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Yaoundé - 08 mai 2024 -
Mines

Exploration du rutile d’Akonolinga : pourquoi le Français Eramet abandonne le projet, après 4 ans de recherche

Exploration du rutile d’Akonolinga : pourquoi le Français Eramet abandonne le projet, après 4 ans de recherche

(Investir au Cameroun) - Pour des « raisons économiques et environnementales », le géant minier abandonne le projet d’exploration du rutile d’Akonolinga au Cameroun. « À la suite de quatre années de recherche au Cameroun sur le bloc rutilifère d’Akonolinga, Eramet a décidé en octobre 2023 de ne pas poursuivre le projet. Les études de faisabilité ont révélé que les rationnels économiques n’étaient pas atteints pour soutenir un projet industriel responsable et rentable », annonce le groupe dans un communiqué publié jeudi 26 octobre 2023 sur son site Internet.

Eramet, qui détient plusieurs permis sur ce site, explique que, du fait de l’étendue, la faible teneur en rutile et la faible épaisseur du gisement, son exploitation exigerait des investissements « très élevés », accentués par le coût de la gestion des eaux et des ultrafines pouvant impacter l’environnement. « Aucun investisseur n’est prêt à injecter 180 millions d’euros (plus de 118 milliards de FCFA) dans un projet pour n’en gagner que 30 millions (moins de 20 milliards de FCFA) en cinq ou six ans », affirme Loïse Tamalgo, administrateur général d’Eramet Cameroun et délégué général du groupe en Afrique, dans des propos rapportés par le quotidien à capitaux publics Cameroun tribune.

Selon ce dernier, les près de 2 000 sondages réalisés sur le site ont permis de conclure que seulement « un quart » des ressources identifiées présente une teneur suffisante pour une exploitation rentable économiquement. Le groupe français prévoyait en effet d’exploiter 100 000 tonnes de rutile par an pendant 20 ans. Mais au final, il s’est avéré que l’on ne peut qu’en tirer à peine 35 000 tonnes par an, selon le ministre des Mines par intérim, Fuh Calistus Gentry, également cité par le média public.

L’Etat promet de poursuivre le projet

Dans son communiqué, Eramet indique également que l’exploitation du gisement créerait un « risque trop élevé » pour les écosystèmes et le cadre de vie des populations locales, ce qui ne permet pas la mise en place d’un « projet industriel responsable ». Le groupe n’est pas sûr que l’eau qui va être rejetée en phase d’exploitation sera propre et que les populations seront à l’abri des ravages que cela pourrait entraîner. « Personne ne nous le pardonnerait ni au Cameroun ni ailleurs », déclare Loïse Tamalgo.

Au regard de tout cela, le groupe a préféré ne pas poursuivre le projet. Suite à cette décision, la société précise qu’elle accompagne la fermeture de ses activités d’études à Akonolinga sur le plan social et environnemental (réhabilitation des sites d’exploration) et restitue l’ensemble des permis à l’État camerounais, ainsi que les échantillons et toutes les connaissances techniques, environnementales et sociétales acquises.

L’usine pilote d’essai baptisée « Mbappe », conçue pour le traitement du rutile sur le site, sera proposée à un euro symbolique au gouvernement camerounais, apprend-on. En outre, les équipes seront « démobilisées dans le cadre d’un plan social progressif et négocié ». Eramet s’engage par ailleurs « à laisser un impact local positif à Akonolinga, via le financement d’un programme sociétal permettant de valoriser un projet de développement local, conformément à ses engagements au niveau global », peut-on lire dans le communiqué.

La décision du groupe a été entérinée par le gouvernement qui félicite le groupe pour cette démarche de transparence. Mais à en croire le ministre des Mines, le Cameroun va poursuivre le projet, mais en l’ajustant. « Nous allons redimensionner le projet et voir comment en tirer 10 000 tonnes de minerais par an, avec une entreprise de moindre envergure », assure le membre du gouvernement.

Patricia Ngo Ngouem

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