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Yaoundé - 09 mai 2024 -
Santé

Production des médicaments : Africure asphyxié par un redressement fiscal d’un milliard, des impayés et un incendie

Production des médicaments : Africure asphyxié par un redressement fiscal d’un milliard, des impayés et un incendie

(Investir au Cameroun) - Africure Pharmaceuticals Cameroon (APC) est en difficulté. Depuis le 5 février 2023, l’unité de production de médicaments a subi un incendie qui a endommagé l’un des deux blocs de production. Un seul bloc fonctionne, mais pas à sa capacité maximale, confie le Dr Prosper Hiag. Le président du conseil d’administration de l’entreprise (PCA) estime le coût de cet incident à un milliard de FCFA. Depuis neuf mois, il s’active avec ses partenaires indiens pour relancer la production. Sur le site de l’entreprise à Yassa, à l’entrée Est de Douala, la capitale économique du Cameroun, des équipes sont à l’œuvre pour réinstaller de nouvelles machines. Les responsables de l’entreprise projettent la reprise du fonctionnement optimal de l’usine en décembre prochain.

À en croire Dr Hiag, la production a démarré en 2019 avec en moyenne 200 millions de comprimés, gélules, sirop secs, fabriqués par an. Ce qui représentait 20% de la production annuelle de l’usine estimée à un milliard de comprimés. L’usine, précise-t-il, a d’ailleurs augmenté le nombre de références passant de 15 au démarrage à une soixantaine à ce jour. Mais au moment où survient l’incendie, cet élan, explique le Dr Hiag, était déjà freiné par des impayés de l’État. À ce jour, l’entreprise réclame à la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables médicaux essentiels (Cename) 400 millions de FCFA.

En effet, l’État à travers Cename est le principal client d’APC pour ce qui est des médicaments essentiels servis dans les hôpitaux. Depuis 2019, « l’État peine à payer ses factures auprès de notre entreprise, et cela réduit notre marge de manœuvre auprès de nos fournisseurs », se plaint le Dr Hiag. Selon ce dernier, cette situation est relative aux difficultés financières de la Cename. L’organisme public, qui importait des médicaments pour une quinzaine de milliards de FCFA en 2011, n’a dépensé que 3 milliards sur le marché local en 2020.

En réalité, malgré le discours sur l’import-substitution et la nécessité de promouvoir la production locale, le Cameroun continue d’importer chaque année plus de 90% de ses besoins en médicaments, pendant que les producteurs locaux se partagent à peine 8 milliards de FCFA, d’un marché estimé à plus de 125 milliards de FCFA. Le 1er octobre 2021, lors d’une rencontre avec le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atanga, la présidente de l’Association des industries du médicament, Loe Gisèle Etame, avait affirmé que les unités de production locales ne tournent qu’à peine 20% de leurs capacités.

Redressement fiscal d’un milliard de FCFA

« L’industrie pharmaceutique doit s’appuyer sur la commande publique faite par la Cename sous la tutelle du ministère de la Santé publique et du ministère des Finances sur le plan financier. S’il n’y a pas cette commande, il n’y a presque pas de production », explique le promoteur d’APC. « On ne peut pas développer l’industrie locale en autorisant une centaine d’exportateurs de médicaments ». Pour l’ancien président de l’Ordre des pharmaciens du Cameroun, l’État ne fait donc pas assez pour soutenir l’industrie pharmaceutique locale qui relève pourtant d’un domaine sensible et stratégique.

Alors qu’APC peine à recouvrer ses créances, l’entreprise vient de subir un redressement fiscal. D’après son promoteur, estimé à un milliard de FCFA, il est relatif au droit d’accises sur les emballages non retournables, institué dans la loi de finances 2018. Elle dispose en son article 142-9 qu’il est appliqué un droit d’accises spécifique de 5 FCFA par unité d’emballage non retournable. « Mais notre compréhension était qu’il fallait payer 5 FCFA par boite de médicaments et avons payé régulièrement de 2019 à 2021. Mais à notre grande surprise, le fisc nous a dit que ce n’est pas ça et qu’il faut payer par plaquette et sur trois exercices, cela fait 1 milliard de FCFA ». Pour le PCA d’APC, cette taxe n’est pas favorable à l’industrie pharmaceutique, parce qu’elle représente 10% du chiffre d’affaires de l’usine.  

L’entreprise, qui reste confiante pour l’avenir au regard du potentiel du marché, appelle les pouvoirs publics à revoir certaines dispositions fiscales dans le secteur de l’industrie pharmaceutique, pour créer de la valeur locale en promouvant l’import-substitution. Inaugurée le 21 février 2018 par le Premier ministre, Philemon Yang, l’unité de production de APC a coûté environ 5 milliards de FCFA.

Frédéric Nonos

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