(Investir au Cameroun) - Au terme de l’exercice achevé au 31 décembre 2020, la Cameroon Development Corporation (CDC), l’entreprise publique qui exploite la banane, l’hévéa et le palmier à huile dans les régions du Sud-Ouest et du Littoral du pays, a affiché des pertes de 18,3 milliards de FCFA. Selon les données révélées par la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) dans son rapport 2020, les pertes enregistrées par cette unité agro-industrielle sont en augmentation de 1,8% en glissement annuel. En effet, celles-ci n’ont été que de 17,9 milliards de FCFA en 2019, après un résultat net bénéficiaire de 506,6 millions de FCFA en 2018.

En clair, la situation financière de la CDC s’est davantage dégradée au cours de l’année 2020, malgré un doublement du chiffre d’affaires (CA) de l’entreprise, qui a atteint 8,5 milliards de FCFA (soit le tiers du CA de 25,9 milliards réalisé en 2018, NDLR), après avoir culminé à seulement 4,3 milliards de FCFA en 2019. À l’origine de cette embellie du CA se trouve la reprise des exportations de bananes par l’entreprise (4 507 tonnes), à laquelle il faut ajouter une production de caoutchouc (6 178 tonnes) et d’huile de palme (8 486 tonnes).

Mais, révèlent les données de la CTR, cet accroissement du chiffre d’affaires de la CDC en 2020 est neutralisé par un lourd endettement, estimé à plus de 88 milliards de FCFA. Il s’agit notamment de 35 milliards de FCFA de dettes sociales, 18,3 milliards de FCFA de dettes fournisseurs, près de 17 milliards de FCFA de dettes financières, plus de 12 milliards de FCFA de dettes fiscales et 6,3 milliards de FCFA de diverses autres dettes.

Lorsqu’on y ajoute des fonds propres devenus négatifs en 2020 (-3,3 milliards de FCFA, contre 14,6 milliards de FCFA en 2019 et 35,5 milliards de FCFA en 2018), la CDC conforte son statut d’entreprise camerounaise qui pâti le plus de la crise sociopolitique en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays depuis fin 2016.

Crise anglophone

En effet, à la faveur de cette crise orchestrée par des milices réclamant l’autonomie des deux régions anglophones du Cameroun, des plantations de la CDC ont été transformées en camps d’entraînement par les militants séparatistes. Les ouvriers retrouvés dans ces plantations ont été violentés, tandis que les usines de traitement et de stockage des produits et autres emballages de cette entreprise ont été incendiées.

Cette insécurité permanente dans laquelle évoluaient les 22 000 employés (la CTR annonce désormais 17 719 employés à la faveur de la mise en congé technique d’une partie des ouvriers, NDLR) de l’entreprise avait amené le top management de cette société d’État à suspendre ses activités. Ce qui a induit la disparition du numéro 2 du marché de la banane au Cameroun du fichier des exportateurs, entre septembre 2018 et mai 2020 (19 mois d’absence).

Depuis son retour sur le marché en mai 2020, les performances du premier employeur du Cameroun après l’administration publique sont plutôt moribondes. Mais, l’horizon devrait bientôt s’éclaircir pour cette entreprise, à la faveur de certains projets en cours ou en gestation. Il en est ainsi de la réhabilitation annoncée de 520 hectares de bananeraies ; des discussions avec le Canadien GMC Universal en vue de produire et transformer du manioc ; ou encore la construction projetée de deux nouvelles usines de production d’huile de palme et de caoutchouc.

Brice R. Mbodiam

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