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Yaoundé - 30 avril 2024 -
Energie

Délestages : Gaston Eloundou Essomba prie les entreprises de supporter jusqu’au retour des pluies

Délestages : Gaston Eloundou Essomba prie les entreprises de supporter jusqu’au retour des pluies

(Investir au Cameroun) - Les interruptions récurrentes et prolongées de la fourniture de l’énergie électrique, qui depuis plus de deux mois causent des dommages aux ménages et aux entreprises sur le Réseau interconnecté Sud (RIS), qui couvre désormais sept régions sur les dix que compte le Cameroun, ne devraient s’interrompre qu’au cours de la 2e moitié du mois de mars 2024. Ce qui signifie que les populations et les opérateurs économiques desservis par le RIS subiront encore le rationnement de l’électricité pendant un mois. C’est la quintessence de la rencontre qui a eu lieu le 22 février 2024 à Douala, la capitale économique du Cameroun, entre le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba (photo), les principaux acteurs du secteur de l’électricité dans le pays, et les opérateurs économiques.

« Dans les conditions idéales de disponibilité de l’ensemble des ouvrages de production hydroélectriques et thermiques, il demeure néanmoins un déficit de 20 MW dans le RIS. Lorsqu’on associe à cela les problèmes d’hydrologie liés aux changements climatiques dans le bassin du Ntem (fleuve sur lequel est construit le barrage de Memve’élé d’une capacité de 211 MW, NDLR) non régulé, les difficultés d’approvisionnement en combustibles (16,5 milliards de FCFA de dépenses par mois pour faire tourner toutes les centrales thermiques à fioul du RIS, NDLR) et les opérations de maintenance des centrales, on observe un déficit dans le RIS allant à plus de 180 MW. Il convient donc de relever qu’il existe un déficit (à la fois, NDLR) conjoncturel (et structurel, NDLR) dans le RIS, plus accru en période d’étiage », a expliqué le ministre aux opérateurs économiques.

C’est fort de cette réalité, a souligné ce membre du gouvernement, que les délestages dans le pays demeurent, en dépit des différentes mesures prises jusqu’ici par l’État. Il s’agit notamment de la mise à contribution des capacités installées de toutes les centrales thermiques ; l’optimisation de la production des centrales hydroélectriques ; le rationnement de l’énergie électrique en évitant au maximum les ménages et les zones sensibles ; l’effacement du réseau des entreprises réputées énergivores ; le paiement par l’État de factures impayées réclamées par Eneo aux entités publiques, afin de permettre à la compagnie d’électricité de régler à son tour ses fournisseurs, a énuméré le ministre Eloundou Essomba.

L’équation Memve’élé

Au regard de la persistance des délestages, malgré les mesures gouvernementales susmentionnées, le chef du département ministériel en charge de l’Eau et de l’Énergie a invité les opérateurs économiques à la patience. « Malgré les mesures prises, nous sommes conscients que le problème demeure. Aussi, voudrais-je vous rassurer qu’avec le retour espéré des pluies d’ici la première quinzaine du mois de mars dans le bassin du Ntem, et la mise en service imminente du 1er groupe du barrage de Nachtigal, d’une capacité de 60 MW, nous observerons un retour progressif à la normale dans le RIS », a promis Gaston Eloundou Essomba.

L’on peut remarquer que ce dernier s’est bien gardé de préciser la date de mise en service du premier groupe de Nachtigal. Pourtant, au cours du Conseil de cabinet du 25 janvier 2024, le ministre avait annoncé les 60 premiers mégawatts de ce barrage pour le 24 février 2024, après le rendez-vous manqué de décembre 2023. Cette fois-ci, apprend-on de sources proches du dossier, l’injection de ses mégawatts dans le RIS est annoncée pour le mois de mars 2024. C’est-à-dire pratiquement au même moment qu’est attendue l’amorce de la fin de l’étiage, dont les conséquences ont été importantes sur la production du barrage de Memvé’élé.

« (…) L’on a observé une baisse drastique de la production de Memve’élé, qui est passé de 200 MW en décembre 2023, à 35 MW en journée actuellement. Ainsi, la conséquence de cette baisse de l’hydrologie (du fait de l’étiage, NDLR) est l’apparition d’un déficit de près de 170 MW, avec pour conséquence les rationnements et délestages observés dans le RIS. (…) En perspective, pour atténuer les impacts de la variation de l’hydrologie du fleuve Ntem, le chef de l’État a prescrit l’accélération de la maturation du projet de construction d’un barrage-réservoir sur ce fleuve », a indiqué le ministre Eloundou Essomba. Une annonce qui n’éclipse cependant pas le questionnement sur l’opportunité pour l’État du Cameroun d’avoir décidé de construire un barrage d’environ 400 milliards de FCFA sur un cours d’eau, dont le débit est de loin plus bas que celui de la Sanaga, qui abrite 75% du potentiel hydroélectrique du pays.

Brice R. Mbodiam   

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