(Investir au Cameroun) - Comme solution, les opérateurs envisagent en urgence l’importation de semences subventionnées afin de booster la production nationale.
Selon un communiqué de l’ACDIC, Association camerounaise pour la défense des intérêts collectifs, la campagne agricole qui commence s’annonce difficile pour les producteurs de maïs en raison de nombreux dysfonctionnements dans la distribution des semences, rares et onéreuses. «Sur les marchés, c’est du n’importe quoi. Des semences ‘pannar’ vendues en sac de 20 kg à 1800 F/kg, des semences sans étiquette vendues à 800 F/kg, d’autres avec fausse étiquette de l’Irad ou du Minader vendues à 850. Des grains de maïs peints à la craie rouge qui sont vendus comme semences», indique un communiqué de cette organisation. «Quel que soit le type de semence, le Cameroun n’a pas encore pu mettre au point un système de production et de distribution à la hauteur de l’ambition qu’on pourrait raisonnablement nourrir pour le secteur agricole national», ajoute le communiqué.
L’Irad, Institut de la recherche agricole et de développement qui apporte sur le marché près de 100 tonnes de semences de maïs, n’a pas produit de semence cette année dans son plus grand site de multiplication à Ntui. L’Acdic dénonce un manque d’organisation pertinente de la filière, aux fins de pouvoir rendre disponibles les semences de manière continuelle. «D’année en année et à chaque campagne agricole, les producteurs, surtout les plus petits, malheureusement les plus nombreux (97%), doivent se débrouiller avec les moyens de bord pour mettre une semence en terre. Heureux ceux qui peuvent se payer ce luxe car on trouve encore en milieu rural des paysans qui ne peuvent même pas accéder à une semence quelconque. Inutile de leur dire que la qualité de la semence détermine à 50% la production et la productivité de leurs champs. Ils n'ont pas de choix», lit-on dans son communiqué.
Une situation qui conduit à de sérieuses inquiétudes, tant il est vrai que le maïs est la première céréale cultivée et consommée au pays. Il est aussi la monnaie de réserve et la principale source de revenus des petits paysans, le premier ingrédient dans la fabrication des aliments pour bétail et il entre dans la fabrication de plusieurs breuvages.
En 2009, on estimait la demande nationale annuelle de maïs à 1,5 million t pour une production de 1,38 million t. Soit un déficit de 120000 t.
Faute de mesures fortes pour booster la production, le déficit s’est accru au rythme de la demande et avoisinerait les 350000 t.
L’ACDIC prévoit une envolée du prix du kg de maïs passant de 250 à 350 F, pour une conséquence directe sur les filières brassicole et avicole.
Guy C. Moussi