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Yaoundé - 29 mars 2024 -

Dans cette interview qui sera publiée en intégralité dans le magazine Investir au Cameroun du mois de novembre, à paraître dans les prochains jours, le Directeur de l’Institut Afrique RSE esquisse un état des lieux succinct de l’implémentation de la RSE au Cameroun.

Investir au Cameroun : A quoi renvoie concrètement la RSE ?

Thierry Téné : La Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) renvoie au respect par toute organisation (grande entreprise, PME/PMI, ONG, organisation internationale, administration, ONG, OSC) des législations fiscales, sociales et environnementales. Grâce à une écoute et un dialogue permanent avec ses parties prenantes, la RSE permet d’innover pour mieux répondre aux besoins des consommateurs et d’assurer la paix sociale avec les communautés locales.

IC : Et si on vous demandait de dresser un état des lieux succinct de la RSE au Cameroun…

TT : Actuellement au Cameroun, on constate une revendication de la notion d’entreprise responsable, éthique ou citoyenne par les organisations locales. Par contre, les actions qui sous-tendent ces revendications se résument parfois à de la philanthropie. Il conviendrait à ces entreprises d’intégrer ces pratiques à leurs métiers, plutôt que de se positionner sur des initiatives assez périphériques.

Il y a un paradoxe entre les entreprises qui «s’auto-déclarent» citoyennes alors qu’elles ne sont pas en conformité avec leurs obligations sociales, fiscales et environnementales. Cependant, une poignée d’entreprises pionnières impulsent la dynamique sur certaines questions centrales. Notons également qu’il y a de plus en plus de poste de responsable RSE qui sont créés dans les entreprises.

Le consommateur est encore «tolérant» des pratiques non responsables et ne sanctionne pas par son acte d’achat les entreprises irresponsables. Mais les choses évoluent. Les étudiants (qui sont également des consommateurs) sont de plus en plus intéressés par la RSE au point d’en faire leur sujet de mémoire.

Au niveau des pouvoirs publics, malgré l’absence d’une législation incitative, le ministère des PME, de l’Economie sociale et de l’Artisanat a récemment mené une réflexion sur les politiques publiques de RSE au Cameroun.

IC : Au Cameroun, comme dans d’autres pays d’Afrique, les sociétés agro-industrielles sont les plus grandes pourvoyeuses d’emplois. Paradoxalement, elles sont les plus mises à l’index pour destruction de l’environnement, accaparement des terres des riverains, exploitation à la limite esclavagiste des ouvriers… En se focalisant sur le cas camerounais, peut-on dire que l’agro-industrie est le cimetière de la RSE ?

TT : C’est vrai que les agro-industries ont fait l’objet de plusieurs dénonciations au cours de ces dernières années sur certaines de ces questions. Ce sont des activités à risque. Il va de soi qu’on ne saurait pratiquer une activité agricole sans déblayer ou aménager des hectares de terrain, et parfois au gré du déplacement des communautés comme c’est d’ailleurs le cas avec l’activité minière.

La forte interpellation des agro-industries résultent de la convergence de plusieurs facteurs. Dans un contexte camerounais, où la question foncière est à cheval entre la loi foncière et le respect des pratiques coutumières, l’acquisition des terres agricoles posent souvent problème.

Le développement agricole a généralement lieu en zone rurale où les populations sont les plus démunies. Les agro-industries étant des ilots de richesse dans les océans de pauvreté. Elles subissent donc la forte pression sociale des communautés locales souvent abandonnées par l’Etat.

L’agriculture intensive cause également de nombreuses pollutions environnementales.

Dans le passé, il y a des conditions de travail dans certaines agro-industries qui se rapprochaient de l’esclavage. Même si les choses ont évolué et que des progrès restent à faire, les entreprises agricoles souffrent encore de cette mauvaise réputation.

Cependant, les agro-industries peuvent s’appuyer sur un fort engagement RSE pour améliorer leur image et maintenir la paix sociale.

IC : Au niveau africain, classeriez-vous le Cameroun parmi les bons, moyens ou plutôt les mauvais élèves en matière d’implémentation des pratiques RSE ?

TT : A ce stade de nos réflexions sur le sujet, le Cameroun serait plutôt moyen. Nous menons actuellement une étude sur l’Etat des lieux de la RSE en Afrique, et ce n’est qu’à son terme que nous pourrons avoir une appréciation par sous-région et par pays.

Interview réalisée par Brice R. Mbodiam

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L’Institut RSE Afrique, qui œuvre pour l’appropriation et l’implémentation des pratiques RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) dans les entreprises africaines, vient de décerner à la Cameroon Railways (Camrail), le concessionnaire du chemin de fer camerounais, le premier «Prix RSE-RH Marikana 2015», annonce l’entreprise dans un communiqué.

Selon le transporteur ferroviaire national, «ce prix consacre la politique volontariste des ressources humaines de Camrail, qui emploie en moyenne 2.100 agents. Cette politique mise en œuvre depuis 15 ans a permis entre autres d’améliorer le niveau du salaire mensuel moyen d’un agent passant de 245 000 FCfa (1997-1998 ex-Régifercam) à 400 000 FCFA (Camrail) en 2014, et d’assurer une couverture médicale à 80% des cheminots et leurs ayants droit, pour un effectif social de 10.000 personnes à travers 7 centres médicaux répartis sur l’ensemble du réseau».

Ce prix pour lequel le jury était présidé par le Pr Emmanuel Kamdem, directeur de l’école supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) de l’Université de Douala, explique les organisateurs, célèbre les meilleures pratiques de relations et conditions de travail dans le contexte africain, en hommage aux mineurs de Marikana, morts pour avoir réclamé de meilleures conditions de travail en Afrique du Sud.

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L’Institut RSE Afrique que dirige le Camerounais Thierry Téné (photo), vient de publier une enquête sur la perception et la pratique de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) au sein des entreprises camerounaises. Ce sondage dont l’agence Ecofin a eu copie des résultats, apprend-on, a été réalisé avec le concours de l’Association des gestionnaires des ressources humaines du Cameroun et du Syndicat des industriels du Cameroun (Syndustricam).

Selon les résultats de ce sondage réalisé sur un échantillon de 16 entreprises revendiquant un chiffre d’affaires cumulé de 710 milliards de francs Cfa et plus de 20 000 employés, «Les gestionnaires des ressources humaines (des entreprises sondées, Ndlr) ne sont pas suffisamment imprégnés de la notion de responsabilité sociétale des entreprises».

Plus grave, révèle le sondage de l’Institut RSE Afrique, «73 % des sociétés sondées ne disposent pas d’un service développement durable ou RSE», tandis que 57 % d’entre elles n’ont aucune idée de l'existence de la norme ISO 26 000 régissant cette pratique.

Au demeurant, bien qu’ignorant pour la plupart les réalités de la RSE, une immense majorité des entreprises (92%) camerounaises ont confié aux enquêteurs de l’Institut RSE Afrique, que l’implémentation de cette pratique est susceptible d’améliorer leurs performances.

En rappel, selon les experts, la RSE est la prise en compte par les entreprises, des incidences de leurs activités sur la société et l’environnement. Plus simplement, explique l’encyclopédie en ligne Wikipédia, la RSE est «la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable».

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