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Yaoundé - 29 avril 2024 -
Gestion publique

Emmanuel Wafo : « Nous avons la conviction profonde que le Gicam vivra »

Emmanuel Wafo : « Nous avons la conviction profonde que le Gicam vivra »

(Investir au Cameroun) - Une assemblée générale constitutive (AG) de l’entité née de la fusion entre le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam) est prévue le 14 décembre 2023 au siège du Gicam. Le président du Gicam, Célestin Tawamba, a formellement convié les membres de cet organisation patronale à cette AG. Selon le chronogramme, l’AG élective de la nouvelle entité patronale devrait intervenir au plus tard en mars et mettra fin au processus de fusion. Tête de proue d’une frange du Gicam opposée depuis le début à cette initiative, Emmanuel Wafo, directeur général de Mit Chimie, va-t-il prendre part à cette AG constitutive ? Va-t-il adhérer à cette nouvelle organisation patronale ou a-t-il un autre projet en tête ? Le président de la Commission de l’économie et développement de l’entreprise au Gicam répond à ces questions et à bien d’autres dans cette interview exclusive.

Investir au Cameroun : Le président du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), Célestin Tawamba, convie les membres du Gicam à l’assemblée générale (AG) constitutive de l’entité née de la fusion entre le Gicam et Ecam, prévue le 14 décembre 2023. Allez-vous prendre part à cette réunion ? Sinon pourquoi ?

Emmanuel Wafo : Nous vous remercions pour votre démarche qui nous donne l’opportunité de nous exprimer à nouveau sur cette affaire. Nous avons effectivement appris qu’une AG constitutive a été convoquée, il ne s’agit évidemment pas du Gicam. Les membres du Gicam qui partagent notre vision, notre méthode et notre engagement sont conscients des enjeux et des manœuvres en cours visant à tromper leur vigilance. Nous restons sereins, et appelons les uns et les autres à la responsabilité et au respect des textes de notre organisation, afin de préserver notre patrimoine historique.

IC : Vous avez promis de vous résoudre au choix de la majorité des membres du Gicam à l’issue de l’assemblée générale du 11 juillet 2023. Et au cours de cette AG, le projet de fusion entre le Gicam et Ecam a été adopté à 73,7%. Pourquoi continuez-vous donc à vous opposer à la volonté de la majorité des membres du Gicam ?

EW : Nous tenons à dire merci à tous les membres du Gicam qui nous ont soutenus dans cette démarche, jusqu’au jour du vote. Oui, nous avons promis de respecter l’expression de la volonté de la majorité, nous y tenons toujours. Il va de soi que la majorité, c’est-à-dire 75% des voix, permettant le passage en force souhaité par l’exécutif actuel du Gicam, n’est pas atteinte. Nous réitérons donc, à l’attention de monsieur le président actuel du Gicam, l’appel au respect des textes qui lui avait été lancé par le Comité des sages depuis le 19 juillet 2023. Nous devons donc apprendre à dépasser nos égos au profit de l’intérêt général. Car, le non-respect des textes ou des statuts est une mauvaise habitude de certains citoyens de mon pays.

IC : N’y a-t-il pas aussi quelque chose de personnel dans votre obsession ? On sait que vous ambitionnez de diriger le Gicam. Et en remettant en scène Célestin Tawamba, la fusion ne fait pas vos affaires. N’est-ce pas cela qui vous motive en réalité ?

EW : Il importe de relever que dans la vie de tout homme l’ambition est légitime. Et le temps que nous avons passé au sein de cette organisation nous autorise à envisager toutes les possibilités sur cette question. Cependant, à titre personnel, monsieur Wafo Emmanuel n’a aucune obsession. Comme le montre notre parcours pour lequel nous n’avons rien à cacher : ce que je suis, je l’ai bâti jour après jour, pierre sur pierre. Notre combat est celui de la promotion d’un certain nombre de valeurs : l’éthique, le respect de la parole donnée, le respect de la chose publique, le respect des ainées, etc.

IC : Le projet de statut qui devrait être soumis à l’adoption des membres lors de l’AG constitutive affirme qu’en décidant de voter pour la fusion, les membres du Gicam ont dissout sans liquidation cette organisation. Dans une correspondance datée du 19 juillet 2023, le président du Comité des sages a signifié au président du Gicam que la majorité de 73,7% n’était pas suffisante pour approuver pareille modification. Mais, le processus se poursuit. Même la sensibilisation menée auprès des autorités ne semble non plus l’arrêter. Que vous reste-t-il pour vous faire entendre dans ce dossier ?

