(Investir au Cameroun) - Des candidats déclarés admis au concours de recrutement des agents d’encadrement supérieur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) sont sans perspectives depuis huit mois. Au terme d’un avis de concours lancé en décembre 2021 par la banque centrale, ces derniers ont été déclarés admis le 5 avril 2023. Le même mois, ils ont obtenu un contrat d’embauche exigeant leur disponibilité sous un mois, avant la suspension de leur recrutement par la banque en juin 2023. Depuis lors, ils sont dans l’incertitude. « Le chemin qui aurait dû être pavé d’espoir et d’accomplissements s’est mué en cauchemar : délais bafoués, promesses brisées, vies suspendues, familles inquiètes et rêves piétinés », témoigne un candidat déçu. « J’ai non seulement perdu un excellent emploi, mais pire, j’ai raté l’opportunité de contribuer au continent qui m’a vu grandir », poursuit-il.
En août 2022, le président du conseil d’administration de la banque centrale, Hervé Ndoba, a demandé au gouverneur de la Beac, Abbas Mahamat Tolli, d’annuler les résultats du concours de recrutement des agents d’encadrement supérieurs. Selon lui, ce processus a été émaillé d’incidents significatifs (conflit d’intérêt, gestion non collégiale de l’organisation du concours, indisponibilité des épreuves en anglais causant une inégalité entre les candidats…) de nature à altérer la crédibilité de la banque. Malgré ces instructions, le processus de recrutement des agents d’encadrement supérieurs de la Beac a suivi son cours jusqu’à la proclamation des résultats le 5 avril 2023, avant de s’arrêter en quelque mois plus tard.
Qu’ils soient des professionnels actifs qui ont dû démissionner de leurs emplois, étudiants ou personnels internes à la Beac ou fonctionnaires… tous les 66 candidats déclarés admis estime que cette situation est dommageable pour eux. Dans tous ces cas de figure, racontent-ils, « il y a une totale privation d’opportunités, de perspectives et de visibilité, un non-respect de clauses dûment signifiées au travers de lettres d’admission et d’embauche, et plus particulièrement la création d’une situation de précarité sans cesse grandissante chez les candidats admis désormais sans emplois, sans revenus ». À en croire ces derniers, plusieurs d’entre eux sont déjà malades à cause de cette situation.
Démarches entreprises
Constitué en un groupe coordonné et solidaire, ces candidats comptent se constituer légalement en collectif en cas de contentieux. Ils disent avoir adressé un courrier collectif le 14 juin 2023 au gouverneur de la Beac, pour une demande de « mesures d’accompagnement » durant la période de suspension. La réponse de la banque, précisent-ils, a été positive. Mais « les mesures d’accompagnement » annoncées pour le mois de novembre au plus tard ne sont toujours pas arrivées. S’agissant du processus de recrutement, « la banque souligne que le comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) est seul apte à lever la suspension ou à annuler le processus », précisent les candidats.
Ces derniers affirment par ailleurs qu’aucune information ne leur est donnée quant au niveau d’application de l’audit prescrit par le comité ministériel. « Aucun moyen de percevoir le terme, même approximatif, de cette suspension, ne nous est offert », affirmentt-ils. Et ce, malgré un courrier collectif adressé au président du Comité ministériel de l’Umac et au président centrafricain, Faustin Archange Touadera, par ailleurs président en exercice de la conférence des chefs d’État de la Cemac. Pour l’instant, ils disent user de tous les moyens amiables à leur disposition tant que la suspension court, mais envisagent de recourir à la justice (Cour de justice de la Cemac) en cas d’annulation du processus de recrutement.
Frédéric Nonos
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