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Yaoundé - 08 mai 2024 -
Finance

Marché des titres publics de la Beac : après trois échecs, le Cameroun tente de nouveau de lever 25 milliards FCFA

Marché des titres publics de la Beac : après trois échecs, le Cameroun tente de nouveau de lever 25 milliards FCFA

(Investir au Cameroun) - Le Cameroun retourne cette semaine sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) avec l’intention de mobiliser 25 milliards de FCFA. Selon le tableau de bord hebdomadaire des opérations de ce marché, le pays émettra ce 5 avril, des bons du Trésor assimilables (BTA) d’une maturité de 26 semaines.

Cette opération se tiendra dans un contexte où le pays essuie des échecs sur ce marché depuis le début de l’année. La semaine dernière, le Trésor camerounais n’a obtenu que 10 milliards FCFA sur deux émissions par adjudication dont des BTA de 26 semaines et des obligations du Trésor assimilables (OTA) de 3 ans. Le pays espérait pourtant mobiliser sur ces deux instruments, respectivement 10 milliards et 20 milliards de FCFA. 

Cette contre-performance est la 3e que le Cameroun enregistre sur ce marché en l’espace de deux mois. Après l’insuccès de sa première émission d’obligations du Trésor de l’année, effectuée le 6 mars 2023, au terme de laquelle seulement 50% de l’enveloppe recherchée a été mobilisé, le pays a essuyé un second revers le 13 mars en ne percevant que 5 milliards de FCFA sur 15 milliards recherchés.

Cette situation s’explique par le fait que depuis le début de cette année, les banques, principaux intervenants sur ce marché, sollicitent des niveaux de rendement plus élevés que par le passé. En janvier 2023, par exemple, le coût moyen des BTA souscrits par le pays était de 4,39% contre 2,94% à la même période en 2021. Le Cameroun est pourtant un émetteur de dette de référence dans la Cemac et n’a enregistré aucun défaut de paiement depuis le début de ses opérations.

Conséquence de la politique monétaire

L’exigence des investisseurs est corrélée au resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale. Depuis le 21 février, la Beac a suspendu ses opérations d’injection hebdomadaire de liquidités et accentue les ponctions dans les coffres forts des banques avec deux opérations de reprises par semaine. Dans la même lancée, le Comité de politique monétaire de la Beac a, le 27 mars dernier, décidé de relever pour la 4e fois, depuis décembre 2021, ses taux directeurs pour juguler l’inflation projetée à 6,4% cette année. Le taux d’intérêt des appels d’offres (Tiao) est ainsi passé de 4,5% à 5% ; tandis que le taux de la facilité de prêt marginal est passé de 6,25% à 6,75%. Ces décisions visent à réduire la liquidité en la rendant plus coûteuse pour les agents économiques (les États compris). 

L’autre explication de ce durcissement des conditions de financement sur le marché des titres publics de la Beac, c’est la trop forte concentration par les banques commerciales des titres publics émis par les États. En fait, les banques ont la capacité d’intervenir directement sur le marché primaire pour acheter ces titres. Mais selon leurs cahiers de charges, elles ont l’obligation de céder au moins 30% de leur portefeuille de titres sur le marché secondaire, celui auquel ont accès les acteurs non bancaires. Mais sur ce marché, les banques se cèdent entre elles les titres et impliquent très peu les acteurs non bancaires. Ce qui commence à peser sur leur capacité d’intervention. À fin janvier 2023, elles concentraient 77,7% de l’encours des dettes des États contre seulement 2,2% pour les personnes physiques et 15,3% pour les investisseurs institutionnels (fonds de pension, assurances…).

En restant sur cette dynamique d’échec, le Cameroun mobilisera difficilement l’intégralité des 450 milliards de FCFA prévus dans la loi de finances de cette année pour financer son déficit.

Cédrick Jiongo 

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