(Investir au Cameroun) - Depuis l’année 2014, l’activité fret de Camrail, le concessionnaire du chemin de fer camerounais, est de moins en moins reluisante, selon Pascal Miny, le directeur général de cette entreprise contrôlée par le groupe Bolloré. « Elle est devenue beaucoup moins rentable qu’auparavant et nécessite beaucoup plus d’investissements », précise-t-il au cours d’une conférence de presse organisée le 15 avril 2019 à Douala, à l’ouverture des festivités marquants les 20 ans de Camrail.
À en croire le top management de l’entreprise ferroviaire camerounaise, la baisse de l’activité fret est consécutive au ralentissement drastique de l’économie tchadienne. Ce ralentissement, survenu à partir de la fin d’année 2014, est le fait de la chute des cours mondiaux du pétrole brut.
Concurrence
En conséquence, apprend-on de sources officielles, sur la période 2015-2018, Camrail a perdu environ 50 % du fret tchadien (largement dominé par les hydrocarbures). Il représentait alors jusqu’à 35 % du portefeuille fret du transporteur ferroviaire camerounais, selon le directeur commercial de Camrail, Mesmin Tchoua.
À côté de l’effondrement du marché tchadien, souligne le DG de Camrail, le transporteur ferroviaire camerounais doit faire face à la concurrence de plus en plus rude des transporteurs routiers, dont les coûts des prestations sont jugés plus compétitifs.
Cette réalité contraint non seulement Camrail à revoir très souvent ses tarifs, mais aussi à lorgner sur de nouveaux marchés. Il en est ainsi du marché centrafricain, sur lequel l’entreprise ferroviaire camerounaise se donne pour ambition de capter 10 % des parts, au cours de cette année 2019, apprend-on de bonnes sources.
Tracasseries
Au demeurant, le ralentissement de l’activité fret observé chez Camrail est une réalité beaucoup plus globale. Cette dernière est consécutive aux problèmes d’attractivité décriés au port de Douala (délai prolongé de passage des marchandises, engorgement de l’espace portuaire…), la principale plateforme portuaire du pays, ainsi qu’aux nombreuses tracasseries que vivent les transporteurs sur les corridors Douala-Ndjamena et Douala-Bangui.
À cause de ces différents maux, beaucoup d’opérateurs économiques ont déserté le port de Douala. C’est le cas notamment de nombreux opérateurs économiques tchadiens et centrafricains, qui préfèrent désormais les ports du Soudan ou encore du Bénin, selon les analyses faites par les responsables du port de Douala.
En conséquence, depuis l’année 2014, le volume de marchandises circulant sur les corridors au Cameroun a été réduit de 600 000 tonnes, causant aux acteurs portuaires et aux transporteurs une perte sèche estimée à près de 200 milliards de FCFA.
Ces chiffres ont été révélés le 11 juillet 2018 à Douala par Cyrus Ngo’o, le directeur général du Port autonome de Douala (PAD). C’était au cours d’un séminaire de trois jours, organisé dans la capitale économique camerounaise, sur la mise en œuvre des recommandations du 2e forum tripartite Cameroun-Tchad-RCA sur les questions portuaires.
Brice R. Mbodiam
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