pour être un peu plus précis, il y avait une petite envie de changer le monde dans la création du site Lebledparle.com.A cette époque et peut-être encore aujourd’hui le sentiment d’anonymat derrière une plate-forme web apportait une réelle confiance au moment de dénoncer. Et donc nous voulions dénoncer les injustices (Le bled – parle) avec ce projet. Dans le même temps, il était question de nourrir un vieux rêve enfoui dans les discours de Sankara ou Luther King. Il était question de donner du travail aux jeunes, d’entreprendre pour construire un Cameroun toujours plus grand. Un continent africain toujours plus grand. Contribuer. Et bien sûr, de nourrir nos passions respectives pour l’univers des médias, du journalisme, de l’entreprenariat. Je rappelle sur ce point que dès le lycée, Yves était incollable sur l’actualité au Cameroun. Il me saoulait à longueur de journée avec les présidents, les ministres, etc. moi je voulais être footballeur.
Quand nous avons dévoilé la première version de ce site, nous n’avions rien, pas de collaborateurs, pas de ressources ; nous étions des étudiants. Pendant plusieurs années nos lecteurs nous faisaient des retours positifs pensant à raison que derrière ce média existait une grosse équipe. En réalité, nous n’étions que deux étudiants à l’animation. Il s’agissait uniquement de passion et de challenge. Bien entendu aujourd’hui, cela a changé.

Le point sur l’entreprise

Koko Aldo : Aujourd’hui, vous l’avez surement remarqué, nous sommes un des médias les plus populaires sur le web au Cameroun. Sur les deux dernières années, notre audience a pratiquement doublé. Nous informons en moyenne 250 000 personnes chaque mois. Cette fin d’année va être très importante pour nous. Nous sommes en train d’aménager nos locaux à Yaoundé. Dans le même temps, nous avons démarré une grosse phase de recrutement. Nous prévoyons également de nous doter de différentes ressources matérielles.
Notre ambition est de construire un écosystème de médias camerounais ou africains. Nous souhaitons thématiser nos plateformes de façon à satisfaire un public de plus en plus éduqué. L’époque du garage est terminée. Aujourd’hui avec l’essor des réseaux sociaux et surtout la façon dont ceux-ci sont gérés, être qualitatif est primordial. Pour le moment, nous nous sommes focalisés sur une autre passion qui est le sport. A ce titre, nous avons mis en ligne le site d’actualité sportive en Afrique https://www.lattaquant.com qui est actuellement en bêta test et sera nous l’espérons, en parfait état pour relayer des informations sur la coupe du monde imminente.

En termes de réalisations, nous avons formé de nombreux jeunes dans l’univers des médias et du digital. Nous sommes arrivés l’année dernière au podium du classement des médias effectué par Mediatude pour le compte de l’année 2017.
Depuis de nombreuses années, Lebledparle.com est partenaire média des évènements culturels au Cameroun. Ça a toujours été un plaisir pour nous de collaborer avec des partenaires internationaux comme JeuneAfrique ou autres. Nous avons accompagné de nombreux artistes dans leur éclosion, avons mis en lumière des startups qui sont devenues des standards aujourd’hui.

Les grandes difficultés rencontrées dans votre aventure

Yves Martial : D’abord il y a les parents et certains proches qui ne comprennent pas toujours ce que nous faisons sur internet. Ce que nous trafiquons toujours devant l’ordinateur devant notre téléphone portable. Ils ont l’impression que nous ne faisons rien de bon et de concret. Nous pouvons les comprendre. Chaque parent aimerait entendre de son fils des phrases telles que « Papa j’ai trouvé un stage à NIVEA, aux Brasseries, à l’IRAD…). Donc il faut pouvoir les convaincre. Il y aussi la vie d’étudiants. Qui dit étudiant, dit emploi de temps. Le monde du web est un milieu qui demande beaucoup d’investissement humain. A côté il y a nos études qu’on ne devait pas négliger. Parfois ça été l’une des causes des premiers découragements. Cette activité nous emmenait à négliger nos études. Pour moi qui suis Biologiste il faut à tout moment me rassurer et rassurer les autres que non je ne me suis pas égaré, que mes études vont me servir.
Aujourd’hui je suis fier de pouvoir quitter d’un domaine à l’autre.
Koko Aldo : J’ai envie de dire que les ressources financières ont été un problème, mais je pense que c’est un embarras que rencontrent la plupart des jeunes entrepreneurs qui démarrent durant leurs études. Même s’il est clair que rentabiliser un média en 2018 est un parcours du combattant, il est tout aussi vrai que c’est le cas dans de nombreux autres domaines.

