(Investir au Cameroun) - Entre janvier et septembre 2023, le Trésor public camerounais a effectué des remboursements de dettes d’un montant cumulé de 896,1 milliards de FCFA. Selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le gestionnaire de la dette publique dans le pays, sur cette enveloppe, 76,7% représentent le principal, soit 687,3 milliards de FCFA au total. Les charges d’intérêts et des commissions diverses, elles, représentent 23,3% de l’enveloppe, soit 208,7 milliards de FCFA, correspondant à une moyenne mensuelle de 23,2 milliards de FCFA.
Ces seules charges représentent 83% de l’enveloppe de 240,9 milliards de FCFA ayant permis de construire le barrage de Lom Pangar (une retenue d’eau de 6 milliards de m3), réputé être l’infrastructure énergétique la plus stratégique du pays. Ceci, dans la mesure où ce barrage de retenue permet d’exploiter le potentiel du fleuve Sanaga, qui abrite officiellement 75% du potentiel hydroélectrique du Cameroun.
Dans le détail, une enveloppe de 642,7 milliards de FCFA est sortie des caisses publiques pour le remboursement de la dette extérieure, dont 73% représentant le principal. Ici, les intérêts et commissions sont estimés à 173,5 milliards de FCFA sur les neuf premiers mois de l’année 2023, soit une moyenne mensuelle de 19,2 milliards de FCFA. « Il convient de relever que toutes les échéances du service de la dette extérieure sont payées à bonne date. », précise la CAA.
Cette précision du gestionnaire de la dette publique tient de ce qu’au mois de juillet 2023, les agences de notations Moody’s et Standard & Poors ont dû dégrader la note souveraine du Cameroun, renvoyant ainsi un mauvais signal pour le pays sur le marché international des capitaux. Les deux agences américaines sanctionnaient ainsi le retard accusé par le Trésor public dans le paiement d’une créance commerciale à l’international.
Risque de surendettement élevé
En ce qui concerne la dette intérieure, le Cameroun a effectué des remboursements pour un montant total de 253,4 milliards de FCFA, dont « 216,3 milliards de FCFA pour le principal, tandis que 37,1 milliards de FCFA sont dédiés aux intérêts et commissions », informe la CAA. Le gros de cette enveloppe est vraisemblablement allé au marché des titres publics, sur lequel le Cameroun est devenu encore plus actif depuis l’année 2019, en matière de mobilisation des financements. Selon la CAA, c’est d’ailleurs le dynamisme du pays sur ce marché qui justifie la hausse de 3,1% enregistrée sur la dette directe de l’administration centrale à fin septembre 2023.
Pour rappel, au 30 septembre 2023, l’encours de la dette du secteur public (administration centrale et entreprises publiques) au Cameroun s’élève à environ 12 510 milliards de FCFA, selon la CAA. Cet encours correspond à 43,9% du PIB. Cet indicateur est largement en dessous de la norme de 70% admise dans le cadre des critères de surveillance multilatérale édictés par la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale).
Sur cette base, les autorités publiques soutiennent que la dette du Cameroun demeure à la fois soutenable et viable, bien que le pays soit classé par la BAD dans la catégorie des pays à risque de surendettement élevé. Ce d’autant que les données de la CAA révèlent, par exemple, que sur la période de 13 ans allant de 2009 à 2022, l’enveloppe de la dette publique du Cameroun a explosé, passant de 1904 milliards de FCFA à 11 216 milliards de FCFA. Calculette en main, cette dette a connu une hausse de 9 312 milliards de FCFA en 13 ans, soit une augmentation de 489%.
Brice R.Mbodiam
Lire aussi :
19-07-2022 - Le Cameroun veut réduire son rythme d’endettement pour le contenir à 50% du PIB en 2025