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Yaoundé - 15 mai 2024 -
Gestion publique

Patronat : pourquoi Célestin Tawamba a été élu avec seulement 295 votants, malgré la fusion Gicam-Ecam

Patronat : pourquoi Célestin Tawamba a été élu avec seulement 295 votants, malgré la fusion Gicam-Ecam

(Investir au Cameroun) - L’élection de Célestin Tawamba à la tête du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam) est présentée comme un « plébiscité » dans le communiqué ayant sanctionné la première assemblée générale élective de cette organisation patronale, né de la fusion entre le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam). Sa liste, l’unique en lice, a recueilli 550 votes sur 560, soit 98,18% des voix valablement exprimées, indique le document signé, le 9 avril par la directrice exécutive, Aline Valérie Mbono.

Mais le document est muet sur le nombre de votants. Pourtant, à analyse des textes du Gecam, il ressort que le nombre de voix ne correspond plus au nombre de votants. Désormais, la répartition des voix est la suivante : les très grandes entreprises, avec un chiffre d’affaires supérieur à 50 milliards de FCFA, disposent de cinq voix ; les grandes entreprises, avec un chiffre d’affaires entre 15 et 50 milliards de FCFA, ont trois voix ; les moyennes entreprises, avec un chiffre d’affaires entre un et 15 milliards de FCFA, possèdent deux voix ; les petites entreprises, avec un chiffre d’affaires entre 50 millions et 1 milliard de FCFA, ont une voix ; et les très petites entreprises, avec moins de 50 millions de FCFA de chiffre d’affaires, disposent de 0,2 voix.

Des patrons boudent le Gecam

Pour comprendre cette omission, il faut savoir que seuls 295 membres ont pris part à la première assemblée générale élective du Gecam. Ce qui signifie que, sur un potentiel de 1400 membres, soit 1000 pour le Gicam et 400 pour l’Ecam, seuls 295 ont à ce jour formellement rejoint le Gecam. Ce qui a pour effet de relativiser le plébiscite allégué et de questionner l’adhésion autour du projet de fusion. Au sein du Gecam, on le reconnaît volontiers : l’unité souhaitée du patronat n’a pas été concrétisée. Selon les mêmes sources, depuis l’assemblée générale extraordinaire du Gicam du 11 juillet 2023, qui a réuni 329 membres pour le vote du traité de fusion, aucun rassemblement du patronat n’a plus atteint la barre des 300 participants.

Au sortir de cette fusion, confie une source au sein du Gecam, une importante frange de patrons n’a pas payé ses cotisations et ne participe pas aux activités de l’organisation patronale issue de l’union. Nos sources citent, par exemple, le directeur général de BGFIBank Cameroun, Abakal Mahamat, et la PDG du cabinet de conseil Evolving Consulting, Reine Essobmadje. Cette dernière était pourtant l’une des vice-présidentes dans le dernier conseil d’administration du Gicam, présidé par Célestin Tawamba.

« Nous sommes nombreux à être restés sur notre faim quant au projet qui sous-tend une telle fusion », indiquait déjà en décembre dernier Jacques Jonathan Nyemb, alors membre du conseil d’administration du Gicam. Celui qui a été le porte-parole de Célestin Tawamba jusqu’au 11 juillet 2023 estime en outre que le processus de fusion a été émaillé d’irrégularités à la fois sur le fond et la forme. Ce qui a d’ailleurs poussé Emmanuel Wafo, alors président de la commission économique et du développement des entreprises du Gicam, à introduire plusieurs plaintes qui restent pendantes devant les tribunaux de Douala. Pour les opposants à la fusion, ce projet n’avait pour seul but que de dissoudre cette organisation patronale, jusqu’alors la plus importante du pays, afin de permettre à Célestin Tawamba de s’éterniser à la tête du patronat camerounais, en reprenant la tête de la nouvelle centrale patronale créée. Il faut dire que les textes du Gicam l’empêchaient d’être à nouveau candidat à la fin de son 2e mandat en décembre 2023.

Tawamba marque des points

Lors de la signature du traité de fusion, le 5 avril 2023, les initiateurs de ce projet, Célestin Tawamba et Protais Ayangma, alors présidents respectifs du Gicam et de l’Ecam, avaient expliqué que l’objectif de leur initiative était de construire une nouvelle centrale patronale « plus forte », « moderne », « plus puissante », « plus audible », « plus influente », « plus performante », « plus représentative » et « plus à l’écoute des nouveaux enjeux ». Boudé par une frange non négligeable des patrons, le Gecam sera-t-il plus influent, plus audible ou plus puissant que son ancêtre ? Beaucoup sont sceptiques. Mais Célestin Tawamba marque des points. Il a réussi à faire adouber la fusion par les autorités du pays. Le tout premier conseil d’administration du Gecam, qu’il préside, a d’ailleurs été reçu le 24 avril 2024 par le Premier ministre, Dion Ngute, et le lendemain par le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh.

Lors de ces audiences, le conseil d’administration a présenté son programme et son plan d’action pour les quatre prochaines années. Ce programme s’articule autour de cinq axes majeurs : positionner le Gecam au cœur des échanges pour la mise en place de toutes les politiques publiques ayant un impact sur l’environnement des affaires, repenser une structure organique déconcentrée apte à offrir aux membres des services adaptés à leurs besoins réels en fonction de leur taille et des filières qu’ils représentent, et accompagner les PME et TPE ainsi que leurs dirigeants avec des outils dédiés, afin de les transformer en leviers de croissance, d’emploi et de richesse, au Cameroun et dans la sous-région, dans le contexte de la Zlecaf.

Selon les comptes rendus de ces rencontres faits par la nouvelle organisation patronale, « Ferdinand Ngoh Ngoh s’est dit prêt à accompagner davantage le patronat dans la recherche de solutions pérennes pour l’amélioration de l’environnement des affaires, et ce, à travers une démarche plus inclusive ». Pour sa part, Dion Ngute a estimé « qu’il faut un nouveau paradigme du dialogue public-privé dans lequel le Gouvernement et le Patronat sont deux entités partenaires ayant le même objectif ».

Aboudi Ottou et Frédéric Nonos

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