(Investir au Cameroun) - Le ministre camerounais de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Zacharie Perevet, vient d’opposer une fin de non-recevoir à la « validation des contrats de travail des employés de nationalité vietnamienne de la société Viettel Cameroun », entreprise de téléphonie mobile opérant sous le nom Nexttel.
Dans une correspondance datée du 13 novembre 2018, adressée au directeur général de la société, il souligne qu’il ne lui est pas « paru opportun d’accorder le visa » sollicité, par le biais d’une requête à lui adressée en octobre 2018.
C’est que, explique Zacharie Perevet, certains des employés concernés par la validation de leurs contrats de travail « sont détenteurs de visas temporaires », et la réglementation camerounaise stipule « qu’est rejeté de plein droit tout contrat de travail d’étranger résidant au Cameroun, sous le couvert d’un visa temporaire ou touristique ».
Aussi, le ministre de l’Emploi suggère-t-il au top management de Nexttel, de « cesser toute relation professionnelle avec les intéressés, au cas où ils auraient déjà commencé à exercer leurs fonctions ».
Sur une liste de 23 employés, annexée à la correspondance, l’on retrouve les noms du directeur général de Nexttel, Nguyen Duc Quang, et du directeur général adjoint technique, Doan Thanh Binh, dont les contrats de travail ont respectivement expiré le 15 octobre 2017 et le 12 janvier 2013, précise-t-on dans le document. Les 21 autres employés de cette liste sont détenteurs de visas temporaires, souligne le ministre Perevet.
Le 16 novembre 2018, dans une nouvelle lettre adressée, non plus au directeur général en situation irrégulière, mais plutôt au PCA de Nexttel, le ministre informe que « compte tenu, d’une part, de la présence des travailleurs vietnamiens en situation irrégulière […], et d’autre part, du fait que le personnel camerounais en 5 ans a déjà acquis l’expérience nécessaire pour occuper les postes jadis attribués aux expatriés, des mesures seront prises afin que les contrats arrivés à échéance ne soient pas renouvelés ».
Zacharie Perevet joint cette fois-ci à sa correspondance une liste de 34 noms, parmi lesquels ceux de 27 employés dont les contrats ont expiré depuis 2013 dans le pire des cas, et depuis 2016 dans le meilleur. Sur la même liste, sept employés sont détenteurs de contrats qui « n’ont jamais été déposés » auprès des autorités camerounaises compétentes, mais « travaillent depuis près d’un an », précise-t-il.
En 2014, apprend-on de sources autorisées, la situation des employés vietnamiens du 3ème opérateur de mobile au Cameroun, en situation irrégulière, avait déjà fait l’objet d’une réunion à la Primature. Au cours de cette rencontre, il avait été dûment rappelé aux dirigeants de cette entreprise, la nécessité de respecter la réglementation camerounaise s’appliquant aux étrangers, en matière d’emplois rémunérés.
La sortie du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle survient dans un contexte marqué par le durcissement de la bataille pour le contrôle de cette entreprise, qui oppose les deux principaux actionnaires de Nexttel. Il s’agit de Viettel Global - groupe de télécommunications affilié au ministère vietnamien de la Défense, qui contrôle 70% du capital de Nexttel (devenue l’entité la plus performante de ce groupe vietnamien en Afrique, au premier semestre 2016) - et Bestinver, entreprise contrôlée par le milliardaire camerounais Baba Danpullo, lequel détient 30% du capital.
Brice R. Mbodiam
Lire aussi: