(Investir au Cameroun) - Après plusieurs mois d’hésitations, le gouvernement camerounais a finalement franchi le pas de l’interdiction de la production sur le territoire national, du whisky conditionné dans des sachets et des bidons, breuvage très bon marché (100 FCfa le sachet) mais réputé démesurément alcoolisé, contenant parfois des produits impropres à la consommation (méthanol), mais surtout dommageable pour les populations camerounaises.
Cette mesure d’interdiction a pris la forme d’un arrêté conjoint signé le 12 septembre 2014 par les ministres de la Santé, du Commerce et de l’Industrie, rendant «d’application obligatoire» la norme sur la production des liqueurs et autres spiritueux au Cameroun. Cette norme, apprend-on, n’autorise que le conditionnement en bouteilles pour les liqueurs et spiritueux, seuls emballages pouvant être estampillés. Une disposition qui met hors-jeu les le whisky en sachet et en bidon, dont les producteurs locaux ont 24 mois pour écouler les anciens stocks, précise l’arrêté gouvernemental.
Chez les producteurs, c’est la consternation. A la société de fermentation du Cameroun (Fermencam), l’une des premières distilleries (le Cameroun en compte trois principales) du pays qui a eu l’idée de démocratiser la consommation du whisky en l’ensachant par petite unité, le DG, Maurice Djeutchoua, se demande ce que l’entreprise fera de ses équipements désormais inutiles.
Malgré un chiffre d’affaires de 12 milliards de francs Cfa réalisé par cette entreprise en 2013 (contre 9 milliards FCfa en 2012), le DG, du fait de la mesure gouvernementale, entrevoit déjà les difficultés d’accès aux financements devant permettre l’acquisition de nouveaux équipements pour migrer vers le conditionnement en bouteilles, et souhaite que le gouvernement mettent en place des mesures incitatives pour accompagnement les distilleries vers cette mutation.
Avec ses milliers d’emplois et un chiffre d’affaires important, au regard de l’engouement visible autour de la consommation de ses produits, l’industrie du whisky en sachet est certes une activité importante pour l’économie camerounaise, mais constitue un véritable danger pour la santé publique, a tranché le gouvernement.
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