En outre, je citerai la ressource humaine qualifiée. Plus le sujet est précis, plus il est difficile de trouver le collaborateur que l’on veut. Je tiens à préciser à ce sujet que sur Lebledparle.com, nous n’avons pas d’employés en tant que tels. Nous parlons plus de collaborateurs, nous sommes une équipe soudée. C’est vraiment un esprit startup.
Pour revenir aux difficultés, j’évoquerai aussi le contexte économique du pays. Avec les coupures récurrentes d’électricité par exemple, l’aspect « actualité temps réel » n’est pas toujours garanti.

Des soutiens ?

Koko Aldo : Oui, oui c’est nécessaire, vital. Et c’est une très bonne question de votre part. Je tiens à saluer en premier lieu tous les collaborateurs qui ont contribué ou contribuent avec passion au projet. Ce n’est pas une liste exhaustive, mais je pense à ChancelinWabo qui fait un excellent travail, à Paola Nyounai, EricNdomè, ColbieMedjom, Marcel Abanda, Hervé Fopa, Arnauld Bavoua le monteur vidéo. Un projet n’existe pas sans une équipe dévouée. C’est comme une démocratie sans peuple.
Par la suite, à titre personnel, ma famille a été très importante. Je remercie donc mes frères, qui ont su m’apporter leur soutien quand cela a été nécessaire. Bien entendu, je m’abaisse devant mes parents. Mon père est un féru d’actualité, il nous encourage depuis très longtemps dans ce projet. Et ma mère a dû faire nombre de sacrifices pour tolérer mes journées entières passées devant un ordinateur. Corneille dit que le bon Dieu est une femme.

Yves Martial : Comme Koko l’a dit plus haut, la famille a été très importante. Mes frères et sœurs ont été les premiers dans l’entourage à liker notre page Facebook ; à l’époque où on se battait à obtenir 100 abonnés. Sans oublier quelques amis qui à chaque fois ont eu les mots justes pour me dire de ne pas me décourager quand je manquais de 100FCfa pour aller au cyber café.

Le mot ou le conseil à ceux qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat

Koko Aldo : Vous voulez ? Vouloir c’est du temps perdu. Vous devriez déjà y être. Comme dit Corneille dans le Cid, « Va, Cours, Vole et Venge-nous ».

Philosophie du leadership

Koko Aldo : Je n’ai pas la prétention de me définir comme tel. Mais pour moi, un leader est un ouvrier qui sait s’adapter à l’environnement d’exercice. Il faut transpirer avec son équipe, l’écouter d’égal à égal, penser avec elle, vivre son émotion. C’est comme Gandhi, si tu dis il ne faut pas manger, il faut être le premier à ne pas le faire. La notion d’environnement, de contexte est aussi très importante selon moi.
Mais des fois il faut utiliser le marteau de Thor, malheureusement.

Yves Martial : Je pense que chacun de nous est un leader à sa manière, chacun peut influencer positivement autour de lui à sa façon. A titre personnel, j’aime partager ce que je sais avec les autres. Parfois je me donne un peu trop pour les autres. C’est ma façon à moi de faire progresser l’équipe qui m’accompagne.

Activités connexes

Yves Martial : Grâce à mes études en Biologie, j’ai pu décrocher il y a quelque temps, un autre emploi en tant que Chercheur en Technologie Alimentaire. En parallèle aussi je travaille sur une très jeune Plateforme qui vise la mise en valeur (valorisation) via le web et la sauvegarde des ressources alimentaires, pour une alimentation plus saine.

Koko Aldo : Je suis ingénieur informatique, je travaille dans une entreprise en France. A part ça, je suis un vieux mélancolique. Je suis un grand amoureux de l’histoire de l’Afrique et d’ailleurs, de la musique d’avant et même des romances d’avant.

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