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Yaoundé - 29 avril 2024 -
Gestion publique

À l’ouest du Cameroun, le Jardin mémoriel de l’esclavage de Bangou veut attirer 10 000 touristes par an

À l’ouest du Cameroun, le Jardin mémoriel de l’esclavage de Bangou veut attirer 10 000 touristes par an

(Investir au Cameroun) - Le tout nouveau « Jardin mémoriel de l’esclavage », inauguré le 11 décembre 2023, cherche à placer la région de l’Ouest en bonne place sur la carte du tourisme au Cameroun. Érigé sur le site de l’ancien « marché caché des esclaves » de Bangou, commune du département des Hauts-Plateaux située à une quarantaine de kilomètres de Bafoussam, la capitale régionale, ce mémorial de l’histoire de la traite et de l’esclavage du Cameroun veut attirer des milliers de touristes chaque année, à l’image de la célèbre île de Gorée au Sénégal. « Notre ambition est d’attirer 10 000 touristes par an », affirme Paule-Clisthène Dassi, conservatrice du patrimoine et responsable de la conservation au programme camerounais de développement culturel et touristique unique Route des chefferies (RDC), à l’initiative de ce projet.

L’histoire raconte que les personnes vendues sur cet espace étaient les enfants des dignitaires de la région ou les fils du village qui ne pouvaient être vendus sur la place publique par peur de représailles de la population locale. Pour ce qui est des fils des dignitaires, ils étaient vendus à cet endroit par vengeance de la population locale contre la vente des leurs sur la place publique par les dignitaires. Dans sa dynamique de promouvoir le patrimoine national et de sensibiliser tous les publics à la mémoire collective de l’esclavage au Cameroun, la RDC a entrepris d’aménager ce lieu chargé d’histoire en vue de le valoriser, grâce à un financement de l’Agence française de développement (AFD).

Le projet s’étend sur une superficie de 6 871 m2 et s’articule autour d’un bâtiment qui sert de salle d’accueil et d’une exposition de plein air qui associe des contenus historiques et artistiques. L’exposition s’organise sur un parcours d’esclave à travers une dizaine d’espaces thématiques. Sa mise en œuvre a mobilisé des artistes contemporains et des experts de la RDC. Les visiteurs peuvent ainsi contempler l’œuvre « Nightmare » (cauchemar, en français) du jeune artiste multimédia Ulrich Kenmegne Kom, une sculpture métallique d’homme de taille humaine avec 2 autres bustes le tout enfoui dans un socle. Celle-ci invite le public à s’interroger sur ses connaissances de l’histoire de l’esclavage et de la véracité de ces dernières.

Office du tourisme

L’œuvre, apprend-on, s’inspire d’une scène racontée par un descendant d’esclave de la région de l’Ouest qui relate la violence et la cruauté avec laquelle ses parents étaient capturés. Au centre du site, l’installation sculpturale « Prisoner » (Prisonnier) de 8 m de l’artiste plasticienne Justine Gaga, faite principalement en métal et plexiglass et d’autres types de matériaux, matérialise l’esclavage contemporain. « C’est un site mémoriel. On l’a mis en place pour pouvoir commémorer la mémoire des personnes qui ont été déportées du Cameroun », affirme la conservatrice. Mais au-delà du devoir de souvenir et de mémoire, Paule-Clisthène Dassi précise que le « Jardin mémoriel de l’esclavage » de Bangou a une vocation touristique importante.

« Ce site, qui a une portée universelle, s’adresse d’abord aux Camerounais eux-mêmes qui ont besoin de connaître leur histoire, et de la connaître sur le lieu même où les choses se sont passées. Il y aura les touristes qui vont venir et probablement tous les [Camerounais] de la diaspora d’Europe, d’Amérique et d’ailleurs. Si l’Office du tourisme fait bien son travail, il les condamnera à passer ici, d’une façon ou d’une autre, à un moment ou à un autre de leur circuit », a déclaré l’ambassadeur de France au Cameroun, Thierry Marchand, qui a présidé la cérémonie d’inauguration.

L’Office régional du tourisme Ouest Cameroun (Ortoc), structure créée en 2013 par un système d’acteurs composé des Communes et villes unies du Cameroun de l’Ouest, de l’assemblée des chefs traditionnels et des professionnels locaux du tourisme, devrait donc être un catalyseur pour attirer les visiteurs. L’Ortoc, qui a également été inaugurée le 11 décembre (en même temps que le Cefopicc, Centre de formation professionnelle-Patrimoine et industries culturelles et créatives), a pour objectif de faire connaître et faire aimer le patrimoine culturel et touristique de la région. Notamment par l’aménagement des sites touristiques et leur mise en valeur. Il devra par exemple organiser des excursions sur le site, à des prix attractifs pour faire venir les touristes.

En attendant, il faudra encore faire quelques aménagements pour rendre le site plus attrayant, même si « le résultat est assez bien », selon l’ambassadeur de France. Ce dernier espère y voir des « parterres plus verts » pour permettre au site de garder ce caractère de « jardin ». Paul Sikapin, maire de Bangou, pense aussi qu’il faudra apporter d’autres commodités au site. « Il y a d’abord la sécurisation du site. Nous avons également pensé que nous pouvons mettre quelques logements pour les gens qui peuvent venir et qui ont envie de se recueillir. C’est dans le projet. Nous sommes en train de nous battre pour trouver des financements dans ce sens », confie le premier édile. L’inauguration du « Jardin mémoriel de l’esclavage » de Bangou intervient au moment où la région de l’Ouest est engagée dans une démarche qui vise à faire du tourisme, un projet structurant pour son économie.

Patricia Ngo Ngouem, de retour de Bafoussam

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