(Investir au Cameroun) - Dès 2023, l’État du Cameroun devra payer l’énergie électrique produite par la centrale hydroélectrique de Nachtigal (420 MW) même si elle n’est pas consommée, a-t-on appris d’un document officiel. Ces pénalités financières, selon la même source, ont été introduites afin de soutenir le modèle économique des investisseurs.
Et ce scénario semble de plus en plus possible au regard du retard pris par le pays dans la réalisation des travaux préalable à l’injection de l’électricité produite à Nachtigal dans le réseau. Il s’agit notamment de la rénovation et le renforcement du réseau de transport d’électricité, de la connexion entre les réseaux interconnectés sud (Ris), nord (Rin) et est (Rie), de l’extension du réseau jusqu’au Tchad, qui souhaite importer l’électricité du Cameroun.
Un projet monté à cet effet, doté d’un budget de 375 millions $ (plus de 246 milliards de FCFA) depuis 2017, peine à avancer. Selon le rapport d’avancement des travaux publié, le 1er avril 2021, seulement 19,15 millions $ avaient été décaissés au 15 mars dernier, soit seulement 5,9% du montant global disponible. On apprend aussi que depuis le début du projet, 83,2 millions $ de contrats ont été passés et seulement 11,4 millions $ ont été effectivement décaissés.
Le gouvernement évoque aujourd’hui la situation du Covid-19 et son impact sur la chaine d’approvisionnement international des biens et des services. Mais avant 2020, très peu de choses avaient évolué. « Dans l’ensemble, le démarrage de la mise en œuvre a été lent, notamment en raison du processus de passation des marchés prolongé pour les équipements clés et des retards dans la préparation et la finalisation des plans de réinstallation pour l’indemnisation des personnes affectées par le projet », peut-on lire dans le document. À 19 mois de la clôture du projet, il n’est pas certain que celui-ci sera porté à son terme dans les délais.
Au-delà des pénalités que pourrait payer l’État du Cameroun, les retards de ce projet compromettent les ambitions énergétiques du pays. Eneo, concessionnaire unique de la distribution de l’électricité, a pris plusieurs engagements en termes de dettes bancaires et d’investissements, dans l’espoir que les problèmes de transport seront réglés dans les délais prévus.
Mais Nachtigal Hydro Power Company (NHPC) pourrait ne pas livrer la centrale hydroélectrique à temps. Alors que date de livraison était prévu en 2023, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, parle désormais d’un « début de la production en mars 2023 ». Il faut dire que le chantier a été perturbé par de nombreuses grèves et est perturbé par la pandémie de Covid-19. D’ailleurs, en 2020, NHPC, qui a dû suspendre le chantier de construction de la centrale hydroélectrique du fait du Covid-19, a notifié à Eneo un cas de force majeure, selon son directeur général d’Eneo, Éric Mansuy.
Idriss Linge