(Investir au Cameroun) - Le débarcadère de Youpwè, dans la ville de Douala, capitale économique du Cameroun, est déjà construit aux normes japonaises. Bâtie sur 6000 m², l’infrastructure dispose d’un quai d’une capacité d’accueil de 27 à 30 pirogues. Son marché est composé d’un bâtiment pour poissons frais et séchés, des boutiques, un dépôt de déchets, un bâtiment d’entreposage de glaces, un restaurant et un bloc administratif.
D’après Armand Deula, chef de centre de pêche de Youpwe, « les travaux sont achevés depuis le 15 décembre 2022. Date à laquelle, les Japonais qui construisaient l’infrastructure ont quitté le Cameroun ». La réception technique du chantier, poursuit-il, a également été faite en février dernier. Depuis lors, le débarcadère n’est toujours pas opérationnel. Aucun pêcheur n’y accoste et le site est toujours inoccupé.
Une source sous anonymat à la délégation régionale du ministère de l’Élevage, des Pêches, et des Industries animales (Minepia, maître d’œuvre du projet) pour le Littoral, indique que les lenteurs administratives sont la cause du retard du début des activités sur le site. La même source informe que l’infrastructure ne sera opérationnelle qu’après son ouverture officielle, dont la date reste inconnue.
Impatience
D’après le fichier des autorités, ce sont 262 vendeurs de poissons qui opéraient sur l’ancien site. « Ils seront les premiers bénéficiaires des espaces marchands du débarcadère, en attendant d’intégrer de nouveaux vendeurs », précise le chef de centre de pêche de Youpwe. S’ils se réjouissent de la construction du débarcadère, ces vendeurs de poissons qui exercent en contrebas du débarcadère depuis six ans s’impatientent de rejoindre leur nouveau cadre de travail. Pour l’instant, les conditions d’acquisition des espaces marchands restent attendues de la Communauté urbaine de Douala (CUD), chargée de la gestion du débarcadère.
Construit à hauteur de 6,6 milliards de FCFA, le débarcadère de Youpwé est un don du Japon dont la convention a été signée en 2017. La réalisation du projet a duré six ans, à cause des problèmes d’indemnisations des populations installées sur le site et de la pandémie du Covid-19, expliquent des sources officielles.
Désormais achevée, l’infrastructure devrait permettre d’accroître la production, de moderniser le système de commercialisation et les conditions sanitaires des produits halieutiques. Ce qui devrait réduire les pertes post-captures (15% au Cameroun, selon la Commission régionale des pêches du golfe de Guinée) induites par le manque d’équipements de conservation. Et déjà des vendeurs de poissons, qui affirment gagner entre 200 000 et 1,4 million de FCFA par an, espèrent augmenter leurs revenus.
Selon l’Institut national de la statistique (INS), les importations de poissons de mer congelés au Cameroun ont atteint 189 755 tonnes en 2021, soit une progression annuelle de 1,8%. Le pays a ainsi dépensé de 134,3 milliards de FCFA (+3,5%), alors qu’il est crédité d’environ 400 km de côtes réputées poissonneuses, sur lesquelles s’activent principalement des pécheurs étrangers qui alimentent des circuits commerciaux desservant leurs propres pays.
Frédéric Nonos
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