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Yaoundé - 29 avril 2024 -
Douala Stock Exchange

BVMAC-DSX : la rivalité permanente

BVMAC-DSX : la rivalité permanente

(Investir au Cameroun) - La Bourse de Douala a vu quelques parts de marché grignotées par sa consœur de la BVMAC. Ce malgré l’offensive du régulateur du marché camerounais chaque fois que les investisseurs locaux sont interpellés par des opportunités sur le marché de Libreville.

 

Le 21 mai 2013, la Commission des marchés financiers (CMF) du Cameroun a rendu public un communiqué dans lequel elle invite les investisseurs camerounais à la prudence au sujet de l’appel à vente d’actions de l’entreprise SIAT Gabon, qui a décidé d’ouvrir son capital à travers une introduction sur la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC), basée à Libreville, au Gabon. « En l’état actuel du dossier, la CMF n’est pas en mesure d’assurer le public des investisseurs camerounais que l’étendue et la qualité des informations disponibles tant sur la situation de la société que sur le déroulement de l’opération soient de nature à leur permettre une prise de décision d’investissement avisée », peut-on lire dans le texte signé par Theodore Edjangue, le président de la CMF. Quelque temps plus tôt, au mois de mars 2013, le régulateur camerounais des marchés financiers avait exprimé des inquiétudes d’une autre nature, relativement à l’opération de SIAT. Il en dénonçait l’« illégalité » sur le territoire camerounais pour non-réception du visa de la CMF. Ces deux décisions perçues comme de l’acharnement au Gabon et par la Commission de surveillance du marché financier d’Afrique centrale (COSUMAF) sont illustratives de la rivalité qui existe entre le marché financier camerounais basé à Douala (DSX) et celui à vocation sous-régionale (BVMAC) basé à Libreville. Rivalité qui s’est une fois de plus traduite récemment par un communiqué de la CMF qualifiant « d’illégal » l’emprunt obligataire de BGFI Holding à la BVMAC et diffusé au Cameroun.

 

Impossible cohabitation

De l’avis de nombreux analystes, au-delà du défaut de culture boursière et d’un processus de mise en place qui doit encore faire l’objet d’améliorations, la Bourse de Douala paye le prix de sa proximité avec celle de Libreville. Dans l’une de ses analyses (en 2009) sur les moyens pouvant permettre de « dynamiser le marché financier » sous-régional, la COSUMAF reconnaît cette impossible cohabitation. « Cette coexistence de deux marchés boursiers se heurte aujourd’hui au handicap de l’étroitesse desdits marchés, qui ne profitent guère des avantages d’économies d’échelle qu’apporterait la consolidation des places boursières. En outre, le faible nombre d’opérations réalisées à ce jour sur ces marchés soulève à nouveau la question de la viabilité de ces structures boursières », constate le régulateur du marché sous-régional.

Comme preuve de cette analyse prémonitoire de la COSUMAF, de nos jours, l’activité boursière est pratiquement au point mort dans les deux bourses. Les entreprises présentes sur la place financière de Douala le doivent uniquement à la décision prise par le gouvernement camerounais de vendre une partie de ses parts dans le capital de certaines entreprises. En dehors de l’Etat, aucune entreprise privée n’a jusqu’ici couru à la DSX pour lever des fonds. Comme pour ne pas avoir de parti pris dans la rivalité entre les deux marchés financiers qui coexistent difficilement et de manière contreproductive dans la zone Cemac, certaines institutions ont choisi d’effectuer leurs opérations sur les deux marchés à la fois. Il en est ainsi des emprunts obligataires de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC) et de la Société financière internationale (SFI).