(Investir au Cameroun) - Officiellement relancés le 1er mars 2018, après 4 ans d’arrêt du chantier, les travaux de construction de la route Mora-Dabanga-Kousséri, sur un linéaire de plus de 200 kilomètres dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, avancent à pas de tortue. Ils sont même de nouveau à l’arrêt depuis plusieurs mois. Afin de faire avancer ces travaux confiés au Génie militaire, une unité spécialisée de l’armée, trois entreprises viennent d’être recrutées comme sous-traitants.
Il s’agit des sociétés PAC International, Millenium et Sombti. De sources proches du dossier, elles devront respectivement se déployer sur les axes Mora-Waza (60 km), Waza-Sale (40 km) et Dabanga-Kousseri (75 km). Le Génie militaire, lui, ne se contentera plus que du linéaire de 30 km entre Sale et Dabanga.
L’objectif du recrutement de ces entreprises est de boucler les travaux à la fin du mois de juin 2020. À en croire nos sources, c’est la date arrêtée par la Banque mondiale, le bailleur de fonds du projet, pour clôturer la ligne de crédit ouverte à ce sujet dans ses livres depuis bientôt 10 ans. Il est donc non seulement question de terminer rapidement les travaux, mais surtout d’accélérer les décaissements des fonds mis à disposition par cette institution de Bretton Woods.
En effet, la construction de cette route, qui ouvre sur le Tchad et le Nigeria, a connu beaucoup de péripéties. En plus des lenteurs structurelles rencontrées dans les projets au Cameroun, les travaux de la route Mora-Dabanga-Kousseri ont été entravés par l’insécurité créée par Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun.
Après leur lancement, ces travaux avaient été brutalement interrompus le 16 mai 2014, à la suite d’une attaque de la base-vie de la société Sinohydro, alors chargée d’exécuter le contrat. Cette attaque menée par des terroristes de Boko Haram s’était soldée par l’enlèvement de 10 employés de la société chinoise. Ces employés, tous des Chinois, avaient par la suite été libérés, après d’âpres négociations conduites par les autorités camerounaises.
En dépit de plusieurs promesses de retour sur le chantier, Sinohydro finira par jeter l’éponge. Pour la reprise et la conduite des travaux en toute sécurité, le gouvernement camerounais, sur autorisation de la Banque mondiale, confiera le chantier au Génie militaire, dont le cahier de charges prévoyait la livraison du chantier en 24 mois.
C’était visiblement sans compter avec d’autres impondérables, qui ont finalement contraint le maitre d’ouvrage (ministère des Travaux publics) à recruter trois sous-traitants en urgence. Pour ne pas faire perdre au Cameroun le financement de ce projet, mis en place depuis bientôt 10 ans.
Brice R. Mbodiam
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