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Yaoundé - 27 avril 2024 -
Gestion publique

Le chef de l’Etat camerounais «déclare la guerre» à la secte islamiste Boko Haram

Le chef de l’Etat camerounais «déclare la guerre» à la secte islamiste Boko Haram

(Investir au Cameroun) - Les présidents du Nigéria, du Cameroun, du Bénin, du Tchad et du Niger étaient conviés à l’Elysée le samedi 17 mai 2014, par leur homologue français, François Hollande, pour une réunion de concertation à laquelle participaient également les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Union européenne. « Nous sommes ici pour déclarer la guerre à Boko Haram», a brièvement déclaré le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya.

En enlevant plus de 200 jeunes filles et en menaçant de les vendre, le groupe terroriste nigérian voulait sans doute faire parler de lui. Il se pourrait que son objectif soit atteint au delà de ses espérances. Le monde entier s’est ému du sort des jeunes prisonnières et a suscité une mobilisation internationale pour mettre fin à ces exactions qui déstabilisent la première puissance démographique et économique du continent africain.

Selon François Hollande, la réunion a décidé d’un programme d’actions qui comprend, entre autres, la surveillance des frontières, une présence militaire autour du lac Tchad et une capacité d'intervention en cas de danger. «Boko Haram n'est plus seulement une organisation locale, son activité est devenue, à partir de 2009, celle de l'organisation d'Al-Qaida ouest et centre de l'Afrique», a prévenu le président nigérian, Goodluck Jonathan.

La présence de la secte islamiste Boko Haram au Nord du Nigéria impacte sérieusement la sécurité dans la partie septentrionale du Cameroun, pays qui partage une frontière longue de 1500 Km avec la première puissance économique africaine. De sources sécuritaires, fort de sa situation géographique avec le Nigéria, le Cameroun a souvent servi de base arrière à des membres de cette secte islamiste pourchassés par l’armée nigériane, qui n’hésite d’ailleurs pas à commettre des exactions sur le territoire camerounais.

En témoignent les trois enlèvements d’expatriés (sept membres de la famille Moulin Fournier en février 2013, le prêtre français Georges Vandenbeusch en novembre 2013 et, tout récemment, les deux prêtres italiens et une religieuse canadienne de la paroisse de Tchéré, qui sont toujours en captivité) enregistrés depuis 2013 dans le septentrion camerounais, et qui ont été attribué à la secte islamiste nigériane.

Selon le Cabinet civil de la présidence de la République du Cameroun, la participation du chef de l'Etat camerounais au récent sommet de Paris «traduit, une fois de plus, l'engagement constant du Cameroun dans la recherche de solutions aux crises multiformes qui secouent l'Afrique». C’est à cet effet que, rappelle le cabinet civil, «Yaoundé a abrité, du 24 au 25 Juin 2013, le Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la CEEAC, de la CEDEAO et de la CGG sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le Golfe de Guinée. Puis, le Président Paul BIYA a activement pris part, du 6 au 7 décembre 2013 à Paris, au Sommet de l'Elysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique».

Par ailleurs, se souvient la même institution, «plus récemment encore, lors du 4ème Sommet Afrique/Union européenne tenu à Bruxelles, du 02 au 03 avril 2014, le Chef de l'Etat camerounais a fait deux importantes interventions axées sur la problématique de la sécurité en Afrique à la réunion sur la situation en République centrafricaine et pendant la séance de travail sur ’’la Paix et la Sécurité’’».

Communiqué final du Sommet de Paris

Les Chefs d’Etat du Bénin, du Cameroun, de la France, du Nigéria, du Niger et du Tchad, ainsi que les représentants des Etats-Unis, du Royaume Uni et de l’Union Européenne ont participé le 17 mai 2014 à Paris à un sommet consacré à la Sécurité du Nigéria. Ce sommet a permis d’intensifier la mobilisation régionale et internationale pour lutter contre le terrorisme du groupe Boko Haram. 

La réunion s’est conclue sur plusieurs décisions qui permettront de renforcer la coopération entre les Etats de la région, à la fois pour permettre la libération des jeunes filles enlevées et plus largement pour lutter contre Boko Haram. Les partenaires présents (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Union européenne) s’engageront à soutenir cette coopération régionale et à renforcer le dispositif international de lutte contre Boko Haram et de protection des victimes. Tous les Etats réaffirment leur engagement en faveur des droits de l’Homme, et en particulier la protection des droits des jeunes filles victimes de violences, de mariages forcées ou menacés d’esclavage.

- Coopération régionale

Le Nigéria et ses voisins développeront des capacités d’analyse et de réaction qui contribueront à renforcer la sécurité de toutes les populations et l’Etat de droit dans les zones affectées par l’action terroriste de Boko Haram.

Pour lutter contre la menace créée par Boko Haram, qui s’est dernièrement manifestée par plusieurs attentats meurtriers et par l’enlèvement de plus de 270 lycéennes, le Nigéria et ses voisins décident d’immédiatement de :

1. Sur une base bilatérale

- Procéder à des patrouilles coordonnées dans un objectif de lutte contre Boko Haram et de recherche des disparues

- Mettre en place un système de partage du renseignement afin de soutenir cette action opérationnelle.

- Mettre en place des mécanismes d’échanges d’information sur les trafics d’armes et renforcer les mesures de sécurisation des stocks des armées.

- Mettre en place des mécanismes de surveillance des frontières.

2. Sur une base multilatérale

- Mettre en place une cellule de fusion du renseignement

- Instituer une équipe dédiée qui identifiera les moyens à mettre en œuvre et élaborera dans un second temps une stratégie régionale de lutte contre le terrorisme, dans le cadre de la Commission du Bassin du Lac Tchad.

Cette approche s’inscrit dans la logique du sommet de la Commission du Bassin du Lac Tchad de 2012. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’UE coordonneront leur soutien à cette coopération régionale : expertise technique, programmes de formation, soutien à des programmes de gestion des espaces frontaliers. 

- Action au niveau international

Les participants s’engagent à accélérer la mise en place de sanctions internationales, en priorité dans le cadre des Nations Unies, à l’encontre de Boko Haram, d’Ansaru et de leurs principaux responsables.

- Mobilisation en faveur des zones marginalisées et de leurs populations fragiles, notamment les femmes exposées aux violences Le P3 et l’UE s’engagent à mobiliser les bailleurs de fonds en faveur de programmes favorisant le développement socio-économique des régions concernées, avec un accent particulier sur l’égalité femme-homme, les droits des femmes et des filles et notamment leur droit à l’éducation, le renforcement de la participation des femmes à tous les processus de décision ainsi que le soutien aux victimes de violences sexuelles (assistance juridique, aide médicale et soutien psycho-social). L’UE dédiera un certain nombre de ces programmes en ce sens et renforcera son action de lutte contre la radicalisation.

Les participants ont convenu que le Royaume Uni accueillerait une réunion de suivi le mois prochain au niveau ministériel pour faire un point des progrès de ce plan d’action.

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