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Yaoundé - 01 mai 2024 -
Agriculture

Jessica Eya’ane : « Pourquoi donc acheter le produit importé si un Camerounais peut offrir l’équivalent ? »

Jessica Eya’ane : « Pourquoi donc acheter le produit importé si un Camerounais peut offrir l’équivalent ? »

(Investir au Cameroun) - Récemment, l’Agence Ecofin a lancé, sur sa page Facebook, un concours de présentation de projets intitulé #MonInterviewEcofin.  Les jeunes entrepreneurs devaient expliquer leur projet en une vidéo de quelques minutes. Les promoteurs des 3 projets les plus soutenus par les internautes y ont gagné une interview. Voici donc l’interview de Jessica Eya’ane, de Yaoundé, et son projet Akoum.  

Qui est Jessica Eya’ane ?

Je suis une jeune demoiselle, auditrice financière, passionnée de finance et d’aide à la décision, qui s’est décidée un jour à contribuer à sa manière au développement de son pays en trouvant une solution pour soutenir la production locale.

Comment est né votre désir de soutenir la production locale ?

J’aime visiter les foires et expositions organisées au Cameroun. Chaque fois que je l’ai fait par le passé, j’ai été agréablement surprise de découvrir une production locale dont je n’avais pas connaissance. J’ai beaucoup discuté avec les agriculteurs, éleveurs, etc, lors de ces rencontres et j’ai retenu que c’est lors de ces rares occasions qu’ils peuvent écouler une grande quantité de leur marchandise. J’ai découvert tellement de produits locaux camerounais dans ces foires agricoles, que je suis arrivée à la conclusion qu’une grande quantité des produits importés et vendus dans nos marchés et supermarchés a son équivalence au plan local. Pourquoi donc acheter le produit importé si un Camerounais peut offrir l’équivalent ? J’ai compris par la suite que c’est le manque d’informations sur cette production locale qui la rendait quasi-inconnue. J’ai commencé à partager le fruit de mes participations à ces foires et expositions sur les réseaux sociaux et j’ai été assaillie par de nombreuses demandes d’informations complémentaires.  Je me suis alors engagée dans une réflexion qui a abouti à la création d’une plateforme qui permettrait à ces petits producteurs locaux d’atteindre directement les clients finaux ou les potentiels clients, sans intermédiaires qui chercheraient plus leur propre rentabilité qu’à leur donner une visibilité. C’est ainsi qu’est née l’Association pour la valorisation de la production locale (AVPL) le 14 novembre 2016. Nous avons ensuite lancé le projet Akoum (richesse, selon son origine dialectale), une application mobile destinée à recenser les produits locaux, les points de ventes où les acquérir, etc.

Comment se présente  l’application Akoum ?

L’application Akoum, dont le slogan est « la richesse du Cameroun dans votre poche », se présente comme un annuaire dans lequel les informations sur les produits locaux recensés sont rangées par catégories, puis sous-catégories. Chaque produit fournit des informations sur sa localisation de production, le nom du producteur ou fabricant, la marque associée, sa composition (plus pour les produits alimentaires), le point de vente, le contact du vendeur. Il y a une possibilité de géolocaliser le point de vente d’un produit et même de consulter l’ensemble des points de vente afin de déterminer ceux qui sont les plus proches de votre maison. L’application Akoum est disponible gratuitement sur Playstore, Applestore et Mboastore.

Comment est-ce que les producteurs ont accueilli votre projet ?

Ils ont été très enthousiastes. Ils nous ont confié que c’est ce qu’ils ont toujours espérés, un partenaire qui met en lumière la richesse du Cameroun profond. Ils sont toujours disposés à collaborer avec nous. Nous leur avons expliqué l’impact de notre démarche, les résultats probables en termes de visibilité, de ventes, de bénéfices pour eux. L’esprit qui sous-tend Akoum est à la fois social et économique. Nous voulons que tous les producteurs locaux jouissent du fruit de leur dur labeur et que leur production contribue au développement de l’industrie de transformation alimentaire du Cameroun. En somme, Akoum milite pour le développement d’une économie d’échelle qui profitera à tous les intervenants de la chaîne de valeur.

Quelles difficultés  rencontrez-vous dans la réalisation de votre projet ?

Vous dites difficultés, moi je dirai enjeux. Le premier est le recensement des producteurs locaux. Ils sont nombreux, avec une bonne production, mais vivants dans des zones sans forte activité économique et encore enclavées.  Il faut réussir à les atteindre. Une fois cela fait, il faut ensuite tester la qualité du produit avant de l’insérer dans l’annuaire qu’est notre application mobile. Il y va de notre crédibilité en tant que promoteur de produits locaux. Pour réussir la mission qu’elle s’est fixée, l’AVPL regroupe diverses compétences, notamment un gestionnaire qualité produit. Enfin il faut mettre les produits à la portée des consommateurs et cela demande aussi un conditionnement agréable, à même d’attirer l’attention du consommateur et de susciter l’achat. Ce qui n’est pas toujours le cas. Toutes ces étapes ont pour but de garantir une expérience producteurs et consommateurs satisfaisante. Aujourd’hui,  nous avons encore du mal  à mettre pleinement  en place tout ce système d’accompagnement des producteurs locaux car il a un coût assez important sur lequel nous travaillons actuellement. Cependant, les producteurs que nous avons déjà pu aider avec nos petits moyens, à l’instar de producteurs de beurre de karité, de miel, de Popcorn, de savon, nous ont dressé des rapports positifs. Leur volume de commandes augmente progressivement. Nous sommes également de plus en plus sollicités par les coopératives d’agriculteurs et PME qui ont réussi à mieux conditionner leurs produits et désirent que nous les introduisions dans notre application.

Nous déplorons tout de même notre incapacité financière à répondre à la sollicitation de plusieurs producteurs locaux, exemple d’une fabricante de farine de patate dont le produit est bon mais dont le conditionnement n’est pas encore efficace.

De quoi a besoin Akoum pour réussir sa mission?

Nous avons besoin d’un soutien financier pour implémenter notre service d’accompagnement des producteurs locaux vers la qualité et le conditionnement de leurs produits. Ce soutien financier nous permettra également d’acquérir un appui technique pour une meilleure configuration des interfaces informations et géolocalisation de l’application Akoum et un appui social pour faire davantage connaitre l’application. Nous envisageons d’améliorer Akoum afin qu’elle intègre de nouvelles fonctionnalités.

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