(Investir au Cameroun) - Selon le rapport 2022 sur la compétitivité de l’économie camerounaise, que vient de publier le Comité de compétitivité, organe spécialisé du ministère de l’Économie, les importations de maïs du Cameroun ont chuté de 64,4% en 2022. Elles sont en effet passées de 34 100 tonnes en 2021, volume record depuis l’année 2018, à seulement 12 200 tonnes un an plus tard. Contre respectivement 13 700 tonnes, 14 600 tonnes et 19 600 tonnes en 2018, 2019 et 2020.
Cette baisse drastique des importations en glissement annuel a permis de pratiquement diviser par trois les dépenses d’importation de cette céréale dans le pays, passant de 6,4 milliards de FCFA à 2,5 milliards FCFA à fin octobre 2022. Cette performance, soutient le Comité de compétitivité, est la conséquence du « renforcement de l’offre locale, consécutivement à l’entrée en service, en novembre 2021, d’une maïserie au sein de la Compagnie fermière du Cameroun (CFC) ».
Filiale de l’agro-industriel Société anonyme des boissons du Cameroun (SABC), contrôlé par le groupe français Castel, CFC est dotée d’une capacité de production de 30 000 tonnes de gritz de maïs (utilisés dans la fabrication de la bière) chaque année. Cette unité de transformation permet au leader du secteur brassicole au Cameroun de satisfaire localement l’intégralité de ses besoins en gritz de maïs, et donc de réduire les importations de maïs.
Pour s’assurer de la disponibilité de la matière première, CFC s’est engagé à accompagner 30 000 à 40 000 paysans structurés en coopératives, pour le développement de 12 000 hectares de champs de maïs. La production de gritz qui en découle vient s’ajouter aux quelque 10 000 tonnes de cette matière première achetées chaque année auprès de Maïscam. Ce qui permet, selon la SABC, de mettre un terme à ses importations de ce produit.
Cap sur l’aviculture
Les incidences du lancement des activités de la CFC dans la filière maïs devraient bientôt se faire ressentir dans le secteur avicole local. En effet, apprend-on de la fiche de présentation de l’entreprise, « la Compagnie fermière camerounaise entend apporter son expertise pour l’amélioration de l’offre en nutrition animale, avec la mise en place d’une ferme parentale qui produira 112 500 œufs à couver/semaine, et d’un couvoir capable de produire 90 000 poussins d’un jour par semaine, destinés à l’élevage de poulets de chair par des éleveurs camerounais ».
Calculette en main, la CFC, investissement de 18 milliards de FCFA à Mbankomo, une banlieue de Yaoundé, ambitionne de produire 360 000 poussins d’un jour par mois, soit 4,32 millions par an. Pour ce qui est des œufs à couver, la société se fixe l’objectif de produire 450 000 œufs par mois, soit 5,4 millions d’œufs à couver par an.
Pour rappel, suite à l’insuffisance de la production locale d’œufs à couver et de poussins d’un jour, le Cameroun effectue souvent des importations depuis le Brésil, le Maroc et la Turquie. Avec des répercussions notables sur la balance commerciale du pays, qui s’est davantage creusée de 297 milliards de FCFA au 2e trimestre 2023, en glissement annuel, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS).
Brice R. Mbodiam
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