(Investir au Cameroun) - Dans un entretien publié dans la récente Lettre de recherches de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), le Congolais André Mialou, économiste sénior au Fonds Monétaire international (FMI), donne son appréciation sur l’inclusion financière dans la zone Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad).
Selon l’expert, il est important de souligner « qu’une augmentation rapide de l’accès aux services financiers pourrait entraîner une instabilité financière si elle n’est pas suivie d’une réglementation appropriée ». Il prend l’exemple de la croissance du mobile money et des innovations associées. Pour lui, ce moyen d’inclusion financière dans la sous-région devrait être accompagné de réglementations adéquates permettant de surveiller l’exposition des fonds des clients aux risques de défaut et de liquidité (perte de fonds stockés et incapacité des prestataires de services à honorer des demandes de retrait de fonds à la demande).
Il ajoute : « Un autre aspect extrêmement important est de s’assurer que la stratégie d’inclusion financière sous-régionale retenue par la Beac prévoit des dispositions efficaces de collecte des données d’inclusion financière suffisamment granulaires pour couvrir l’ensemble des dimensions de l’inclusion financière avec des ventilations appropriées par secteur, type de produit financier, etc. ». Car, d’après lui, c’est sur la base de la qualité des données collectées que les quantitativistes de la Beac pourraient se pencher sur la production d’indices composites d’inclusion financière qui permettraient à la banque centrale de suivre les progrès accomplis en matière d’inclusion financière dans ses États membres.
Dans le même temps, il suggère à la banque centrale de faire le monitoring étroit des zones de vulnérabilité potentielle en se servant des sous-indices dimensionnels. Il conclut : « il est absolument important de s’assurer que la stratégie d’inclusion financière sous-régionale retenue par la Beac comprend un volet important sur la collecte des données ».
Selon la banque centrale, l’inclusion financière demeure un défi majeur pour la Cemac en raison d’un faible accès et d’une faible utilisation des services financiers de base, matérialisés notamment par une couverture géographique bancaire qui reste limitée, avec 2,1 agences et environ 3 distributeurs automatiques de billets pour 100 000 habitants. Ce qui est faible en comparaison avec la moyenne des pays en développement qui se situe à 19,6 guichets automatiques pour 100 000 habitants.
Par ailleurs, la Beac fait état d’un accès au financement bancaire très circonscrit. Car, le nombre d’emprunteurs ne représente qu’à peine 2,5% de la population adulte, contre 6% en moyenne en Afrique subsaharienne. Dans le même temps, le taux de bancarisation moyen est encore réduit, soit 14,6% contre une moyenne de 34,2% en Afrique subsaharienne.
S.A.