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Yaoundé - 29 avril 2024 -
Mines

Fer de Mbalam-Nabeba : sans faits d’armes, les nouveaux partenaires du Cameroun sont en plus accusés de roublardise

Fer de Mbalam-Nabeba : sans faits d’armes, les nouveaux partenaires du Cameroun sont en plus accusés de roublardise

(Investir au Cameroun) - Après la signature, le 25 juin 2021, d’un mémorandum d’entente (MoU) entre l’État du Cameroun et les entreprises AustSino et Bestway Finance Ltd, pour la construction du chemin de fer de plus de 500 km entre Mbalam et le port en eau profonde de Kribi, la réaction de Sundance Resources ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué publié ce 27 juin 2021, la junior-minière australienne, qui peine depuis plus de 10 ans à développer le gisement de fer de Mbalam-Nabeba, à cheval entre le Congo et le Cameroun, accuse implicitement AustSino et son partenaire Bestway Finance Ltd de roublardise.

« Nous sommes choqués par ces derniers développements, notamment parce qu'une société australienne (avec des actifs chinois, NDLR) – AustSino – que nous avons introduite dans le projet de minerai de fer de Mbalam-Nabeba, tente de profiter de l'expropriation illégale des actifs de Sundance sur le minerai de fer », éructe Giulio Casello, le CEO de Sundance Resources. « C'est l'hôpital qui se moque de la charité », estime un observateur du secteur. Ce dernier fait observer « qu’en terme de roublardise Sundance est un maitre, depuis près de 20 ans », en référence notamment au fait que l’entreprise australienne a tiré des dividendes à partir des permis miniers obtenus du Cameroun et du Congo sans pour autant développer le projet.

Mais, l’ancien partenaire de Sundance (AustSino) et son allié (Bestway) sont-ils vraiment différents ? Depuis la signature du MoU du 25 juin 2021, au Cameroun, des interrogations fusent sur les capacités réelles d’AustSino et Bestway à pouvoir réaliser le chemin de fer Mbalam-Kribi, et à développer subséquemment le projet minier de Mbalam-Nabeba, qui intègre également la construction d’un terminal minéralier au port de Kribi et de la mine de Mbalam. Ces interrogations se fondent essentiellement sur les états de service d’AustSino dans le développement des projets miniers.

Des curiosités à la pelle

En effet, sur le site internet de cette junior-minière, qui a été visiblement construit en 2021, l’on découvre qu’AustSino, qui a été radié de la bourse australienne en décembre 2020, détient un seul actif minier en Australie (Peak Hill Iron Project). Son rapport d’activités au 30 septembre 2020 mentionne exclusivement l’évolution des négociations entamées en 2018 avec Sundance Resources (qui seront interrompues le 12 novembre 2020, NDLR) sur le projet de Mbalam-Nabeba. Le rapport de trésorerie, sur la même période, mentionne des dépenses apparentées à celles de certaines start-ups. « La société a effectué des paiements de 177 000 $ (environ 65 millions de FCFA) à des parties liées, comprenant le paiement des honoraires d'administrateur et de conseil aux administrateurs … La société a payé environ 88 000 $ (environ 48 millions de FCFA) en dépenses d'exploration au cours du trimestre s’achevant au 30 septembre 2020 », découvre-t-on dans ledit rapport.

En plus de ces curiosités, qui laissent interrogateur sur cette entreprise appelée à participer à un projet nécessitant des investissements globaux aujourd’hui évalués à 5500 milliards de FCFA, son partenaire financier, Bestway Finance Ltd, ne laisse pas moins songeur. En effet, cette holding financière, basée à Hong-Kong, a à peine un an d’existence, puisqu’elle a été créée en juin 2020. Quelques mois plus tard, à travers Sangha Mining Development Limited, ce nouveau-né reprenait les actifs de Congo Iron (filiale congolaise de Sundance Resources) sur le projet minier de Mbalam-Nabeba.

Ce scénario rappelle celui de Geovic, une junior-minière americano-canadienne, qui a longtemps entretenu l’espoir d’exploiter le gisement de nickel, cobalt et manganèse de Nkamouna, à l’Est du Cameroun, projet toujours en berne depuis 2013. Il en est ainsi également de la société américaine Hydromine, qui, au début des années 2000, ambitionnait d’investir 5 000 milliards de FCFA sur le gisement de bauxite de Minim-Martap, dans la partie septentrionale du pays. Face à son incapacité, le gouvernement camerounais a dû, en juillet 2018, se résoudre à transférer les permis sur ce projet minier à l’Australien Canyon Resources. Après l’épisode Sundance Resources sur le projet de Mbalam-Nabeba, qui n’a certainement pas été le plus glorieux du secteur minier au Cameroun, s’achemine-t-on vers un scénario identique avec le tandem AustSino-Bestway ?

Brice R. Mbodiam  

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