(Investir au Cameroun) - Au cours d’une mission d’inspection exécutée le 22 juillet, le ministre des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi, a remonté les bretelles à l’entreprise camerounaise Bofas qui a remplacé le Nigérian Atidolf, déclaré défaillant il y a deux ans dans le cadre de la réalisation du second lot (49 km) de la route Soa-Awae-Esse, intégrant la construction de deux ponts sur les rivières Zoui et Afamba.
L'ire du Mintp a été provoquée après les deux arrêts majeurs qui ont meublé la visite de la section Awae-Esse, longue de 33km : le point kilométrique 00 et la carrière destinée à la production des granulats. En effet, le parcours du linéaire de cette section a permis de dégager trois constats : « les travaux évoluent très lentement, la mobilisation de l’entreprise est timide et les granulats produits jusqu’ici ne sont pas conformes aux prescripteurs techniques du projet », a remarqué le membre du gouvernement.
Ces constats, selon le Mintp, sont confirmés par le faible taux d’exécution des travaux qui se chiffre à 25,89% pour une consommation des délais de plus de 60%. Les terrassements généraux sont réalisés à 70,7%, les ouvrages hydrauliques sont réalisés à 80%, soit 11 dalots sur 15. La couche de fondation est réalisée sur 13 km ; la mise en œuvre des couches de base et de roulement n’a pas encore débuté.
Travail de nuit
« Au regard des retards accusés par l’entreprise, le maître d’ouvrage a instruit l’exécution du travail de nuit, la démultiplication des ateliers de travaux, de même que l’élaboration des chronogrammes de réalisation de travaux, comme conditions d’obtention de la prolongation sollicitée par l’entreprise », a-t-on appris au cours de l’inspection du Mintp. Et s’agissant particulièrement des granulats prélevés qui s’avèrent non conformes après des tests effectués par le Labogenie, des améliorations techniques sont envisagées.
Pour sa défense, l’entreprise a égrainé les problèmes rencontrés. On ainsi appris que les indemnisations constituent une préoccupation. Il a été relevé que les compensations se font très lentement et que plusieurs riverains ont dû abandonner leurs biens pour permettre l’exécution des travaux. Le ministre des Travaux publics a alors instruit l’identification des maisons situées dans le couloir des travaux, afin que des mesures soient prises pour des compensations adéquates. En outre, des problèmes de déplacement de réseaux Camwater, Camtel et Eneo ont été relevés.
À ce jour, le taux de facturation s’élève à 36,1% (y compris l’avance de démarrage) pour un montant total de 4,3 milliards de FCFA. Seulement 2,9 milliards de FCFA ont été payés et 1,54 milliard de FCFA sont en attente de payement.
Les travaux de construction de tout le tronçon routier Soa-Awae-Esse (72 km) devaient être exécutés sur une durée de 24 mois. Plus de 38 mois après le début des travaux, l’infrastructure n’est toujours pas livrée. Pourtant, Atidolf avait déjà perçu des décomptes d’un montant de 12 milliards de FCFA sur un coût total du projet de 36 milliards de FCFA, avant son remplacement. Du reste, les délais contractuels prévoient désormais une fin des travaux au mois d’avril 2022.
Sylvain Andzongo
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