(Investir au Cameroun) - Au cours de sa 2e séance de cotation le 24 novembre 2023, soit 24 heures après son arrivée à la cote de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), le titre obligataire à tranches multiples 2023-2031 de l’État du Cameroun n’a enregistré aucune transaction. Selon le bulletin officiel de la cote publié par le marché financier unifié de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), basé à Douala, la capitale économique du Cameroun, divers investisseurs ont pourtant émis le vœu d’acquérir 700 de ces titres au cours de la séance de cotation.
Mais, les détenteurs de ces titres se sont abstenus de les céder. Cette réaction attentiste des détenteurs des valeurs du Cameroun, selon les habitués du marché, peut découler du prix proposé à l’achat (10 000 FCFA), qui ne rapporte pour l’instant aucune plus-value au détenteur, par rapport à sa valeur initiale. De ce point de vue, le refus de céder le titre, malgré la demande au demeurant timide (700 titres seulement sur 17,6 millions), témoigne d’une certaine confiance dans le titre, qui vient à peine d’entamer sa vie sur la cote de la Bvmac, et pourrait donc prendre plus de valeur au fil des cotations.
Cette envie des détenteurs de la valeur à tranches multiples 2023-2031 de l’État du Cameroun de conserver leurs titres était déjà apparue au cours de la première séance de cotation, le 23 novembre 2023. Pour cette cotation inaugurale, révèle le bulletin officiel de la Bvmac, 892 titres ont été échangés, sur une demande de 1 592. Une source autorisée renseigne d’ailleurs que ce volume des échanges est davantage lié à l’engagement des sociétés de bourse de contribuer à l’animation de la toute première cotation, et non véritablement au désir de céder les titres concernés.
Au cours des séances de cotation des 23 et 24 novembre 2023, l’on peut remarquer que toutes les offres d’achat des titres qui ont été faites, et qui ont été couronnées par un refus des détenteurs de les céder, concernent les valeurs de plus longue maturité (7 ans). Ce qui témoigne une fois de plus de ce que, en dépit d’une échéance de remboursement lointaine, les détenteurs de cette catégorie de valeurs gardent une certaine assurance quant à l’évolution à la hausse du titre sur le marché.
Une grande première dans la Cemac
Pour rappel, l’emprunt obligataire 2023-2031 est la 7e opération de ce type que le Cameroun réussit sur le marché financier sous-régional, et le tout premier à tranches multiples expérimentées dans la zone Cemac. Le Cameroun a été amené à tenter cette expérience, en raison des conditions de marché devenues de plus en plus difficiles, avec des taux d’intérêt élevés, du fait du durcissement de la politique monétaire par la banque centrale.
Ce type d’opération a la particularité de donner aux investisseurs la possibilité de souscrire pour des maturités longues à des taux d’intérêt plus élevés, ou pour des maturités plus courtes à des taux d’intérêt plus bas. Cette flexibilité offerte aux souscripteurs a certainement contribué au succès enregistré par le Cameroun dans le cadre de cette opération, au cours de laquelle le gouvernement a pu obtenir plus que les 150 milliards de FCFA recherchés.
À la faveur de l’introduction en bourse de cet emprunt, depuis le 23 novembre 2023, les investisseurs détenteurs de ces obligations de l’État du Cameroun, et qui ne souhaitent pas les conserver jusqu’à la date d’échéance, peuvent désormais les céder sur le marché financier, contre de la trésorerie. Les transactions peuvent être sanctionnées par une plus-value ou une décote. Tout dépendant de l’intérêt que les investisseurs manifestent (demande) pour ce titre sur le marché, au fil des séances de cotation.
Brice R. Mbodiam
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