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Yaoundé - 24 avril 2024 -
Travaux publics

Plus de 7300 tonnes de fer à béton illégalement importées par le Chinois CHEC sous scellés au port de Kribi

Plus de 7300 tonnes de fer à béton illégalement importées par le Chinois CHEC sous scellés au port de Kribi

(Investir au Cameroun) - Depuis quelques semaines, le gouvernement camerounais, à travers le ministère du Commerce, celui en charge des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, ainsi que l’Agence des normes et de la qualité (Anor), a apposé des scellés sur une cargaison de plus de 7300 tonnes de fer à béton. Ce matériau de construction a été importé par la société chinoise CHEC, dans le cadre de la 2e phase de la construction du port en eau profonde de Kribi, mis en service en 2018 dans la région du Sud du Cameroun.

Pour ces autorités camerounaises, cette cargaison de fer à béton a été illégalement importée, en raison de la mesure de restriction des importations de ce matériau de construction, prise par le gouvernement depuis l’année 2016. En effet, dans une correspondance datée du 31 mai 2016, et adressée au ministre des Finances (Minfi) par de secrétaire général des services du Premier ministre, Magloire Séraphin Fouda, fait savoir au Minfi que « le Premier ministre, chef du gouvernement, demande (…) de suspendre jusqu’à nouvel ordre les importations du fer à béton au Cameroun, dans le but de protéger la production locale ».

C’est fort de cette décision gouvernementale que, après avoir apposé les scellés sur le fer querellé, le ministre du Commerce et son homologue en charge des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, ont, début novembre 2020, sollicité du chef du gouvernement l’autorisation de faire réexporter ou alors vendre aux enchères cette cargaison de fer à béton. À son tour, le PM, à travers le secrétaire général de ses services, a saisi la présidence au début du mois de décembre courant, pour savoir la conduite à tenir face à cette requête. « Le Premier ministre, chef du gouvernement, demeure favorable à la fourniture de ces matériaux de construction par les entreprises locales en capacité de les produire, selon les exigences de qualité requise », souligne cependant la correspondance adressée au secrétaire général de la présidence.

 L’arbitrage de la présidence attendu

L’arbitrage attendu du palais de l’Unité est d’autant plus déterminant pour l’avenir du secteur des aciéries au Cameroun que, soufflent des sources autorisées, une autre cargaison d’armatures en béton, importée cette fois-ci par Nachtigal Hydro Power Company, la société de projet du barrage de Nachtigal (420 MW), est attendue dans les prochains jours au Cameroun. Au grand dam de la production locale, pour laquelle des industriels ont massivement investi ces dernières années, dans l’optique d’accompagner la réalisation des projets structurants lancés sur le territoire camerounais depuis 2012. C’est dans le sillage de ces projets d’infrastructures qu’une aciérie ultramoderne, déjà présentée comme unique en son genre en Afrique subsaharienne, lancera ses machines dans la capitale économique camerounaise, dès l’année 2021, apprend-on de bonnes sources.

« Mais, si ces importations inopportunes se poursuivent, tous ces investissements pourtant encouragés par le gouvernement, qui procurent de nombreux emplois et aident à équilibrer la balance commerciale du pays, n’auront servi à rien du tout. Pour ne pas en arriver à ce triste scénario, surtout au lendemain de la présentation officielle de la nouvelle stratégie nationale de développement, qui met l’accent sur le développement du tissu industriel local, il faut non seulement maintenir la restriction de ces importations, mais aussi imposer de façon réglementaire l’utilisation des matériaux produits localement dans l’exécution de tous les contrats publics relatifs aux infrastructures », soutient un opérateur économique du secteur du BTP.

Une qualité attestée par le Labogénie

Pour justifier ces importations parfois frauduleuses, ou alors bénéficiant des « autorisations exceptionnelles » délivrées par certaines administrations, en dépit des mesures restrictives décidées par le gouvernement depuis 2016, les prestataires des travaux de construction invoquent la nécessité d’utiliser des matériaux respectant des normes spécifiques, inexistantes au Cameroun. C’est par exemple ce qui ressort d’une demande de dérogation spéciale adressée en juin 2020 au ministre du Commerce par le directeur général du Port autonome de Kribi, aux fins d’importation de 17 500 tonnes de fer à béton, pour la réalisation de la phase 2 des travaux de construction du port en eau profonde de Kribi.

À en croire le ministre du Commerce, qui avait aussitôt saisi la Primature de cette demande de dérogation face à laquelle il soutenait mordicus que « le patriotisme économique devrait prévaloir », le directeur général du Port autonome de Kribi (PAK) excipe le fait que « l’industrie locale n’est pas en mesure de fournir en quantité et en qualité les intrants en question, et que des attestations délivrées par des laboratoires indépendants, dont notamment le Labogénie, avaient certifié les écarts des critères normatifs des échantillons présentés par rapport aux intrants requis ».

Pourtant, saisie par ce membre du gouvernement, l’une des aciéries dont la qualité des produits était ainsi incriminée par le DG du PAK, révèle Luc Magloire Mbarga Atangana dans sa lettre au SG de la Primature, « a réfuté les arguments du directeur général du Port autonome de Kribi, et produit des certificats d’analyse de son fer à béton par le Labogénie ». « Ce fer à béton que certains tentent d’incriminer aujourd’hui pour des desseins inavoués a pourtant fait ses preuves sur des chantiers tels que le 2e pont sur le Wouri, les stades d’Olembé et de Japoma, ou encore des barrages hydroélectriques construits ces dernières années dans le pays », fait remarquer un habitué des chantiers d’infrastructures.

Brice R. Mbodiam

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