EW : Ce projet de statuts que vous évoquez ne concerne ni le Gicam, ni ses membres. Nous observons comme vous que des démarches sont menées en dépit de toutes les alertes. Ce n’est pas la première fois. En effet, vous vous rappelez que les mêmes acteurs, suite à leur incapacité de monter une liste pour compétir légalement en 2008, à l’effet de prendre la tête du Gicam, avaient entrepris de créer un mouvement patronal. Vous savez très bien que cette montagne avait finalement accouché d’une souris. Le président actuel avait dû rebrousser chemin, et les portes de la maison Gicam ne lui avaient pas été fermées. La preuve est qu’il en est le président depuis deux mandats. En ce qui nous concerne, nous n’entendons pas les laisser conduire notre mouvement dans un trou sans rien faire. Nous continuons les discussions avec les membres pour les sensibiliser.

IC : Plusieurs procédures sont en cours devant les tribunaux de Douala visant à interrompre ce processus. Où en sont-elles ?

EW : Nous voulons préciser ici que les démarches judiciaires en cours ont été engagées avec pour seul et unique objectif de faire manifester la vérité. Nous n’y avons ni renoncé, ni désisté. Nous faisons confiance à la justice de notre pays, pour mettre fin à toutes ces violations des textes du Gicam. En prenant appui sur l’avis du Comité des sages, nous appelons les uns et les autres à conformer leur conduite et leurs actes à notre loi commune.

IC : La mise en place de la nouvelle organisation est prévue pour s’achever au plus tard en mars 2024, avec l’élection de ses dirigeants. Au rythme qu’évolue ces procédures, ne craignez-vous pas que les décisions de justice interviennent trop tard ?

EW : La justice a son temps, les décisions de justice n’arrivent jamais trop tard. Une nouvelle organisation qui bafoue les lois et les règlements ressemble à un immeuble qui se construit sur du sable mouvant. La Justice tranchera. 

IC : Vous vous êtes toujours dit favorable au regroupement du patronat. Et les promoteurs du projet de fusion expliquent qu’il n’y avait que la fusion-création pour garantir une meilleure représentativité des différentes catégories d’entreprises, mettre l’entreprise en avant et non plus la corporation des patrons, garantir une représentativité régionale au sein du conseil d’administration et élargir l’organisation à d’autres catégories socioprofessionnelles comme les groupes d’initiative commune. Est-ce que tout ceci n’est pas plus important que le label Gicam que vous tenez absolument à préserver ?

EW : Il va de soi que, comme toute organisation humaine, le Gicam est à parfaire continuellement. En revanche, le Gicam a construit sa crédibilité et son attractivité sur les valeurs de l’attachement indéfectible vis-à-vis des autorités publiques en place, le respect de ses membres et le respect des ainés. L’appartenance au Gicam n’a jamais exclu les différences professionnelles. Les tenants de la fusion essaient, depuis le début, de caricaturer et exacerber les différences de statut avec pour intention claire d’alimenter la délation et les conflits, au détriment du dialogue et la conciliation. D’ailleurs, nous avons la conviction profonde que le Gicam vivra, et que les soubresauts actuels seront dépassés.

IC : Si malgré tout, la nouvelle organisation patronale finit par voir le jour. Allez-vous y adhérer ou avez-vous un autre projet en tête ?

EW : Pour le moment, nous restons et demeurons membres du Gicam. Votre question trouvera réponse dans un futur proche. En attendant, nous poursuivons le combat de la défense du Gicam.

IC : Également opposé au projet de fusion actuel, l’avocat d’affaires Jacques Jonathan Nyemb, membre du conseil d’administration du Gicam, s’est lancé dans une vaste réflexion sur la « refondation du patronat ». Est-ce une dynamique à laquelle pourriez-vous vous associer ?  

EW : Maitre Jonathan Nyemb est un avocat brillant. Il est aussi une voix dissonante. C’est la preuve que le combat pour la défense du Gicam est mené de façon différente par d’autres membres du Gicam, avec leurs moyens et leur argumentaire. Ce n’est donc pas l’affaire du seul Wafo Emmanuel comme certains essaient de le laisser croire.

Interview menée par Aboudi Ottou

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